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Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

Publié le samedi 8 février 2014 à 00h35min

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Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

Une semaine passée depuis son auto-investiture, le Groupe de facilitateurs porte à son actif la prise du pouls et la mesure de l’ampleur de ses tâches. Les médias s’y sont déjà largement appesantis, chose qu’il ne conviendrait pas de répéter dans le présent propos. Certains aspects de ces démarches méritent cependant d’être analysés brièvement sous un angle donné.

Du retrait du Pasteur Samuel B. Yaméogo

Beaucoup pourront voir dans ce retrait une faiblesse de la médiation, voire une de ses difficultés et être davantage gagnés par le scepticisme. Sans réfuter cela, la démarche suivie dans le retrait présente des aspects intéressants du point de vue de la pratique démocratique.

En effet, l’explication publiée par les médias est en soi un effort de rentrer en communication avec le citoyen, de lui rendre compte ! C’est une chose à saluer d’autant plus que la reddition de compte est un principe important de bonne gouvernance et de Démocratie que beaucoup de dirigeants politiques gagneraient à mettre en pratique à grande échelle pour que la « cité » se porte mieux.

Le deuxième aspect important de ce retrait, est le contraste qu’il relève avec les habitudes sur le continent noir. Convenons que les démissions sont rarissimes ici au Burkina Faso. En effet, nombreux sont les responsables investis de charges totalement incompatibles avec d’autres intérêts et qui cependant n’y renoncent pas, créant ainsi à la longue, des désastres incommensurables. Et de mémoire, sous la IVème République, en dehors de démissions traditionnelles de forme des 1er Ministres, très rares sont les démissions des Hauts responsables. Et pourtant, les problèmes sérieux nécessitant ces actes de courage et de cohérence n’ont pas toujours fait défaut de par le passé, s’il l’on s’en tient aux motifs évoqués des récentes démissions du CDP…

Un dernier aspect qui paraît intéressant dans la démarche du Pasteur est d’avoir opéré son retrait sans trop tarder, ce qui lui aurait évité d’être lié aux protagonistes de la Médiation par quel que engagement soit-il - une fois les négociations entamées. Dirait-on, une inspiration spirituelle a peut-être agi...

Le citoyen et la société civile

Trois sortes d’interventions du citoyen pouvaient retenir l’attention dans la semaine sur le sujet.

Un premier groupe de citoyens, à titre individuel, a consacré des pages entières, tantôt pour faire des critiques, tantôt pour faire des suggestions : ces personnes se sont illustrées dans le rôle d’intellectuels de façon générale et de façon spécifique dans l’activité du journaliste dans sa fonction habituelle.
Un second groupe de citoyens a plutôt porté des commentaires sur les productions précédemment décrites avec leurs degrés de pertinence. Ceci étant, la fracture entre les « forumistes/internautes » était palpable !

Enfin, un troisième groupe a, à certains titres, brillé par son absence dans les échanges avec le Groupe de Médiation et n’a pas manqué de faire entendre sa voie. Il s’agit de la Société civile sous forme d’organisations notamment le « Balai Citoyen ». Hélas ! Il n’est peut-être pas trop tard pour prendre en compte les acteurs de la Société civile. Un peu comme le diraient certains, la Question nationale est trop sérieuse pour qu’on la confie aux seuls hommes et femmes politiques.

Des partis politiques

La configuration des groupes consultés a pris la forme d’un triptyque : une représentation de la Majorité présidentielle constituée autour du CDP, une représentation de l’ADF/RDA et une représentation de l’opposition « radicale » réunie autour du Chef de File de l’Opposition Politique (CFOP). Cette configuration rappelle dans certaines mesures, les grandes tendances politiques françaises avec la traditionnelle Droite, Centre et Gauche.

Le MPP, malgré son poids non négligeable, était le grand absent du moins pour le moment dans la concertation des partis politiques, en raison sans doute de l’indisponibilité de son récépissé. A présent que c’est chose faite, Il rentrera incessamment dans les discussions, avec ce handicap pour la médiation, qui a déjà publié ses propositions. Probablement, cette publication des propositions de la Médiation vise à résorber quelque peu les pressions sociales et marquer une ferme volonté de transparence.

On constate donc bon gré mal gré, que la reddition de compte qui est affichée une fois de plus ici, s’installe dans les habitudes de la gouvernance au Faso, chose constituant une dimension importante de la participation citoyenne et de la vitalité démocratique.

