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Carrière militaire et parcours politique de Blaise Compaoré

mardi 23 octobre 2007.

 
Blaise Compaoré

Président du Burkina depuis 20 ans, Blaise Compaoré n’est pourtant pas bien connu de la jeunesse burkinabè. Celui qui fut un soldat et un officier patriote et progressiste mérite bien aujourd’hui d’être appelé le père de la renaissance démocratique du Burkina Faso.

Il a en effet joué un rôle central dans les changements politiques majeurs intervenus au pays des Hommes intègres depuis 1982. Sous sa direction, le pays a retrouvé une stabilité politique et institutionnelle remarquable. Dans la dynamique des articles consacrés au 20ème anniversaire du 15 octobre 1987, nous publions un écrit de la Commission communication du Comité d’organisation qui porte sur la biographie et l’œuvre culturelle et sportive d’un homme d’Etat que l’on n’a pas fini de découvrir, Blaise Compaoré. Le titre et les intertitres sont de la rédaction de l’Hebdo.

Blaise Compaoré est né le 3 février 1951 à Ouagadougou. Il est l’aîné des sept enfants de Bila Maurice Compaoré et de Tiga Thérèse Bougouma. Engagé dans l’Armée française en 1934, le père rentrera au pays en 1947, où il exercera la fonction de garde républicain. Avec ses frères et soeurs, Blaise Compaoré passe une enfance heureuse entre Ziniaré et Boromo. Il se souvient encore des parties de chasse qu’il effectuait avec son père, et de la grande affection dont la mère entourait ses enfants.

Une carrière de soldat et d’officier bien remplie

Blaise Compaoré entame l’école primaire à Guilongou (Ziniaré). Plus tard, il entre au Collège Saint-Joseph des missionnaires à Fada N’Gourma, puis à l’Ecole normale de Ouagadougou, à partir de la seconde. Brillant, il décroche le Bac D en 1972. Les succès scolaires du jeune Blaise cachent mal son tempérament quelque peu turbulent. Il s’est souvent retrouvé à la tête de mouvements de défense des droits des élèves. A la suite d’une manifestation de collégiens en 1971, il est enrôlé d’office dans le contingent spécial de l’Armée, en guise de correction. Il se retrouvera très rapidement affecté à la garde du domicile du Président de la République, Aboubacar Sangoulé Lamizana.

La punition sera plutôt une aubaine pour le garçon qui, depuis longtemps, rêvait du métier des armes - influence de son père oblige. En septembre 1973, il réussit au concours d’entrée à l’Ecole militaire Interarmes du Cameroun. Pendant les années suivantes, son activité professionnelle au pays sera entrecoupée par de nombreux stages à l’extérieur : spécialisation à l’Ecole d’infanterie de Montpellier ; stages d’instructeur commando à Montlouis, à Collioures et à Munsinghem en Allemagne, à Briançon et à Montgenèvre ; stage dans les Troupes aéroportées de France ; stage d’instructeur parachutiste à Rabat.

Affecté à la Compagnie d’intervention aéroportée (CIA) de Bobo-Dioulasso en mai 1978, Blaise Compaoré rejoint Ouagadougou deux ans plus tard, pour occuper la fonction d’aide de camp du chef d’Etat major des Armées. En janvier 1981, il prend la tête du Centre national d’entraînement commando (CNEC) de Pô. Au début de l’année 1982, il effectuera un nouveau stage à Pau (France), pour se perfectionner au métier d’officier para. La même année, il gagne ses galons de capitaine. Blaise Compaoré est marié à Chantal Terrasson. Il est père d’une fille, Djamila Imani. Il est connu pour sa grande passion pour le sport, dont il a pratiqué plusieurs disciplines : le basket-ball, le football, le volley-ball. Il aime aussi la lecture, l’architecture, et les animaux sauvages.

Progressiste depuis toujours

L’engagement politique de Blaise Compaoré prend corps pendant l’adolescence. Les années 70 sont marquées par une grande instabilité institutionnelle en Haute-Volta. Après la chute du gouvernement de la IIIe République le 25 novembre 1980, il fait partie du Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) qui s’installe au pouvoir, sous la direction du Colonel Saye Zerbo. Mais très rapidement, Blaise Compaoré et d’autres jeunes officiers, notamment Thomas Sankara, sont déçus par la gouvernance du CMRPN. Ils rendent alors leur démission, ce qui leur vaudra d’être mis aux arrêts de rigueur le 14 mai 1982, et assignés à résidence surveillée.

Le 7 novembre 1982, le Conseil de Salut du peuple prend le pouvoir

Les jeunes officiers démissionnaires du CMRPN en sont membres. Mais des divergences apparaissent rapidement entre officiers progressistes et conservateurs. Le 17 mai 1983, le Capitaine Thomas Sankara, Premier ministre depuis 4 mois, et le Commandant Boukari Jean-Baptiste Lingani, Secrétaire général du Secrétariat permanent du CSP, sont arrêtés. Blaise Compaoré, qui avait flairé un complot contre les officiers progressistes, échappe au coup de filet. Il se réfugie au Centre national d’entraînement commando (CNEC) à Pô, d’où il organise la résistance pour libérer ses compagnons arrêtés. Cette action trouve un relais dans la société civile. Les officiers arrêtés finissent par être libérés, au bout de quelques jours.

