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CAN 2004 - Étalons du Burkina Faso : le paradoxe burkinabé

Publié le jeudi 22 janvier 2004 à 14h40min

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Malgré une présence constante en phase finale, les Étalons n’ont pas encore connu les joies de l’accession au second tour hors de leur base. Serait-ce pour cette fois ci ?

Arrivé sur la scène des phases finales de CAN en 1996, après une longue période d’hibernation de 18 ans, on dirait que le Burkina Faso, dès qu’il a pris goût à cette compétition, ne peut plus s’en passer.

La preuve ? Les Étalons sont à leur 5è participation consécutive à une phase finale. On se rappelle que pour sa 1ère présence à ce niveau en 1978 au Ghana- sous le nom de Haute Volta- il a bénéficié du fait que le Mali et la Côte d’Ivoire se sont neutralisés sur tapis vert.

Les Voltaïques avaient dû, à l’époque, effectuer le dur apprentissage de la compétition en se faisant laminer par les anglophones- Zambiens, Nigérians, Ghanéens. Cette phobie du football anglais se manifesta encore lors du retour du Burkina Faso en 1996 à Bloemfontein face à la Sierra Leone et la Zambie( encore) avant que l’Algérie ne lui donne le coup de grâce.

L’exception 98

Il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier a-t-on coutume de dire. Aussi les Burkinabé, pour bien figurer, organisent la compétition. Sous la férule de l’entraîneur français Philippe Troussier, qui a de bonnes sensations du football africain, les Étalons prouvent que leur foi pouvait bousculer, même, les hiérarchies bien établies.

Avec un team composé d’éléments expatriés sans renom tels Seydou Traoré, Narcisse Yaméogo, Rahim Ouédraogo, Mamadou Tall et autres Sanou Firmin le Burkina Faso creusa son sillon jusqu’en demi-finale.

La Guinée et l’Algérie feront les frais du football volontaire et enthousiaste que les Étalons pratiquèrent lors des matchs de poule. Puis ce fut au tour de la Tunisie de s’effacer, en quart de finale à l’issue de l’épreuve des tirs au but. Les poulains de Troussier ne s’inclinèrent qu’en demi finale contre l’Égypte, qui remporta d’ailleurs le trophée, avant de céder la 3è place, à l’issue de l’épreuve des tirs au but, aux Simba de la RD Congo contre lequel ils ont mené 3/1 jusqu’à la...87è minute.

Ambivalence

Après cet intermède heureux, les Étalons du Burkina Faso n’ont plus brillé en phase finale malgré une présence continue. Les deux éditions, qui ont suivi Ouaga 98, ont prouvé à suffisance que les Étalons, en 2000 comme en 2002, calaient toujours dès qu’il s’agissait de s’extraire des matchs de poule.

A Kaduna s’ils relevèrent (cette fois) la tête contre les Zambiens, ils furent -par contre- débordés par les... Sénégalais et les Égyptiens. En 2002, chez nous, ils ont commencé par faire illusion contre les Bafana-Bafana à Ségou pour ensuite perdre pied face au Maroc et au Ghana.

Il faudra poser un jour la question de savoir qu’est ce qui rend les Burkinabé si brillants en matchs de qualification et paradoxalement si ternes en phase finale ? En tout cas c’est cette ambivalence qui explique peut être tout le mérite de leur parcours qualificatif pour cette édition 2004.

Dans un groupe 4 composé du Mozambique, de la Centrafrique et du Congo-Brazza, le Burkina Faso a effectué un bon parcours, avec 4 victoires, 1 nul et une défaite. Mais surtout, il a marqué 12 buts contre 1 seul encaissé. Les Étalons, comme le prouvent ces résultats se sont révélés solides en défense et redoutables sur le plan offensif. Sans doute, l’arme Moumouni Dagano, qui commence à faire des étincelles au sein de l’attaque guingampaise après s’être fait un nom en Belgique, a bien fonctionné.

Politique des jeunes

Les échecs en phase finale des Étalons ne sauraient masquer, encore une fois, le mérite de leur présence continue à ce stade de l’épreuve. Là-dessus tous les observateurs s’accordent à y voir l’implication de leur pouvoir public dans la promotion du football. Convaincues que celui-ci ne saurait se développer sans un investissement à la base, les autorités du pays s’étaient déjà lancé dans une politique de promotion des jeunes footballeurs à travers la création, en 1994, d’un centre de formation de jeunes footballeurs dénommé "Planète champion".

