La population burkinabè compte environ 20 505 155 habitants à majorité jeune, avec près de 80% qui ont moins de 35 ans et 68,44% qui vivent en milieu rural. Ces jeunes vivant loin des centres urbains sont pour la plupart dans des sous-emplois précaires. Cette situation les expose aux aléas de la vie et à toutes les tentations. En effet, l’étude sur les indicateurs du secteur Travail, emploi et protection sociale réalisée en 2020 par la Direction générale des études et des statistiques sectorielles (DGESS) du ministère en charge de l’emploi a révélé que 80,1% des jeunes travaillant à leur propre compte en milieu rural gagnent un revenu mensuel inférieur au SMIG. Cela signifie que la majorité des emplois occupés sont des emplois précaires. De même, la faible pluviométrie que connaît notre pays (4 mois de pluie en moyenne par an) engendre une situation de sous-emploi chez les jeunes vivants en milieu rural.

Dr Boubakar Savadogo, ministre des sports, de l’emploi et de la jeunesse

A cela, il faut ajouter le fait que les jeunes ruraux sont faiblement instruits et peu informés sur les opportunités pouvant améliorer leur employabilité et sont les plus exposés aux influences négatives des groupes armés.

Jusque-là, l’Etat n’avait pas encore pu trouver un dispositif efficace permettant d’apporter un appui conseil et des orientations précises à ces jeunes et ce malgré la décentralisation.

C’est dans cette optique que le gouvernement du Burkina Faso, à travers le département ministériel de la jeunesse, a proposé cette initiative appelée « Référent-opportunité-insertion ». L’objectif général du présent atelier d’échanges est de mobiliser les parties prenantes autour de l’initiative « Référent - opportunités – insertion » pour procéder à son lancement officiel qui se tiendra au lendemain de l’atelier le samedi 17 juin 2023.

Photo de famille

Cette initiative permettra de faciliter la mise en place d’un dispositif d’accueil, d’orientation, de sensibilisation et d’appui conseil au profit des jeunes vivant en milieu rural dans les 302 communes rurales en collaboration avec les délégations spéciales et des partenaires techniques.

Ce dispositif permettra ainsi de favoriser l’appropriation par les collectivités territoriales des compétences transférées en matière de jeunesse, d’emploi et de formation professionnelle ; faciliter l’accès des jeunes aux informations sur les opportunités socio-économiques et professionnelle ; offrir des services d’accompagnement de proximité aux jeunes vivant en milieu rural ; promouvoir la pratique des sports et des loisirs en milieu rural. De façon concrète, il s’agira de former et d’installer des personnes au sein des communes qui vont appuyer, conseiller et orienter les jeunes vers les opportunités d’insertion.

L’atelier regroupe les jeunes et les présidents des délégations spéciales de 77 communes rurales venues des régions de la Boucle du Mouhoun, des Cascades, des Hauts-Bassins et du Sud-ouest. Les travaux vont permettre d’échanger sur cette initiative, d’en avoir une compréhension commune et une approche consensuelle pour assurer son opérationnalisation.

Moumouni Dialla, président du Conseil national de la jeunesse du Burkina

Le ministre des sports, de l’emploi et de la jeunesse Dr Boubakar Savadogo a invité les participants à des échanges francs, sincères et constructifs, pour qu’au sortir de cet atelier, ils puissent disposer d’une feuille de route claire et d’un guide compris et partagé pour l’opérationnalisation effective de cette initiative. Il a également invité les partenaires techniques et financiers à accompagner le ministère pour que cette initiative soit une réalité dans les 302 communes rurales du Burkina Faso.

Pour Moumouni Dialla, président du Conseil national de la jeunesse du Burkina, c’est une excellente initiative d’autant plus que la jeunesse souffre aujourd’hui surtout sur le plan de l’insertion socio-professionnelle. « Pour nous s’il y a un dispositif qui permet à tous les jeunes de se renseigner mais aussi d’avoir les bonnes informations pour prendre leur envol, ça pourrait réduire la précarité de la jeunesse, réduire le chômage. Le côté le plus intéressant et le plus important ici c’est la prise en compte de la jeunesse en milieu rural. C’est une jeunesse qui manque d’opportunités et d’informations. Donc je pense qu’avec ce dispositif, la jeunesse du milieu rural pourra avoir les bonnes informations pour créer son chemin et surtout éviter de se faire enrôler par les forces du mal » a laissé entendre Moumouni Dialla. Il a également émis le souhait que l’initiative puisse aller jusqu’au bout, être pérennisée et que toutes les communes soient prises en compte dans le dispositif.

Vue des participants

Il sera fait au cours de la journée une présentation de l’initiative « Référent - opportunités – insertion » suivie d’échanges, des panels sur les opportunités d’insertion des jeunes en milieu rural, un panel sur la culture de la paix, la citoyenneté et le vivre ensemble ainsi qu’un panel de haut niveau sur le thème général suivi d’échanges entre les participants et les ministres de la jeunesse, et de l’agriculture, le représentant du ministre de l’environnement, la représentante résidente du PNUD et le conseiller spécial chargé des questions juridiques à la Primature.

Haoua Touré
Lefaso.net