Le climat sociopolitique du pays ne s’améliore pas pour autant. Le 4 Août 1983, Blaise Compaoré décide alors de marcher sur Ouagadougou, à la tête de ses commandos. Il installera avec Thomas Sankara alors en résidence surveillée, le Conseil national de la Révolution (CNR). Dans le nouveau gouvernement, Blaise Compaoré occupera successivement les fonctions de Ministre d’Etat délégué à la Présidence, puis de Ministre d’Etat chargé de la Justice.

L’espoir suscité par le régime révolutionnaire est immense. De fait, certaines initiatives lancées pendant cette période marquent incontestablement, de manière positive, le Burkina sur les plans politique, économique et social. Mais la Révolution ne tarde pas à manifester des signes d’une dérive dictatoriale. Cette situation conduit à l’avènement du Mouvement de Rectification, le 15 octobre 1987. Blaise Compaoré devient Président du Front populaire, nouvelle instance dirigeante, et Chef de l’Etat. Il s’attachera à doter le pays d’une Constitution ; ce sera chose faite en juin 1991. En décembre de la même année, il remporte la première élection présidentielle de la IVe République. Il sera réélu en 1998 puis en 2005.

L’explosion des talents culturels et sportifs

L’environnement socio-politique stable et serein qui caractérise le Burkina depuis 1987 a favorisé l’explosion des talents culturels et sportifs.

Sur le plan culturel, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision, la Semaine nationale de la culture et le Salon international de l’Artisanat de Ouagadougou, la Foire internationale du Livre de Ouagadougou gagnent en notoriété, d’une édition à l’autre. Mais la grande nouveauté réside dans le fait que de nombreuses initiatives privées soutenues par l’Etat ont donné lieu, ces dernières années, à d’autres rendez-vous, notamment dans le domaine des arts du spectacle (cinéma, théâtre et musique entre autres). Conçues avant tout comme des cadres d’expression des valeurs culturelles nationales et africaines, ces manifestations s’ouvrent de plus en plus aux productions des autres régions du monde.

Sur le plan sportif, Blaise Compaoré n’a pas lésiné sur les moyens pour que la jeunesse s’épanouisse et que soit porté le plus haut possible le drapeau national. Son engagement personnel a donné un véritable coup de fouet au football. Pendant des décennies, le Burkina ne se contentait que de participer aux compétitions internationales. Il ne s’était jamais qualifié, balle au pied, pour une phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Il doit sa participation à celle de 1978, au fait d’avoir été repêché par la Confédération africaine de football.
Les temps ont changé. Depuis une bonne dizaine d’années, les footballeurs burkinabè tiennent la dragée haute aux équipes les plus fortes du continent. Les Etalons, équipe nationale, ont participé d’affilée à 5 CAN : 1996, 1998, 2000, 2002, 2004 ; après avoir été deux fois finaliste de la CAN de sa catégorie, l’équipe des cadets a disputé deux Coupes du monde (1999 et 2001), se hissant même à la troisième place la seconde fois. Les Juniors, eux, ont participé à la Coupe du monde en 2003.

Grâce au développement des infrastructures sportives, le Burkina a abrité avec succès les phases finales des Coupes d’Afrique senior en 1998, et junior en 2003. Le cyclisme a également connu un bond qualitatif. Le Tour du Faso, qui a su établir un partenariat heureux avec le prestigieux Tour de France, se hisse aujourd’hui au premier rang des compétitions africaines. Il accueille de plus en plus de cyclistes européens.

Dans les autres sports, le Burkina a récolté beaucoup de lauriers depuis 1987. Titre de champion international de la catégorie « plumes » version WBC pour le boxeur Nabaloum Dramane « Boum Boum » en 1996 ; médaille d’argent du saut en hauteur pour Irène Tiendrébéogo aux 6èmes Jeux africains de Hararé en 1997 ; médailles d’or du triple saut pour Olivier Sanou, d’argent du triple saut pour Thierry Adanabou, du 100 mètres pour Idrissa Sanou, de saut en hauteur pour Aboubacar Séré, de bronze du triple saut féminin pour Mariette Mien, et de saut en hauteur féminin pour Alima Soura, aux championnats d’Afrique 2004.
Ces performances sont le résultat logique d’une politique rigoureuse qui a permis de développer, organiser et réglementer le sport de masse et le sport d’élite. Concrètement, des structures, des infrastructures et des cadres légaux ont été créés et renforcés pour donner les meilleures chances aux sportifs burkinabè.

Grâce au projet « un village, une équipe sportive », né des Engagements nationaux du Président du Faso et visant le développement du sport à la base, des plateaux omnisports et des terrains de football ont ainsi vu le jour dans les provinces du pays.
Les Maisons des Jeunes ont été équipées et les compétitions sportives se sont multipliées.

Source : La Commission communication du Comité d’organisation
du 20e anniversaire de la Renaissance démocratique
du Burkina