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Journées portes ouvertes des Éditions Sidwaya de l’ouest : Des panels sur l’avenir de la presse écrite dans un contexte de digitalisation

Publié le jeudi 4 mai 2023 à 10h12min

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Journées portes ouvertes des Éditions Sidwaya de l’ouest : Des panels sur l’avenir de la presse écrite dans un contexte de digitalisation

La Direction régionale de l’ouest (DRO) des Éditions Sidwaya a organisé le mercredi 3 mai 2023 des panels à la RTB/Hauts-Bassins.

Placés sous le thème « La presse écrite dans un contexte de digitalisation : défis et perspectives », ces panels se tiennent dans le cadre des Journées portes ouvertes (JPO) de la Direction régionale de l’ouest du 2 au 4 mai 2023 en vue de se faire mieux connaître de la population de l’ouest.

Les panels ont été animés par, Dr Cyriaque Paré, fondateur du journal en ligne Lefaso.net et Mountamou Kani, directeur de publication de L’Express du Faso.
Parlant des risques que les médias courent avec la digitalisation, Dr Paré souligne que le numérique a apporté un certain nombre de changements à la pratique du journalisme notamment la collecte, le traitement et la diffusion de l’information. Il y a par exemple l’instantanéité qui facilite la diffusion de l’information presqu’en temps réel mais facilite aussi la diffusion d’informations erronées parce qu’à force de vouloir publier des scoops, on ne prend pas suffisamment le temps de vérifier de recouper…

Une vue des participants

Il mentionne également le risque sur l’identité même du journalisme parce que le numérique a démocratisé les plateformes de créations et de diffusions de contenus qui fait que n’importe quel citoyen sans être spécialiste aujourd’hui peut créer un media. Ce qui créée la confusion entre blogueurs et journalistes. De même, ceux qu’on appelle ‘’abusivement’’ web activistes sont en fait blogueurs, des citoyens qui produisent de l’information dans l’espace numérique sans avoir toujours les compétences pour traiter cette information vérifiée et recoupée.

Un autre risque est celui économique car l’information aujourd’hui est abondamment et gratuitement disponible sur les plateformes numériques. « Si vous ne vendez pas ce que vous produisez il faut trouver d’autres modèles économiques et ce n’est pas toujours évident dans nos pays » a-t-il indiqué.

Mountamou Kani, directeur de publication de l’Express du Faso

Il y a aussi les agrégateurs qui sont des outils comme Opéra news, Phoenix qui agrègent les contenus des journaux sans toujours payer quelque chose à ceux qui produisent l’information. « L’information a un coût et ça coûte à ceux qui les produisent de les produire alors que ces agrégateurs ne prennent pas toujours le temps d’établir des partenariats avec les producteurs pour les rémunérer à la hauteur de leurs efforts. Donc ce sont des plateformes internationales qui mettent en danger la survie des médias ».

Dans le même sens, il y a les régies publicitaires internationales comme Google access qui de plus en plus font de la publicité des annonceurs locaux qui ne passent plus par les médias locaux mais passent par ces régies internationales qui versent des copecks aux médias locaux. Il y a nécessité selon Dr Paré pour les producteurs d’informations de se mettre ensemble pour discuter avec ces plateformes internationales.

Dr Cyriaque Paré, fondateur du journal en ligne Lefaso.net

Comme autre risque c’est celui des infomédiaires comme Yahoo actualités, Google actualités ou Facebook où on diffuse l’information. « Nous diffusons l’information sur Facebook c’est vrai, ça nous permet de développer la viralité de nos contenus, d’augmenter notre audience mais c’est Facebook qui est d’abord le premier gagnant dans cette histoire et Facebook, si on veut être équitable, devrait verser quelque chose à nos médias. Mais pour le faire, il faut un rapport de force qui permette de négocier utilement, tout cela demande aussi de se mettre ensemble ».

Quant à l’adaptation de la presse papier au numérique, Dr Paré ne s’insurge pas dans la logique selon laquelle beaucoup de gens disent qu’aucune nouvelle technologie dans le domaine des médias n’a tué les anciennes. De son avis, la radio, la télé par exemple ont vécu de façon superposée au journal papier qui existait. Mais avec le numérique, il y a une convergence où l’écrit, l’audio, la vidéo, le son se retrouvent sur un même support.

« Aujourd’hui parler de réinvention du papier je veux bien y croire. Mais ce qu’on constate, c’est qu’on n’a pas encore trouvé cette recette miracle qui permet de se réinventer. Les journaux qui naissent aujourd’hui et qui arrivent à vivre sont des journaux de niches qui s’intéressent à de petites populations ou à des thématiques très ciblées. Ce ne sont pas des journaux qui diffusent l’information généraliste, donc il est difficile à mon avis de dire que la presse privée pourra se réinventer. Moi personnellement je n’y crois pas, je veux bien avoir tort d’autant plus que nous sommes au début de nouvelles technologies qui vont transformer totalement la manière de consommer l’information ». Il cite en exemple YouTube sur lequel on peut créer sa télé et avoir la même efficacité que la télé par exemple… Tout ceci change la logique en matière de production de consommation de l’information.

Assetou Badoh/Guiré, directrice générale des Editions Sidwaya

Mountamou Kani, directeur de publication de l’Express du Faso, estime que le thème du panel est d’actualité surtout dans ce contexte actuel de digitalisation qui fait croire qu’effectivement la presse écrite papier imprimée sera en difficulté s’il ne l’est pas déjà pour certains. Il répond par la négative car dit-il « je crois qu’autant la télé n’a pas pu faire disparaitre la radio et la radio n’a pas pu faire disparaitre la presse écrite, je ne pense pas que la digitalisation va mettre fin à la presse écrite ». Il ajoute du reste qu’il faut faire en sorte que la presse écrite papier intègre en même temps la digitalisation dans ses habitudes. « Cela signifie que vous n’êtes plus seulement sur le journal papier mais vous mettez en place une stratégie qui permet d’aller happer le lecteur pour le ramener sur le journal papier. Le défi aussi c’est que les professionnels se forment sur le numérique et le digital. L’un des avantages du digital c’est la multiplicité des canaux de discussions (Facebook, images, multimédia) mais la presse écrite intègre tout ça aujourd’hui dans son modèle », a-t-il conclu.

L’imprimerie Sidwaya/Bobo a été inaugurée le 2 mai, à l’occasion du lancement officiel des JPO.

Haoua Touré
Photos : Herman Bassolé
Lefaso.net

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