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"Sien, un village à l’épreuve du développement »

Publié le lundi 13 février 2006 à 07h29min

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« Sien, un village à l’épreuve du développement » : c’est le titre d’un ouvrage de 117 pages qui vient de paraître aux éditions l’Harmattan, réalisé par deux Burkinabè, Patrice Toé et Diè Martin Sow. Le premier est enseignant-chercheur à l’Institut du développement rural (IDR) de l’Université polytechnique de Bobo-Dioulasso.

Le second, consultant, économiste de formation fut directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, et fonctionnaire de la BAD. La préface est de André Nyamba, sociologue, enseignant chercheur à l’université de Ouagadougou, maître de conférences.

Les auteurs ont placé leur ouvrage sous le thème général de « L’éveil des campagnes africaines ». L’étude prend à témoin la rigueur du chercheur. Il embrasse les aspects anthropologiques, écologiques, sociologiques, historiques et économiques pour fixer les contours de l’engagement pour le développement d’un village nommé Sien, dans la province du Nayala, département de Toma. Tel que présenté par les auteurs du livre, Sien reste fondamentalement semblable à tous les autres villages africains dans sa monographie, son organisation socio-économique, son univers cosmique authentique. Mais il a résolument pris en main son destin et décidé d’assumer l’actualité de l’histoire.

Tout part de l’Association pour le développement de Sien (ADESI), une initiative lancée en 1970 par les ressortissants vivant en Côte d’Ivoire, soutenue en cela par ceux de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

A l’heure actuelle, l’ADESI « regroupe toute la population de Sien, résidente comme non résidente », avec des sections à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Dédougou, Koudougou et en Côte d’Ivoire. L’objectif c’est bien entendu le développement du village. A l’origine, ayant voulu faire « face à la dégradation de son environnement, à la désertification et à l’exode rural croissant des jeunes, la population de Sien s’est mobilisée pour trouver des solutions ». Tous les membres de l’ADESI versent dans la caisse de l’association une cotisation annuelle variant selon le statut socioprofessionnel.

L’ouvrage de Toé et Sow est révélateur : Sien avec l’ADESI, ce sont des acquis de taille aux plans organisationnel, infrastructurel, des équipements, des échanges internes et externes, du partenariat national et international. C’est l’unité et la solidarité acquises. Il y a un comité de jumelage par lequel il est membre de l’Association internationale des cités unies et des villes jumelées depuis 1997.

Avec les villes d’Aukrug (Allemagne) et celle de La Motte Carvolex (France), le Rotary club de Neumester, Sien entretient de fructueuses relations de coopération qui lui ont permis d’avoir des forages, un barrage, une banque de céréales, un centre pour jeunes, des espaces boisés, une librairie et une cantine scolaire.

Le village, catholique à presque 100%, a longtemps bénéficié des œuvres et du soutien de l’église. Le partenariat qu’entretiennent de concert le village et l’ADESI est très ouvert. L’ADESI reste un soutien valorisant des structures techniques de l’Etat que sont les directions régionales (agriculture, élevage, santé, environnement). La population a mis en place des comités spécialisés dans les actions pour le développement.

L’alphabétisation des adultes y est réalité comme l’éducation des jeunes filles dont plus d’une cinquantaine ont pu bénéficier d’allocations financières pour leur scolarité trois années durant. Les femmes de Sien confectionnent des étoffes teintes qu’elles vendent aux villages voisins. Elles gèrent des moulins. La population à l’occasion est solidaire dans des travaux d’intérêt commun, la réalisation de projets divers. Il existe aussi un système rotatif de labour collectif des champs des membres.

Le livre de Toé et Sow est riche en données. Tous deux natifs de Sien, ils ne se sont pourtant pas laissés berner par le sentimentalisme. Leur souci de produire scientifique force l’attention. Ils ont saisi ce coin d’Afrique dans sa dynamique autogérée de modernisation. Ce livre restera un exemple, une base de données, une référence pour chercheurs, étudiants, techniciens, élus du peuple, gouvernementaux, enseignants, etc.

Face au processus de communalisation intégrale du Burkina Faso, ce livre dont l’université de Bobo-Dioulasso peut s’enorgueillir nous suggère que Sien part déjà « gagnant » pour avoir assis des bases structurelles qui soutiendront son possible statut future de commune.

Jean Luc BONKIAN
Sidwaya

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