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UEMOA : Une intégration à pas trop mesurés

Publié le vendredi 18 mars 2005 à 06h35min

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Niamey, la capitale nigérienne, accueille pour la seconde année consécutive, le sommet des chefs d’Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Ce rendez-vous marque le 11e anniversaire de l’Union et surtout l’an 1 du mandat du président de la commission, Soumaïla Cissé.

Le successeur de Moussa Touré a la lourde mission de coordonner le processus d’intégration régionale qui, malgré tout le bien qu’on en dit, ne suscite pas moins des interrogations dans sa mise en oeuvre.

Trop lent pour les uns, laxiste pour les autres. Pour les chantres de l’intégration régionale, les vrais, pas ceux qui sont embarqués dans un processus qu’ils ne maîtrisent pas, une nouvelle dynamique s’impose. Il faut un réel engagement des Etats dans la mise en oeuvre des politiques sectorielles et le respect strict des directives de l’Union.

La commission dénonce très peu les manquements et les chefs d’Etats ont du mal à rappeler à l’ordre les brebis galeuses en leur sein. Une forme d’impunité dont l’objectif est de préserver la cohésion des membres. La conséquence inévitable de cet état d’esprit est que la locomotive UEMOA avance lentement. Prenons le chantier qui, à nos yeux, est la base même de l’Union : la libre circulation des biens et des personnes.

Certains pays membres n’ont pas encore ratifier le texte, donnant ainsi libre cours à des tracasseries de toutes sortes sur les citoyens de la zone. La liberté de circulation des personnes demeure une victoire à conquérir complètement car sans elle, la libre circulation des biens, des services et des capitaux et le droit à l’établissement ne sont que de vains mots. Ce sont des étapes à parachever pour atteindre l’objectif du marché commun dans lequel chaque pays, en fonction de ses potentialités, peut tirer son épingle de jeu.

Le tarif extérieur commun (TEC) est effectif depuis 2000, sans pour autant doper les échanges inter-Etats. Pourtant les produits de l’agriculture, de l’élevage, de l’artisanat et les produits industriels originaires agréés circulent en principe en franchise totale de droits et de taxes d’entrée. Les mêmes Etats qui ont signé ces textes ne veillent pas suffisamment à leur application, abandonnant producteurs et commerçants au racket des policiers, douaniers et autres forces publiques. Des entraves graves à l’esprit de l’Union.

Mais grande est la menace à venir. La politique industrielle commune qui est en train d’être mise en oeuvre à travers le Programme d’appui au renforcement du secteur industriel (PARI II) risque d’être un échec s’il n’y a pas un sursaut de la part des dirigeants des Etats de l’Union. Les frontières de l’Union sont poreuses et des produits extérieurs au territoire de l’Union régionale entrent massivement par le biais de la fraude. Pire, la contrefaçon de certains produits manufacturés de l’Union est devenue un business florissant. L’on est amené à se demander que font nos Etats face à cette menace .

En même temps qu’ils doivent travailler à l’intégration économique régionale, ceux-ci doivent faire face à l’arrimage de la zone à l’économie mondiale. C’est l’audacieux pari que les Etats membres de l’UEMOA doivent relever s’ils ne veulent pas transformer le territoire de l’Union en un marché de consommateurs pour l’Occident et pour les autres entités économiques. Le programme qualité conduit par la commission est en cela un test important dans la mesure où il vise le renforcement des capacités des entreprises et des laboratoires de l’Union .

Il devra aboutir à la mise en place d’un schéma d’harmonisation des activités d’accréditation, de certification, de normalisation et de métrologie pour favoriser les échanges avec l’extérieur et améliorer la compétitivité des produits "made in UEMOA". Mais encore faut-il que les Etats s’approprient tous les outils mis à leur disposition. C’est une question de survie.

Le Pays

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