Par ailleurs, il est ressorti que la majorité présidentielle s’est déclarée non prête dans la semaine pour poursuivre les discussions - à la différence de l’opposition- exprimant ainsi le besoin de se concerter d’abord. Ainsi, l’idée de cette médiation interne ou plutôt ses propositions ne fussent-elles pas attendues a priori par le CDP ? En d’autres termes, serait-elle une surprise, est-on tenté de dire…

Du Groupe de Médiateurs

Il convient tout d’abord de rappeler que toute médiation pionnière, quelles que soient ses issues finales, a un mérite historique : c’est sa primauté. Combien sommes-nous à nous souvenir encore de l’étape Marcoussis dans la résolution de la crise ivoirienne à l’international ?
Par ailleurs, les premiers contacts ont permis à la Médiation de connaître les attentes de part et d’autres, ce qui devrait lui permettre d’orienter ses actions.

Suggestions/ plaidoyer

Les critiques et les suggestions faites de part et d’autres s’offrent comme des ressources à considérer positivement et devraient servir la Médiation aux fins d’enrichir ses actions.

Aussi, quand on sait l’importance des engagements à prendre par les acteurs clés, de même que l’importance de l’influence des grandes Puissances dans la prévention et la résolution des crises du continent, il ne serait pas superflu pour la Médiation de prendre attache avec certaines chancelleries et certaines organisations sous-régionales - dont le Burkina Faso est membre- même s’il s’agit ici d’une médiation interne. Cela donnerait certainement à celle-ci une assise plus grande et plus solide …

Par ailleurs, vu les multiples facettes souvent imprévisibles émaillant une médiation, notamment ses charges financières avec la multiplicité des acteurs et sa durée, il importe de prendre des dispositions idoines pour préserver et garantir les conditions objectives de son INDEPENDANCE PERENNE. Pour ce faire, au regard de son enjeu majeur national, son mode de financement ne saurait être ignoré. Au contraire, il doit faire l’objet de réflexions, assorties de résolutions concrètes.

Non l’Etat, mais la Société civile dans ses différentes composantes pourrait s’autosaisir et s’auto-investir, notamment dans le domaine de ses compétences, par la prise en charge de certains coûts ou par l’offre gratuite d’appuis quelconques, pourvu que ces actions soient synergiques, contribuant au but ultime de la Médiation. Une fois de plus, l’ouverture de la Médiation à la société civile apparaît très opportune pour une issue heureuse et apaisée de la transition politique à l’horizon 2015 dans notre chère Patrie, le Burkina Faso…

Idrissa DIARRA
Juriste-politiste, Géographe-planificateur,
Membre-fondateur du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/F)
Courriel : diarra.idrissa@rocketmail.com

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Vos commentaires

  • Le 7 février 2014 à 15:29, par Pinot En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    En fait Idrissa, j’ai bien aimé certains de tes papiers, mais franchement, tu as écris celui là pour nous dire quoi ? Tu es relativement superficiel. Le Pasteur selon toi fait preuve d’imputabilité et pratique le "rendre compte". Soit, mais entre nous, si toi on vient te voir pour te proposer une médiation aussi importante, n’aurais tu pas cherché à savoir où tu mets les pieds ? N’aurait tu pas vu tes frères de la FEME pour les informer et prendre leur caution avant de t’engager, que ton engagement soit au nom de ta communauté ou à titre personnel ? Dans la déclaration du groupe des 4, chacun d’eux a vu le papier de la déclaration. Je suppose d’ailleurs qu’il l’ont rédigé ensemble. Chacun y a donné son accord et a signé le document avant sa présentation à la presse, avec les titres qui accompagnent les signatures. Comment peut ton signer un document et dire le lendemain que l’on ne savait pas ce que l’on signait ou que le titre que l’on a apposé était usurpé. Si le Pasteur Samuel est un chantre de la bonne gouvernance comme tu le dis, c’est avant qu’il aurait dû prendre l’avis de sa communauté. Au total, ton papier ne nous apprend rien. Je m’excuse de te le dire.

