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Ramadan 2019 à Ouagadougou : Les musulmans célèbrent l’Aïd-el-fitr sous le signe de la paix et de la tolérance religieuse

Publié le mardi 4 juin 2019 à 23h40min

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Ramadan 2019 à Ouagadougou : Les musulmans célèbrent l’Aïd-el-fitr sous le signe de la paix  et  de la tolérance religieuse

Après un mois de pénitence, de prières et d’adorations soutenues, les fidèles musulmans du Burkina ont célébré l’aïd-el-fitr ou la fête de Ramadan, le 4 juin 2019. A Ouagadougou, des milliers de fidèles musulmans ont convergé dès 8h vers la Place de la Nation pour effectuer la grande prière qui marque la fin du mois de jeûne. C’était sous la direction de Mohamadi Tiémtoré, imam de la grande mosquée de Ouagadougou.

La place de la Nation, site d’accueil pour cette grande prière de la fête l’Aïd-el-fitr, a quasiment refusé du monde, en cette matinée du mardi 4 juin 2019. Les fidèles musulmans ont convergé à la place de la Nation pour prendre part à la grande prière qui marque la fin du jeûne à travers la célébration de la fête l’aïd-el-fitr ou fête de Ramadan. Ce, après un mois de pénitence, de prières et de vénérations.

le Mogho Naaba et quelques membres du gouvernement

Autorités administratives, politiques et coutumières (dont le Mogho Naaba, chef suprême des Mossé), premiers responsables de la communauté musulmane du Burkina et autres anonymes étaient présentes pour rendre grâce à Allah de leur avoir permis de voir ce jour béni. Le cardinal Philippe Ouédraogo, accompagné d’une forte délégation, était présent pour présenter les vœux de l’Eglise catholique à l’ensemble de la communauté musulmane. Une action appréciée par l’imam Tiemtoré. S’appuyant sur cet exemple fort de la communauté chrétienne, il a encore rappelé la nécessité de la cohésion, de la tolérance et de la fraternité avec « nos frères » des autres communautés. Une occasion saisie par de nombreux fidèles pour exprimer leur solidarité avec leurs frères catholiques.

L’imam Mohamdi Tiémtore en train de lire le sermon

Ainsi les fidèles veulent faire comprendre à ceux qui veulent jouer et tirer sur la fibre religieuse pour diviser les Burkinabé que c’est peine perdue. Les Burkinabè ne tolèreront aucun acte tendant à remettre en cause leur vivre-ensemble. Ce geste de la communauté catholique au Burkina est devenu une coutume depuis des années. Ce qui témoigne sans doute de la vitalité des relations de cohabitation entre les communautés du Christ et de Mohamed au pays des Hommes intègres.

En effet, juste après, la prière des deux rakats qui marquent la fin du Ramadan, l’imam Tiémtoré, dans son sermon, a imploré Allah afin que le Burkina connaisse davantage de paix et de cohésion sociale. Et surtout en ce début de saison pluvieuse, il a supplié Allah à travers des invocations soutenues de gratifier le pays d’une saison pluvieuse abondante.

La délégation catholique conduite par Le Cardinal Phillippe Ouédraogo.

Il n’a pas manqué d’invoquer Allah d’accorder la force et la sagesse nécessaires aux gouvernants dans leur lourde tâche de conduire le Burkina vers un avenir lumineux. Aux fidèles musulmans, l’imam Mohamadi a rappelé que les prières et autres bonnes actions pour renforcer la cohésion sociale ne doivent pas prendre fin avec la fin du Ramadan. Au contraire, elles doivent être démultipliées pour resserrer les liens de fraternité entre les Burkinabé afin de barrer la route à ceux qui veulent les diviser.

Toujours dans son prêche, il a exhorté les fidèles musulmans de prendre exemple sur la vie du prophète Mohammed à travers les relations qu’il entretenait avec d’autres communautés et faire en sorte que l’acte que chaque fidèle posera puisse concourir à cimenter l’unité et la cohésion sociale. Ils les a invités aussi au partage et surtout à éviter les excès.
A la fin de la prière, les fidèles musulmans ont regagné leurs domiciles pour poursuivre la fête.

Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net


Encadré
Propos d’autorités politiques et religieuses

Alassane Bala Sakandé, président de l’Assemblée nationale

A cette célébration qui marque la fin des trente jours de jeûne, nous souhaitons que les prières qui ont été invoquées pendant ce jeûne, puissent contribuer à ramener la paix au Burkina Faso. Faire en sorte que les Burkinabè puissent vivre en parfaite symbiose. Comme nous l’avons dit, notre pays est aujourd’hui attaqué de toutes parts et nous prions pour que toutes les communautés puissent continuer à vivre ensemble.

Nous profitons aussi pour lancer un message à toute la population, que nous soyons Mossi, Dioula, Samo, Peul ou Dafin , de savoir ce qui fait de nous des Burkinabè. Nous devons nous mettre tous ensemble sans distinction de communauté et d’ethnie afin de lutter contre le seul ennemi du Burkina Faso qui est aujourd’hui le terrorisme. Nous prions Allah de bénir notre pays et aussi pour une bonne saison pluvieuse.

Christophe Dabiré, Premier ministre du Burkina Faso

Je voudrais au nom du gouvernement saluer l’ensemble de la communauté musulmane qui célèbre aujourd’hui la fête de Ramadan. Le gouvernement est venu participer à cette prière pour montrer la communion que nous avons avec nos frères musulmans. Nous avons aussi la participation de son éminence, le cardinal Philippe Ouédraogo, ce qui montre que toutes les communautés religieuses de ce pays sont en communion pour que notre pays puisse avancer vers le développement.

Les prières qui ont été faites, les bénédictions pour l’ensemble des membres du gouvernement, pour le pays sont pour que la paix revienne au Burkina. Je suis convaincu qu’avec nos frères musulmans qui n’ont cessé de prier pour le pays et qui continuent de le faire pour que notre vivre-ensemble qui a été mis à mal par le terrorisme, par le délitement de la cohésion sociale, que notre pays retrouve le calme et la sérénité pour le grand bonheur des enfants de ce pays.

Son Eminence le cardinal Philippe Ouédraogo

Nous sommes venus au nom de la communauté catholique pour leur souhaiter la bonne fête. C’est une fête très importante pour eux et pour nous aussi car comme disent les Mossé, « ce qui appartient au marigot appartient aux caïmans ». C’est notre fête à nous tous et le Saint-Père a envoyé un message spécial et le message qu’il adresse à nos frères musulmans et aux chrétiens ensemble, c’est de promouvoir la fraternité humaine universelle. C’est le thème du message que le Saint-Père a donné.

Partant de là, je souhaite que chrétiens et musulmans, nous puissions ensemble abattre les murs de l’ignorance, les murs de la violence, les murs de la haine, les murs des incompréhensions et bâtir des ponts d’amitié, de fraternité, de compréhension et de tolérance. C’est en substance le message que le pape nous donne.

Il nous invite à construire ensemble un pont de fraternité humaine. Ensemble, détruisons les murs qui nous éloignent les uns des autres et construisons des ponts qui nous unissent ensemble dans le dialogue. Nous devons construire donc une société de justice, de paix, une société fraternelle, voilà ce que nous souhaitons à nos frères musulmans. Et que le seigneur bénisse leur communauté et le Burkina Faso.

Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement

Aujourd’hui, c’est un jour béni. Le mois de Ramadan est un mois de sacrifice, d’amour, de pardon et de solidarité. Il a été caractérisé par le jeûne, la prière et l’aumône. Quand vous arrivez à couvrir les trente jours et vous atteignez le jour de la prière, il faut remercier Allah. Ce que je voudrais souhaiter à la communauté musulmane du Burkina Faso et à la communauté musulmane du monde entier, c’est que tout le monde vive dans la paix, la sécurité, la confiance, la convivialité et la sérénité.

Je voudrais implorer Dieu le tout-puissant qu’il éclaire les gouvernants actuels du Burkina Faso pour qu’ils conduisent le Burkina Faso et les Burkinabè à la réconciliation nationale, que les Burkinabè se réconcilient entre eux, que le Burkina Faso se réconcilie avec lui-même pour que la paix, la stabilité, la sécurité, la sérénité, le vivre-ensemble deviennent quelque chose au quotidien au Burkina Faso et se renforce.

Et comme vous savez, nous sommes à quelques semaines de l’hivernage et je voudrais implorer Allah, le tout-puissant pour qu’il donne une pluie abondante aux 80% de Burkinabè que sont les paysans dans notre pays pour qu’ à la fin de la saison pluvieuse, nous ayons des récoltes abondantes. Que Dieu protège le Burkina Faso.

Propos recueillis par Issoufou Ouédraogo.

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