Au Burkina Faso, la situation nutritionnelle demeure préoccupante. On constate le foisonnement des conseils nutritionnels sur les réseaux sociaux et sur des medias. Cela est préoccupant du fait de la forte utilisation des réseaux sociaux et de l’intérêt porté à la nutrition dans le cadre de la recherche du bien-être. A titre d’exemple, on peut citer l’entretien intitulé « Burkina Faso/Nutrition : les habitudes alimentaires à éviter », réalisée par une chaîne de télé de la place. Cet élément, a relevé le ministre, fait cas d’une supposée dangerosité de combiner certains aliments notamment les tomates et les concombres. La question orale du député Boubacar Balboné qui était à l’ordre du jour à la plénière à l’ALT, porte sur les actions menées par le département que dirige Robert Lucien Kargougou face aux désinformations de ce genre.

Pour le ministre, cette situation est liée à plusieurs raisons. Parmi ces déductions, il a cité l’insuffisance dans l’organisation du métier de nutritionniste ; le manque de contrôle de l’exercice de la profession de nutritionniste dans le secteur public et le secteur privé ; l’insuffisance dans la collaboration entre structures responsables de la nutrition et les medias dans la désignation des invités pour les questions spécifiques liées à la nutrition, contribuant ainsi à donner de la visibilité à des personnes non qualifiées.

Le ministère en charge de la santé accorde une importance majeure à la question de la nutrition si bien que la politique nationale multisectorielle 2021-2029 de nutrition est assortie d’une stratégie nationale de communication et de plaidoyer en faveur de la nutrition. L’opérationnalisation de cette stratégie, a fait savoir M. Kargougou, a permis l’élaboration et la diffusion d’outils de communication (dépliants, capsules, guides d’alimentation, etc.) sur la nutrition et la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT).

En plus du ministre de la santé, les ministres en charge du commerce, de la défense, de la justice et de l’économie ont apporté des réponses sur des questions orales les concernant

En sus, il y a l’organisation de sessions de formation des acteurs des medias sur les thématiques de nutrition dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie de communication et de plaidoyer pour la période 2020-2024. Enfin, le ministre de la santé a évoqué la mise en place d’une plateforme nationale d’information pour la nutrition, permettant l’élaboration et la diffusion de bulletins d’information, de plaquettes et de communiqués de nutrition.

Des mesures contre la désinformation

Pour faire face de façon plus spécifique à la désinformation en matière de nutrition, le premier responsable du département de la Santé, Robert Lucien Kargougou, a affirmé que son ministère a entrepris la mobilisation de plusieurs catégories d’acteurs dans l’information de la population sur les bonnes pratiques alimentaires et nutritionnelles. Ces acteurs sont : le Clubs des journalistes et communicateurs pour la nutrition et la sécurité alimentaire crée en 2012.

« Ce club très engagé dans les actions de plaidoyer au sein du RESONUT est fortement impliqué dans les actions de sensibilisation des pairs pour la promotion d’une information fiable en matière de nutrition alimentaire », a-t-il précisé. Il y a aussi la Société de nutrition du Burkina (SNB) qui fait la promotion de la communication pour le changement social et comportemental en faveur d’une bonne nutrition de la population.

Ousmane Bougouma, a présidé la plénière du jour

Pour renforcer ces actions, M. Kargougou a laissé entendre qu’il est prévu l’organisation, courant le troisième trimestre de l’année 2023, d’une rencontre de concertation entre le ministère et les professionnels des médias afin de s’accorder sur les mesures de désignation des invités aux émissions télé, radio, liées à la question de la nutrition.

A quel niveau se trouve le projet de création de l’ordre national des nutritionnistes au Burkina Faso ? A cette question, le ministre Kargougou a fait savoir qu’il est en cours de création car plusieurs étapes sont déjà franchies, passant de l’élaboration de l’avant-projet de loi à l’examen du document, en passant par des sessions d’amendements dudit projet de loi. Il a noté cependant que cet avant-projet de loi est tributaire du code de santé publique dont le processus est aussi en cours.

Obissa Juste Mien
Lefaso.net