LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Marché de Tenkodogo : Le syndrome de Rood-Woko

Publié le jeudi 8 avril 2004 à 09h43min

PARTAGER :                          

L’association "Action pour le développement de Tenkodogo"
(ADT) est mécontente de la manière dont les questions relatives
au marché de Tenkodogo sont gérées. Elle a donc décidé
d’adresser cette note au maire de la ville.

Monsieur le Maire,

Le Comité Exécutif de l’Action pour le Développement de
Tenkodogo (ADT) voudrait échanger avec vous sur le problème
crucial de notre marché. Lors d’une émission à la station FM, le
vendredi 05 mars 2004 selon nos informations, vous auriez dit
en guise de conclusion que vous invitiez les commerçants à
rejoindre définitivement le nouveau marché dans un délai d’une
semaine. Vous auriez ajouté (en mooré) que passer ce délai
ceux qui auraient refusé seraient responsables de ce qui leur
arriverait.

Mais si vous tenez à fermer l’actuel marché de
Tenkodogo, c’est vous même qui allez partir de la mairie avant la
fin de votre mandat. Nous voudrions vous dire également ceci :
Vous êtes professeur d’histoire de profession à moins que cela
ne soit prétendu et vous n’ignorez pas que l’histoire des
marchés s’est faite par les populations elles-mêmes, sous la
direction des chefs coutumiers.

Cela est un site historique qui doit être protégé. Des rites
traditionnels y sont fréquemment accomplis pour la protection
du marché et de la population contre le mal et pour la prospérité
et la paix de la ville.

Jamais notre marché n’a connu une
catastrophe malgré l’installation imprudente d’une station
d’essence presque collée audit marché depuis des décennies.
Monsieur le Maire, vous ne connaissez pas le statut de notre
marché. Vous savez bien que la municipalité ne peut pas du
point de vue des textes, changer la destination du site de l’actuel
marché sans suivre une procédure administrative en la matière.

Alors Monsieur le Maire,
- Quelles sont les raisons avancées pour délocaliser notre
marché ?

- Quelle est la nouvelle destination du site si le marché venait à
bouger ?
Est-ce que le site a été déjà vendu ou attribué à de riches
commerçants ?

- Quelles sont les voies administratives suivies par la mairie
pour déclasser le site de l’actuel marché ?

- Est-ce que vous n’agissez pas sous la pression de certaines
personnes ?
Ce sont des questions d’importance capitale pour la population
de Tenkodogo qui méritent des réponses claires.

L’ombre de Ouaga

Pour votre information, au moment de la lutte du MORAP, nous
avons informé la population de Tenkodogo que l’ex-Maire
Laousséni OUEDRAOGO a pris la parcelle (ancienne place de
l’abattoir au TP) qui était réservée pour la construction de notre
mairie et l’a attribuée au riche Abdou BALIMA, son propre patron
résidant à Ouagadougou. Et maintenant, Laousséni est allé
placer la mairie en profondeur dans un bafond. C’est une des
raisons qui pousse la population à rejeter la délocalisation du
marché.

Donc, Monsieur le Maire, vous devez jouer la carte de la
transparence en faisant d’abord le bilan de la gestion de la
centaine de millions reçue pour la construction du nouveau
marché, le bilan de la vente des parcelles à hauteur de huit cent
cinquante mille (850 000) francs l’unité dans le site du nouveau
marché, et le bilan de la vente des places aux petits
commerçants, et au secteur informel.

Une autre question : Est-ce que les bailleurs de fonds ont
conditionné l’octroi des sous à la construction d’un autre marché
en remplacement de l’actuel que l’on devrait moderniser ?
Monsieur le Maire, nous comprenons que vous êtes pressé de
récolter les fruits (argent) du nouveau marché, conditionné, à la
fermeture de l’actuel marché. Nous savons également que
certains de vos projets dont les financements sont acquis
attendent impatiemment la fermeture de l’actuel marché afin que
les fonds soient débloqués.

Nous pensons que vous avez suivi les événements de
Ouagadougou relatifs à une fausse rumeur qui disait que les
commerçants seraient dépossédés de leur marché
"Rood-Woko" qui serait définitivement installé dans le quartier
Emdallaï. Il y a eu des casses de biens publics et privés, et il y a
eu des blessés graves. Pour Tenkodogo, ce n’est pas une
rumeur, pour ce qui est de la délocalisation du marché, c’est
une réalité.

Mais nous n’avons pas besoin de passer par la
formule de Ouagadougou pour nous opposer à votre projet. Et
dans tous les cas, la réaction de la population de Tenkodogo
sera à la mesure de la répression qui pourrait s’abattre sur les
commerçants. La population est prête à relever le défi sous la
direction de l’ADT. Nous l’avons fait par le passé sous
Laousséni et nous allons rééditer.

"Nous sommes disposés ƒau dialogue"

Monsieur le Maire, vous constatez avec nous, que ce soit à
Ouagadougou, Koudougou, Bobo, Ouahigouya, Fada etc.
Lorsqu’il s’est agi de moderniser des marchés, d’abord les
autorités communales, en accord avec les commerçants, ont
déguerpi ces derniers provisoirement sur un nouveau site.
Ensuite, on a reconstruit le marché à la même place. Et
pourquoi ce n’est pas la même chose pour Tenkodogo ? Ce qui
est encore révoltant, c’est le plan du nouveau marché. Il est le
dernier de tous les marchés modernisés du Burkina. Ce plan
n’offre pas une égalité de chance d’affaires pour les occupants
du marché.

Ajouté à l’insuffisance de places dans le nouveau
marché pour tous les commerçants de l’actuel marché, les
commerçants honnêtes et la population de Tenkodogo ont des
raisons suffisantes pour refuser ce nouveau marché. Car, près
de la moitié des petits commerçants, du secteur informel vont
tomber en faillite et vont devenir des vendeurs d’eau.

Monsieur le Maire, nous sommes disposés au dialogue dans
l’intérêt supérieur des populations de Tenkodogo.
Dans l’attente de réponse sans détours, veuillez agréer
Monsieur le Maire, l’expression de notre parfaite considération.

P/Le Comité Exécutif

Le Président

Eric ZABSONRE
Cel : 72 64 15
Bur : 31 25 13

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km