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Bière de mil : “Lomé 4”, l’adresse du dolo togolais à Ouagadougou

Publié le vendredi 14 avril 2006 à 04h32min

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Dorothée Banafeya, la dolotière

Le tchapalo ou bière de mil occupe une place de choix sur la liste des boissons au Burkina Faso et pour preuve, les hangars et autres lieux de vente poussent comme des champignons. Des quartiers non lotis aux quartiers viabilisés, les « Tchapalodromes » sont pris d’assaut par les habitués des coins. Au secteur n° 9 de Ouagadougou, un tchapalodrome atypique retient l’attention.

« Lomé 4 ». Lorsqu’on évoque ce nom, il est insignifiant pour certains. Pour d’autres, il pourrait correspondre à un quartier de Lomé, capitale de la République du Togo. Pourtant, ce nom évoque bien des choses dans le jargon des amateurs de la bière rouge ou bière de mil. Situé au secteur n° 9, quartier Gounghin de la ville de Ouagadougou, « Lomé 4 » est un lieu de préparation et de vente de dolo (bière de mil). « Société togolaise », ce débit de boisson locale est quelque peu atypique, car il ressemble plus à un bar par son décor qu’à un tchapalodrome. En effet, une grande cour avec l’architecture d’un bar sert de lieu de vente et de préparation de cette boisson.

Un travail à la chaîne y est mené et dirigé par l’équipe de Mme Dorothée Banaféya, composée d’au moins sept personnes dont la majorité est constituée de filles.

Au four et au moulin, Edith Kossalo (18 ans) et ses collaboratrices font la ronde, soit autour des grosses marmites au feu, soit des gros bidons de dolo ou soit autour des plats de mets ou plats de résistance vendus aux clients et qui servent de soubassement avant toute gorgée de dolo. Les clients, tous âges et toutes catégories socio-professionnelles confondus, y viennent régulièrement boire ou siroter ce « précieux jus », ou manger du akoan (accassa), du dokounou, du tô, du foutou, du haricot, du riz ou boire de la soupe. Est-ce cette panoplie de repas qui justifie l’affluence des clients ?

« Non » rétorque M.A. Joseph, un habitué du lieu. « Je fréquente « Lomé 4 » il y a bientôt 3 ans. C’est l’ambiance du lieu et la saveur du dolo qui m’ont attiré car le dolo n’est pas très alcoolisé et ne « saoule » pas », ajoute-t-il. Un autre (ayant requis l’anonymat) abonde dans le même sens : « Ici à « »Lomé 4 » on boit tranquillement. Le lieu est propre et sécurisant. L’ambiance y est également bonne ».

Bonnes affaires dans l’ambiance

Six à sept sacs de 100 kilogrammes de sorgho rouge par semaine (soit en moyenne un sac par jour). C’est la quantité de mil que Mme Banaféya utilise pour la préparation de son dolo. Avec 12 000 F CFA le sac, 90 000 F CFA, le demi-camion de bois de chauffe (pour 3 semaines), une dizaine de barriques d’eau par jour, 45 000 F CFA de frais de location de la cour et plus de 100 000 F CFA la charge salariale des employées, Mme Banaféya dit tirer son épingle du jeu. Elle soutient s’épanouir dans cette activité qu’elle exerce depuis son Togo natal. Les jours ouvrables et les samedis, elle vend au moins 200 litres de dolo et 400 litres les dimanches.

Même si elle n’a pas voulu donner son chiffre d’affaires mensuel, une estimation de 200 F CFA, le litre donne au moins le million par mois.

Quoi de plus normal pour une qui veut contribuer aux dépenses de la famille (puisqu’elle est mariée) et prouver que la femme togolaise n’est pas seulement celle qui est résignée ici au Burkina Faso à la vente de boisson dans les bars et autres professions dégradantes pour la femme.

« J’ai plusieurs fois interpellé certaines de mes sœurs togolaises sur la profession qu’elles exercent. Elles peuvent réussir mieux ailleurs (coiffure, restauration...) que dans la vente de boisson dans les bars. J’ai formellement interdit mes employées de flirter avec les clients. Pas d’autres contacts avec le client, que de lui rendre service », confesse Mme Banaféya. « Je ne veux pas qu’on m’attribue une profession qui n’est pas la mienne (proxénète). Et tous ceux qui fréquentent ce lieu peuvent l’attester », renchérit-elle.

Pourquoi « Lomé 4 »

C’est d’ailleurs cette bonne renommée qui a contribué à faire de « Lomé 4 » une référence pour les Togolais du Burkina Faso et ceux du Togo. En effet, « Lomé 4 » est un lieu de rencontre et d’échange entre compatriotes togolais. C’est là-bas qu’ils débattent de leurs problèmes. C’est là-bas également que l’on conduit certains Togolais qui viennent au Burkina Faso pour la première fois et qui n’ont aucun autre contact. « Le nom est connu au pays », affirme Mme Banaféya. Et ce nom, ce sont les jeunes du secteur n° 4, quartier Koulouba qui ont donné à ce coin qui y était avant le Projet ZACA. C’est donc à la faveur de ce projet que « Lomé 4 » a déménagé à Gounghin. Bien qu’ayant changé de lieu, « Lomé 4 » accueille toujours ses fidèles clients de Koulouba.« Lomé 4 » est un maillon d’une chaîne qui a besoin d’être promue.

Verlaine KABORE

Sidwaya

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