Et puis, vous savez à quelle étape, il l’a fait ? Lors du grimper du pic Agou ! C’est ce rendez-vous que la Côte d’Ivoire avait pris pour régler les comptes des Burkinabé sur cette demi-étape en les dépouillant de tout ! En effet, inhabitués à ce type d’épreuve, les coureurs burkinabè semblaient vulnérables. Quelques secondes avant le départ, Grégoire Ouédraogo avouait : « Je ne sais pas ce qui m’attend aujourd’hui. C’est ma toute première grimpée ». Le pic de Agou fait peur. Pendant 12 km, le cycliste monte sans répit ! L’épreuve est épique.

Les véhicules de la caravane sont laissés au pied de la montagne. Le zémidjan devient le moyen de transport officiel. Nous nous sommes procuré une moto tardivement. Le peloton avait déjà entamé la grimpée. Un kilomètre après, nous rattrapons un Ivoirien lâché, puis un 2e, un 3e et même un 4e. Dans le décompte, nous ne tenons pas compte des autres cyclistes pour qui l’important était de participer. Après les 4 Ivoiriens, nous rattrapons le premier Burkinabè, Idrissa Ouédroago, puis encore un autre Ivoirien. Le capitaine, Jérémie Ouédroago est à son tour lâché, puis voici Saïdou Tall parmi les traînards. Mais avant de rattraper Houdo Sawadogo, nous dépasserons 2 Ivoiriens.

A la tête de la course, l’impressionnant Noufou Minougou, le jeune « insolent » Grégoire Ouédraogo, maillot jaune le matin, et le patron de la course Amidou Yaméogo “ avalant” avec beaucoup d’appétit la montagne. Ils sont en compagnie de Lokossué Kwamé et de Fofona Siaka, tous de la Côte d’Ivoire. Fofana décide de partir, Noufou Minougou lui colle aux roues mais décroche entre-temps. La Côte d’Ivoire l’emporte. Mais ce sont les Burkinabè qui vont crier victoire. Amidou Yaméogo place une dernière accélération qui oblige Lokossué qui menace le maillot jaune à traîner plus d’une minute avant d’arriver. La montagne a désigné le vainqueur de la course, commentent les connaisseurs. Cerise sur le gâteau, le maillot des Burkinabè avait fini de sécher quand la majorité des Ivoiriens arriveront.

Toute l’équipe du Burkina va accueillir d’un ban ironique l’arrivée tardive, vraiment tardive de son « cousin » Ahmed Ouédraogo qui court sous les couleurs de la Côte d’Ivoire. C’est juste la monnaie de sa pièce, lui qui sortait des railleries contre ses cousins. Au sommet de la montagne, Amidou Yaméogo récupère le maillot jaune. Il l’avait perdu le matin lors de la 1re demi-étape au profit de son compatriote Grégoire Ouédroago. Exception faite du changement majeur, les Burkinabé ont fait main basse sur les maillots les plus convoités, notamment le jaune, le vert (Tall), le maillot des points chauds (Grégoire Ouédroago).

Au bilan avant la dernière étape, les Burkinabé ont couru pour gagner la course laissant les Ivoiriens collectionner les victoires d’étape. Les deux premières étapes ont suffi au bonheur du Burkina. Les victoires de Ahmed Ouédraogo (3e étape), de Bachirou Kanté (4e étape), de Bolotigui Ouattara (demi-étape), Fofana Siaka (demi-étape) et de Bolotigui Ouattara (7e étape)n’ont été que simple baroud d’honneur. Les Etalons ont réussi à rétablir l’ordre naturel des choses que Bachirou et son pays avaient perturbé l’édition précédente. Ils sont tous rentrés dans les 10 premiers de la course.

Jérémie NION, Envoyé spécial à Lomé

Sidwaya