Ce sont les jeunes formés dans ce centre qui ont permis au Burkina Faso de rentrer dans la cour des grands en compétition de catégorie d’âges. Là, les Étalons n’auront pas mal aux chevilles devant leurs adversaires. Cela est corroboré par les parcours des cadets et juniors en coupe d’Afrique des nations et en coupe du Monde. En Novembre dernier aux Émirats Arabes Unis, les Étalons juniors dominèrent leur poule, au contraire de leurs aînés. Ils seront éliminés en huitième de finale , battus par le Canada 1-0 .

Dans le ghota des classes d’âge

Le fil qui conduit à ce parcours honorable des juniors est à rechercher dans les prouesses réalisées par l’EN cadette finaliste de la CAN aux Seychelles en 2001 et demi-finaliste du Mondial de la catégorie à Trinidad et Tobago la même année. Deux ans plus tard, ce sont les mêmes jeunots qui gagneront leur billet pour les EAU en se hissant en demi finale de cette 13è CAN junior organisée à domicile avant de terminer à la 4è place. On se souvient que ce sont nos Aiglons amenés par Drissa Diarra "Badiè" qui les privèrent de podium à l’issue du match de classement.

Si certains parmi cette jeune phalange ont trouvé grâce aux yeux de l’entraîneur français Jean-Paul Rabier, c’est tout simplement parce que le football de catégorie d’âges du Burkina Faso marque des points sur l’échiquier international. Cela crée forcement une filière vers le professionnalisme avec comme portes d’entrée la Belgique surtout, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et le Portugal.

Nos confrères du magazine Afrique football dénombrent plus d’une dizaine de joueurs Burkinabé évoluant dans ces championnats européens et dont la majeure partie à été retenue pour disputer cette 24è édition de la CAN.

Jeunesse et détermination

Les Étalons ont toujours puisé dans ce vivier que constitue les jeunes issus de "Planète champion". Dans ce registre on peut citer Wilfried Sanou- le jeune et bouillant attaquant du SC Fribourg où il est le coéquipier de nos compatriotes Soumaïla Coulibaly et Boubacar Diarra, Boureïma Maïga du KSC Lokeren ou Toussaint Natama du KVC Westerlo (Belgique)- Madi Panintiguiri que les Girondins de Bordeaux ont engagé.

Ce qui fait la force des Étalons, c’est la jeunesse de l’effectif dont la moyenne d’âge n’excède pas 22 ans. Elle permet à l’équipe de développer un jeu collectif enthousiasmant capable de soumettre à rude épreuve n’importe quel adversaire. Les poulains du technicien français Jean-Paul Rabier, savent parfois développer un football rapide même si par moment ils pêchent par maladresses au niveau de leur ligne d’attaque dont le duo Moumouni Dagano-Amadou Touré constitue le fleuron le plus complémentaire.

De plus les Étalons ont toujours su faire montre de détermination, de courage et surtout de combativité à tel point que "même s’ils tombent ils gardent leurs armes à la main". C’est ainsi que Philippe Troussier, l’entraîneur qui leur a fait frôler les cimes, les a dépeints.

Si l’on juge par sa présence régulière sur la scène africaine ces derniers temps et les qualités citées plus haut, l’objectif des Étalons ne sera rien d’autre que de se qualifier à l’issue des matchs de poule. Et comme ils n’ont rien à perdre, c’est ce qui rend l’outsider de cette poule B dangereux même si le Sénégal et le Mali jouent aux favoris.


Liste des 22 joueurs Gardiens : Abdoulaye Soulama (ASFB) , Mohamed Kaboré (EFO), Daouda Compaoré (ASFA).

Défenseurs : Amadou Coulibaly (RCB), Mahamoudou Kéré (Charleroi), Lamine Traoré (RSC Anderlecht), Moussa Ouattara (Créteil), Madi Panintiguiri (Bordeaux), Rahim Ouédraogo (FC Twente).

Milieux : Amadou Touré (Mons), Bébé Kambou (Louhans-Cuiseaux), Ousmane Traoré (EFO), Tidiane Tall (USMB), Moussa Traoré (ASFA), Amara Ouattara (RCB), Liadé Gnonka Jean-Michel (Algérie).
Attaquants : Moumouni Dagano (Guingamp), Tanguy Barro (Niort), Patrick Zondi (KSC Lokeren), Dieudonné Minoungou (FC Tours), Toussaint Natama (KVC Westerlo), Abdoulaye Cissé (Montpellier).

Entraîneurs : Jean-Paul Rabier (France), Franck Tanasi, Laurent Ouédraogo, Joseph Ouattara (Burkina Faso).

L. DIARRA
L’Essor du Mali (http://www.essor.gov.ml/sem/cgi-bin/view_article.pl?id=6005)

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