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Burkina/Agriculture : « Il est très difficile pour qu’un paysan laisse ce qu’il connaît pour ce qu’il ne connaît pas », témoigne Abdoul-Barry Sarba, technicien agronome à l’INERA

Publié le mercredi 14 juin 2023 à 22h50min

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Burkina/Agriculture : « Il est très difficile pour qu’un paysan laisse ce qu’il connaît pour ce qu’il ne connaît pas », témoigne Abdoul-Barry Sarba, technicien agronome à l’INERA

A l’orée de la campagne saisonnière où l’on parle de préparation des terres avant la saison, comment se fait cette préparation, quelles sont les variétés de semences à privilégier en fonction des zones de culture, quelle est l’expertise qu’un agronome peut apporter à un paysan pour une campagne saisonnière réussie ? Ce sont, entre autres à ces questions que le technicien agronome de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), Abdoul-Barry Sarba, a répondu dans cette interview qu’il a accordée à Lefaso.net.

Lefaso.net : Avant de rentrer dans le vif, dites-nous-en quelques mots, qu’est-ce qu’un agronome et quel est son champ d’expertise ?

Abdoul-Barry Sarba : Un agronome, c’est celui qui a étudié l’agronomie. C’est-à-dire, la science de l’agriculture et il est différent d’un agriculteur qui est lui un praticien. Son expertise, c’est d’apporter des conseils avisés aux producteurs, notamment sur le choix des semences, en tenant compte du type de sol qu’il a et de la pluviométrie de sa zone d’intervention, et comment faut-il cultiver pour avoir un bon rendement. En résumé, l’agronome est plus dans l’appui conseil que dans la pratique, et il appuie le producteur durant les campagnes saisonnières et même après.

Nous sommes à l’orée de la campagne saisonnière où on parle beaucoup de préparation des terres. En quoi cela consiste-t-il ?

Au préalable pour qu’un producteur puisse avoir un bon rendement, cela commence par la qualité de la semence qu’il choisit. C’est-à-dire qu’il doit avoir une semence saine qui a un bon pouvoir de germination et par la suite, il faut qu’il fasse d’abord le labour, amende le sol après les premières pluies, en attendant les autres pluies pour commencer les semailles. Parlant de l’amendement du sol, cela consiste à apporter du fumier organique au sol afin de le rendre riche avant de semer les graines.

Il est prévu cette année selon l’ANAM une installation pluviométrique normale à tardive dans la zone sahélienne et soudano-sahélienne, et de fin de saison normale à précoce dans la zone soudanienne. En fonction de ces informations, que conseilleriez-vous comme cultures à privilégier dans les différentes zones en fonction de ces prévisions pluviométriques.

Dans les zones sahéliennes et soudano-sahéliennes, les producteurs doivent vite semer, en utilisant des variétés de cycle court vue que la pluviométrie est pour la plupart du temps capricieuse dans ces zones. Et à la matière, ils peuvent se référer à l’INERA qui propose des semences améliorées de cycle court pour tous les types de cultures, et en fonction des zones d’intervention. Concernant la zone soudanienne, les producteurs sont plus chanceux, parce que, la pluviométrie est moins capricieuse et ils peuvent pratiquer la polyculture. C’est-à-dire, mettre ensemble plusieurs cultures dans le même champ et cela leur permet de récolter différentes cultures dans un même champ, mais de savoir qu’est-ce qui marche le plus afin de se concentrer sur celle -ci pour les prochaines saisons.

Revenons à la question des semences améliorées. On remarque qu’il y a une multitude de variétés qui sont développées, mais qui ne sont pas beaucoup utilisées par les paysans. Qu’est-ce qui peut expliquer cette réticence vis-à-vis de ces semences améliorées ?

Effectivement, on a une grande quantité de semences améliorées, mais qui ne sont pas beaucoup utilisées par les producteurs. Et je pense que cela peut se justifier d’abord, par le coût élevé des semences qui ne sont pas toujours à la portée des paysans. L’autre justification peut être aussi le manque d’information concernant les semences améliorées, parce que les paysans sont beaucoup réticents sur tout ce qu’ils ne connaissent pas. Ils n’aiment pas utiliser ce qu’ils ne connaissent pas. Ils préfèrent les semences qu’ils connaissent bien, et c’est très difficile qu’ils laissent ce qu’ils connaissent pour utiliser ce qu’ils ne connaissent pas. Et ce que l’INERA a trouvé comme alternative, c’est que les chercheurs partent dans les villages et font des champs témoins pour qu’ils voient eux-mêmes et c’est à travers cela qu’ils arrivent à les amener à utiliser ces semences améliorées. Mais le vrai problème de la valorisation des semences améliorées reste la communication et il faut trouver des moyens pour parler de ces variétés de semences améliorées aux paysans.

On sait que l’INERA développe beaucoup de semences améliorées et on parle également de changements climatique où la pluviométrie est beaucoup capricieuse. Y-a-t-il des variétés mises en place pour y faire face ?

Effectivement, il y a plusieurs types de variétés qui ont été développées à cet effet et sont tolérantes au stress hydrique et qui ont un cycle court. Ces variétés arrivent à convenir dans les pluviométries capricieuses, mêmes les plus courtes. On peut prendre l’exemple du maïs. Aujourd’hui on a des maïs de deux mois et dans les autres types de cultures également cela existe et qui permet à chaque producteur de chaque zone du pays d’avoir une solution à son problème de culture.

Votre mot de fin ?

Ce que je peux dire, c’est que l’agriculture représente aujourd’hui un vaste domaine qui génère beaucoup d’argent et le salut de plusieurs Burkinabè, notamment de la jeunesse, peut venir de là. C’est un secteur d’avenir et si on se donne à cœur joie, on ne regrette jamais. C’est pourquoi, j’invite surtout les jeunes à se lancer dans le domaine qui a encore beaucoup à donner à ce pays.

Yvette Zongo
Photos et vidéo : Ange August Paré
Lefaso.net

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