Tentative de putsch : déclaration conjointe d’associations de la société civile
Le 12 novembre 2003 à 8h30, une délégation conjointe des organisations de la société civile été reçue à sa demande par le Commandant Traoré Abdul Karim entouré de ses collaborateurs Ouédraogo Adama et Yaméogo Raogo.
Elle était composée de :
Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT)
Cercle d’Eveil (CEDEV)
Ligue africaine pour la transparence démocratique (LIATD)
Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS)
Mouvement de la Paix/Burkina (MP/B),
Les cinq (5) organisations de la société civile ont longuement échangé avec le commandant Traoré et ses collaborateurs et émis le souhait de rendre visite à toutes les personnes détenues dans le cadre de la présumée tentative de putsch afin de toucher du doigt les points suivants :
l. l’état de santé des détenus
2. les conditions de détention.
Le commandant s’est félicité de la demande et a marqué son accord. Ainsi, la délégation s’est rendue à la gendarmerie nationale pour la visite. Ce fut une visite guidée en compagnie du commandant Traoré et ses collaborateurs et du capitaine Somé Armand Dubois, commandant du GMO, assisté de son équipe.
Les délégués des cinq (5) organisations ont pu ainsi rendre visite aux seize (16) inculpés.
1. De l’état de santé des inculpés
L’état de santé des détenus est le suivant. Huit (8) se portent bien et huit (8) sont actuellement malades dont un cas grave ayant nécessité une hospitalisation (Philippe Minoungou). Les sept (7) autres cas sont traités par l’infirmerie de la gendarmerie ou référés au médecin requis ou à d’autres spécialistes(cas du commandant Poda qui devait consulter un ophtalmologue pour des maux d’yeux). Les maladies rencontrées sont diverses : paludisme, maux de tête, maux d’yeux, maux de dents, diabète, maux de ventre...
2. Des conditions de détention
Les conditions de détention sont acceptables mais peuvent être améliorées (voir suggestions).
Tous les 16 détenus ont déclaré n’avoir pas subi de torture physique, à l’exception du Sergent Kambou Jean-Claude qui dit avoir subi de mauvais traitements durant sa détention à Kaya.
Selon les personnes interrogées, l’alimentation est jugée plus ou moins acceptable. Toutefois certaines d’entre elles reçoivent de la nourriture de leurs familles et déclarent en être satisfaites.
Les visites des familles sont en principe autorisées à la condition d’obtenir un permis de communiquer délivré par le juge d’instruction ; la visite a permis à la délégation de constater que l’information sur ce point n’as pas touché les intéressés, ce qui a eu pour conséquence de priver la plupart des détenus de bénéficier de ce droit.
Chaque détenu occupe une chambre aux conditions modestes mais normales à notre entendement (douche, toilette, ventilateur, matelas sans drap,...).
Aucun détenu n’est ni menotté, ni attaché
Tous étaient sans drap ni couverture ni moustiquaire et ont émis le vœu de pouvoir en disposer pour se protéger du froid et des moustiques
Certains se sont plaints de leur enfermement permanent et ont exprimé le souhait de voir de temps en temps leurs cellules ouvertes pour leur permettre de se livrer à des exercices de maintien physique
La dernière étape de la visite guidée fut à l’hôpital Yalgado où la délégation s’est rendue pour voir le lieutenant Minoungou Philippe. La délégation l’a trouvé dans un état de conscience claire. Le médecin traitant était déjà rentré. Il était en compagnie de son épouse et de son avocat. La délégation a conversé avec lui pendant environ 10 mn. Il a dit qu’il souffre du diabète selon son médecin et il ne se savait pas malade avant son arrestation. Il a reçu le souhait de prompt rétablissement de la délégation.
La visite a pris fin aux environs de 13h30mn, soit 5 heures de visite guidées aux détenus. Avant de se séparer avec l’autorité judiciaire, la délégation a fait quelques suggestions :
L’amélioration de la restauration
La dotation des détenus en couvertures et moustiquaires
L’amélioration de la communication entre les détenus, le personnel de surveillance et la hiérarchie
La facilitation dans la délivrance des permis de communiquer entre les détenus et leurs familles
La célérité dans la procédure judiciaire en cours
Assurer aux détenus l’assistance de conseils
Accorder aux détenus de pouvoir faire des exercices physiques de maintiens, et d’avoir accès à la lecture notamment aux journaux.
L’autorité judiciaire a souhaité que toutes nos suggestions lui soient transmises pour examen..
La délégation des cinq (5) organisations de la société civile a remercié les autorités judiciaires militaires pour leur disponibilité, la franchise et l’entretien de la coopération.
La délégation souhaite que ses suggestions puissent rencontrer l’assentiment du juge d’instruction.
Ont signé :
ACAT, la présidente : Mme Lucienne Zoma
CEDEV, le président : M. Evariste Faustin Konsimbo
LIATD, le secrétaire général : Louis Nama
MBEJUS, le président : Alexandre Ouédraogo
MP/B, le président : Pierre Bidima
Listes des personnes visitées
1. Pasteur Paré Israël
2. Tiendrébéogo Michel Norbert
3. Commandant Poda Bertin
4. Capitaine Bayoulou B.
5. Lieutenant Minoungou Philippe
6. Sergent-chef Zalla Souleymane
7. Sergent-chef Konfé Abdoulaye
8. Sergent-chef Kambou Jean-claude
9. Soldat Onadja Arzouma
10. Caporal Bassolet Bassama
11. Sergent Yaro Bouma
12. Sergent Nahon Baboué
13. Soldat Badassongo Jean
14. Sanou Dein Dramane
15. Sergent-chef Bako Baliboué
16. Capitaine Ouali Luther