LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Tribune de la femme : Récupération de résidus de coton, lorsque les hommes s’en mêlent…

Publié le jeudi 14 février 2013 à 00h39min

PARTAGER :                          
Tribune de la femme : Récupération de résidus de coton, lorsque les hommes s’en mêlent…

Le coton, communément appelé l’or blanc, fait vivre plus de quatre millions de Burkinabè. Sont de ceux-là, les femmes « récupératrices » de résidus de coton. Mais aujourd’hui, des hommes leur disputent « ces résidus » sur le terrain. Parce que le marché est florissant.

Installées à la sortie de Bobo-Dioulasso route de Banfora, elles occupent leurs journées à l’achat de résidus de coton. Qui servent d’aliments bétail pour la plupart après le tri ou le tamisage. « Récupération de résidu de coton : ces femmes qui se débouillent », titrions-nous le 2 février 2012, soit une année en arrière sur la bravoure de ces femmes récupératrices de résidus de coton.

Aujourd’hui, l’implication ou l’intermédiation des hommes dans le « deal » rend le marché plus compliqué. En effet, les femmes n’achètent plus directement les résidus, mais sont obligées de passer par ces hommes. Ils semblent, à en croire les récupératrices, détenir le monopole de l’achat et vente du résidu. Salimata Ouédraogo, la cinquante d’années, raconte qu’elle est installée sur le site situé près de l’usine Bobo 1 de la Sofitex depuis 1998. A l’époque, la récupération de résidu de coton n’était pas bien appréhendée par les populations, encore moins par les hommes. Tôt le matin, elle venait investir les lieux avec d’autres femmes.

« Nous achetions le résidu avec la Sofitex. Le chargement des camions communément appelé 10 tonnes nous coutait entre 15 000FCFA et 20 000FCFA. Après avoir déchargé, des femmes m’aident au tri, puis au tamisage moyennant une rémunération », se souvient-elle. La récupération de résidu de coton, révèle-t-elle avec sincérité, était une activité rentable. « J’ai mené cette activité pour m’occuper de ma famille, la scolarité de mes enfants et bien d’autres obligations familiales.

Elle marchait très bien et j’étais vraiment heureuse. J’ai conseillé beaucoup d’autres femmes et filles à s’y lancer », dit-elle. Des conseils qui ne sont sans doute pas tombés dans l’oreille de sourd. Nombre de femmes, à l’image de Ramata Domba, Awa Kindo, Djénéba Ouattara…, dès le démarrage de la campagne cotonnière sont au four et au moulin. Malgré les maladies telles que la toux, le rhume, les bronchites, les maux de dos, de cœur…, elles s’activent ardemment dans l’espoir d’avoir des billets de banque. « Nous commençons le matin à 8h pour finir à 17h », indique Ramata Domba.

Un bébé au dos, Djénéba confie qu’elle fait la récupération à contrecœur. Son époux n’aime pas la voir dans ces situations, mais les moyens manquent pour répondre à toutes les exigences familiales. Outre elle et certainement bien d’autres, les premières responsables du domaine ne se plaignent pas trop. Sauf, bien entendu, de la récupération de l’activité par les hommes.

« On nous a interdit l’accès de l’usine… »

Si les femmes se plaisaient bien dans la récupération de résidu de coton, les choses commencent à se compliquer pour elles, depuis peu. Des hommes ont pris les rênes dans l’achat des résidus de coton. « Avant, nous rentrions dans l’usine pour acheter. Mais on l’a interdit. Ils permettent juste aux hommes d’y avoir accès. Nous sommes donc obligées de racheter le chargement de camion avec eux pour le nettoyer avant de le revendre », a laissé entendre Salimata Ouédraogo. Elle doute fort d’une complicité dans ce changement soudain. « Je pense que c’est une magouille entre des responsables de l’usine et ces hommes qui nous volent le marché », suppose-t-elle.

Cette situation amène certaines récupératrices à se rendre jusqu’à l’usine de Banfora pour acheter du résidu. Celles qui n’ont donc pas ces moyens financiers se voient obligées de se soumettre au diktat des hommes. De 15 000FCFA à 20 000FCFA, le chargement de résidu de coton est passé au double. « A cause des hommes », s’indigne une jeune récupératrice.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique