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Burkina Faso : Une éducation à double vitesse

Publié le mercredi 14 janvier 2004 à 07h03min

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L’éducation burkinabè est en perte de vitesse. Le niveau de
l’enseignement baisse. Telles sont les observations qui sont
régulièrement faites sur le système éducatif du Burkina Faso.
On remarque de plus en plus une baisse générale de niveau
chez les apprenants.

Cette situation peut s’expliquer par
beaucoup d’éléments, à commencer par le manque de moyens
alloués par l’Etat à l’éducation, le manque d’enseignants, les
effectifs pléthoriques. Face à cette situation, l’Etat a le devoir et
l’obligation de réagir pour donner au système éducatif le
dynamisme requis. Pourtant, rien ne semble être fait à cet effet.

Au contraire, on assiste, à l’image de la société elle-même, à
une montée en force d’une éducation à double vitesse. D’un
côté, les meilleures écoles, très chères et inaccessibles à la
majorité. De l’autre côté, les écoles des pauvres. Là, passent
les enfants du plus grand nombre de Burkinabè. Elles sont le
lieu de tous les problèmes : des effectifs à faire peur aux
enseignants, qui du reste, ne sont jamais au complet, le
manque de documents didactiques et pédagogiques, etc.

Evidemment, dans de telles conditions, on ne peut vraiment
parler de démocratisation de l’école burkinabè. La question de
qualité, au regard de ce qui se fait, ne semble pas trop
préoccuper les dirigeants qui s’attellent avant tout à relever les
taux d’alphabétisation et de scolarisation. Conformément à cet
objectif, le ministère en charge de l’éducation a ordonné en
début d’année l’inscription obligatoire des enfants en âge de
scolarisation, surtout celle des filles. Une telle décision est
forcément à saluer.

Seulement, on peut se demander si elle a
été suivie de mesures d’accompagnement idoines. Il aurait
fallu que l’Etat ouvre plus d’écoles et recrute davantage
d’enseignants. Sinon, la mesure pourrait apparaître comme
une annonce politicienne et irréaliste. Si un enseignant doit se
retrouver avec une classe de 120 élèves, autant dire qu’il n’a
aucune possibilité de les suivre individuellement.

Parmi les
actions des autorités tendant à monter leur volonté de prendre
en compte la question du relèvement du niveau, de l’éducation,
figure le bilinguisme. L’éducation bilingue est présentée
comme une alternative crédible au problème de qualité dans le
système éducatif. Elle a l’avantage, dit-on, de permettre à
l’enfant de commencer sa scolarité dans une langue qu’il
comprend déjà.

Selon ses adeptes, cette méthode pédagogique développe
chez l’élève l’amour de l’étude, l’attachement à l’école et à ses
camarades. En outre, elle peut être au jeune écolier d’un appui
solide. A ce titre, l’option de démarrer le cursus scolaire par
l’enseignement d’une langue maîtrisée par l’apprenant est un
fondement essentiel de l’apprentissage et de l’éducation. Du
reste, les chantres de la négritude défendaient déjà cette thèse.

En apprenant aux enfants à écrire et à lire dans les langues
nationales sans pour autant renoncer aux langues
internationales, ils apprennent à bien connaître leur culture
avant de s’ouvrir au reste du monde. Cette politique apporte du
crédit à nos langues, les rend plus opérationnelles, assurant
ainsi leur survie et partant les cultures qu’elles véhiculent.

Autrement dit, il s’agit là de la meilleure façon de défendre nos
cultures, chose sans laquelle jamais aucune indépendance
politique, aucun développement ne peut être possible.
Mais, il importe que la promotion du bilinguisme s’appuie sur
des méthodes pédagogiques mûries et conçues par des
spécialistes de l’éducation avec le soutien des politiques. Elle
ne doit pas être laissée entre les mains d’amateurs. C’est à
cette condition et au vu de ses résultats sur le terrain que
l’éducation bilingue pourra conquérir l’enthousiasme qui lui
manque tant actuellement.

En effet, de nombreuses personnes,
au stade actuel des choses, ne cachent pas leur méfiance et
leur scepticisme à l’égard de l’enseignement bilingue qu’ils
accusent à tort ou à raison d’être un système conçu pour les
pauvres et le milieu rural et non pour promouvoir la réussite
scolaire.

Le Pays

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