  • Le 7 février 2014 à 15:31 En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    Je me demande si les conclusions qui sortiront de ces mediations serviront a quelque chose. Rappellez-vous bien que Blaise n’a rien fait du rapport du college des sages qu’il a lui-meme mis en place. Qu’est-ce qui vous fait penser que le rapport d’un groupe auto-saisi lui sera contraignant ? J’ai bien peur que l’opposition ne soit entrain de se faire rouler dans la farine en acceptant cette mediation de JBO qui s’est concerte avec Blaise avant d’inciter le reste du groupe a le rejoindre. Blaise sait tres bien que JBO fait son affaire dans cette foutu de mediation, raison pour laquelle il a donne son accord pour qu’il l’entame. Si l’opposition qui a le dessus en ce moment permet a Blaise Compaore de sortir du trou dans lequel il s’est jete, s’en est fini : Ce sera la Presidence a vie et la vengeance contre les demissionaires et tous les radicaux.

  • Le 7 février 2014 à 15:33, par vérité no1 En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    Belle analyse, l ’absence du MPP est très regrettable dans la mediation puisse que c’est le futur parti au pouvoir. L’absence du recipice a été fait sciemment par le gouvernement, sinon en 24 h on peut livrer ce document s’ il ya la volonté. De toute façon ce n’est pas tard. Je suis dans le deuxième groupe dont vous faites allusion et j’approuve cette mediation sauf que le CDP semble corrompre les médiateurs. Pourquoi les autres sont prêts et le CDP piétine toujours ?

  • Le 7 février 2014 à 18:59, par zonu En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    Comme le front républicain qui est arrivé très tard, cette médiation est arrivée trop tôt. Elle fait rêver seulement ceux là qui pensent qu’on peut se libérer d’une dictature sans en payer le prix. Cette médiation n’est qu’une simple diversion et les médiateurs courent le risque de perdre désormais tout crédit au yeux de leurs concitoyens.

    • Le 8 février 2014 à 09:23, par Le Druide En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

      Je pense comme vous. Il est impensable que les Compaoré concèdent tout : article 37, référendum, sénat. Ils se braqueront pour ne pas donner l’impression d’avoir acheté toutes ses armes pendant toutes ses années pour rien. Je ne le souhaite pas mais je ne vois comment la junte au pouvoir fera l’économie du sang versé à flot pour tenter de conserver sa position.

  • Le 8 février 2014 à 08:35, par bdahien En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    Analyse impeccable de la situation, petit-frère Diarra.
    Mais en l’état et dans le cas du sujet en face de nous,le combat n’est pas à la loyale pcq Blaise Compaoré n’a jamais été loyal. Il a tjrs triché... les faits logiques qui devraient suivre votre logique ne viendront pas. Notre vis-à-vis n’a aucune noblesse intellectuelle. Il est comme celui qui se noie et qui s’accrocherait à tout ce qu’il touche.
    Le président JBO va boire la honte de sa vie, si jamais il s’avère qu’il nous fait perdre du temps, à dessein.
    Que Dieu garde notre pays.

  • Le 8 février 2014 à 08:49 En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    Finalement, il n’y a rien dans ton article. Bizarrement, tu ne te rends pas compte que le peuple a du mal à comprendre et suivre cette médiation si tu avais pris le temps de faire l’analyse des forumistes. Pourquoi ? on n’est pas réellement dans une crise mais plus simplement dans une phase de fin de rêgne qui a trop duré, trop corrompu, etc. avec les mêmes défauts et tares du mobutiste à l’époque et qu’il faut gérer. La seule chose qui devrait être sur la table est la non modification de l’article 37 et le départ de Blaise fin 2015 en passant le témoin à un nouveau président qu’il soit issu de la mouvance présidentielle, de l’opposition ou de ceux qui sont entre les deux comme l’ADF/RDA. Tout le reste comme l’histoire du sénat ou pas devrait être remis sur la table en 2016 si nécessaire par une nouvelle équipe dirigeante à la tête de ce pays.

  • Le 8 février 2014 à 23:15, par LE TANSOABA En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    votre analyse est très pertinente j e vois encourage à poursuivre votre effort

  • Le 8 février 2014 à 23:26, par KONAN En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    Pour moi konan une médiation c’est une médiation nous devons féliciter ces médiateurs pour leurs énormes efforts pour préserver la paix au faso

  • Le 9 février 2014 à 15:56, par TD En réponse à : Une semaine de médiation du groupe de facilitateurs autosaisi : quel bilan et quelles perspectives ?

    Belle analyse ! Qui finance(ent) la mediation ?

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