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Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

Publié le mardi 4 décembre 2012 à 02h22min

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Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

En marge de la vie politique, les étudiants et nombre de cadres burkinabè se réservent, se préservent toujours de la chose politique. Pessimisme ou incapacité ? L’attentisme des lettrés, des soi-disants intellectuels sonne de plus en plus comme un aveu d’impuissance. A l’image de Gribouille qui préfère se jeter dans la mare à chaque fois que le ciel s’assombrit, pour ne pas être mouillé par la pluie, les diplômés, les détenteurs du papier longueur passent de plus en plus pour être des défaitistes. Nul ne veut être critiqué, nul ne veut être à la solde de la société et tout le monde veut être blanc comme neige tout en espérant changer les choses. Un politique n’est pas un mage encore moins un imam, un prêtre.

Il est un homme à la merci de la société qui l’applaudit ou le hue selon son bon vouloir. A force de rester inactifs, d’accuser souvent sans preuve et de croire à l’immuabilité des choses, les instruits du Burkina Faso se ferment de plus en plus les portes de la gestion des cités. Pour le cas de Bobo-Dioulasso, l’ancienne, la génération intermédiaire et les nouvelles recrues politiques ne sont pas forcement les meilleurs sur le plan professionnel ou étude. Que faire ? Les partis politiques ne peuvent promouvoir que leurs militants. Pour donc être promus, aspirer à la gestion de la cité et de la nation, il faut s’engager.

Car, même le changement profite à ceux qui sont politiquement engagés qu’ils soient commerçants, ouvriers, fonctionnaires. Pour dire que l’engagement de tous est nécessaire en politique et plus encore pour les instruits dans un pays au taux d’alphabétisation faible comme le Burkina. Du reste, l’expression de l’appartenance politique est de plus en plus inquiétante dans notre pays. Pour qui a suivi la guerre des affiches surtout entre l’UPC et le CDP à Bobo-Dioulasso, on peut dire que l’urgence au sein des partis politiques actuellement est à l’encadrement des militants.

La campagne électorale a été gérée avec plus ou moins de tact, mais l’expression du militantisme politique à Bobo-Dioulasso est inquiétante pour la cohésion sociale de notre pays. Sans être un oiseau de mauvais augure, on peut dire que sans une explication, sans une élucidation de l’objet politique, les Burkinabè ne sont pas à l’abri de ces crises qui minent l’Afrique. Les élections sont comparables à un match de football. Pour gagner, il faut recruter les meilleurs, avoir les meilleurs supporters et être disponibles à mouiller le maillot. Pour tout le temps que dure le match, le supporter et le joueur vivent et respirent pour leur parti. Mais après le match, tous les acteurs deviennent des hommes ordinaires avec des sentiments, des liens d’amitié, de fratrie…

Malheureusement, à voir, à écouter les militants, on a souvent l’impression que la différence de vue, d’opinion, de parti pose problème. D’où l’importance et l’imminence de l’engagement politiques des instruits et de toutes les personnes qui peuvent se décentrer de leur position pour l’intérêt supérieur de la nation. En expliquant les programmes politiques, dépassionnant les débats, en aidant les parents à s’accepter même dans l’adversité politique, on aidera le Burkina Faso à garder ce qu’il a de précieux à savoir la paix. Encore faut-il que la majorité des diplômés, sachent ce qu’est la politique.

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 4 décembre 2012 à 11:21 En réponse à : Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

    Bonjour chers internautes,
    Dans un pays où la politique n’est pas un engagement pour un projet de société, une idée ou une vision, on comprend pourquoi l’engouement des intellectuels est faible. Quand s’engager en politique devient un grand risque pouvant remettre en cause la carrière normale du travailleur ou du fonctionnaire, il y a de forte chance de voir l’intellectuel absent sur la scène politique. Quand des Burkinabès deviennent étrangers dans leur propre pays à cause de simple opinion, il n’y a pas de doute que l’intellectuel se détourne de la chose politique. Quand des politiciens usent de comportements régionalistes, justes pour se faire élire, il sera vain de voir nos intellos dans l’arène politique. Il faut que le système de gouvernance change !!!

  • Le 4 décembre 2012 à 11:43, par Yamwekre En réponse à : Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

    les intellectuels ne veulent aller compromettre leur intégrité dans des partis politiques fantaisistes, fantoches. Que les autorités acceptent le principe des candidatures indépendantes et vous verrez qu’ils s’y mettront et c’est la classe qui gagnera en qualité.

    • Le 4 décembre 2012 à 16:39, par @lfa2012 En réponse à : Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

      Ce sont des "intellectuels" qui sont à la base de la rédaction des textes qui réservent la participation aux différents scrutins aux seuls représentants des partis politiques. Je ne sais pas si cela vient de notre système éducatif : Jusqu’à une époque récente, les diplômés hésitaient également à se lancer dans les affaires. Il serait très intérressant de trouver la cause de cette absence de volonté d’engagement de la part des "intellectuels". Et même quand ils sont membres d’un parti ou d’une organisation , il est fréquent de les voir accepter d’être les faire-valoir de personnes qui n’ont pas leur compétence ou leur capacité de jugement. Ce phénomène est inquiétant et nous devrions en trouver les causes pour que notre société aille de l’avant.

  • Le 4 décembre 2012 à 11:48, par synetik En réponse à : Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

    Merci à l’Express du Faso pour cet article qui nous interpelle tous, intellectuels que nous sommes. En fait le mot "politique" dans nos sociétés africaines a une connotation non reluisante du fait que dans nos têtes, "politique" rime avec magouilles, corruption, coups bas, etc. et à juste titre puisque c’est ce à quoi se livrent la plupart de nos politiciens (je dis pas politiques). Maintenant si nous voulons vraiment que les choses changent (en bien), il va falloir qu’on aille au charbon, et qu’on assume nos différentes positions. Aussi vrai que pour faire des omelettes il faut casser des oeufs, pour arriver à changer les choses sur le plan politique, on doit accepter les injures et autres paroles qui peuvent blesser l’égo ! Tant que nous n’agirons pas, éh bin=en les choses ne changeront pas ! Aussi simple que ça !

  • Le 4 décembre 2012 à 12:34, par Le cousin En réponse à : Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

    "Un politique n’est pas un mage encore moins un imam..." Il n ya pas encore de politique dans notre horde de partis politiques. Nous avons plutôt des politiciens qui ont pour dernier soucis l’interêt des masses populaires.
    Ils défendent plutôt leurs propres intérêts. C’est ce qui explique en parti le désintéressement de certains citoyens , non pas de la politique comme vous le dites, mais des élections. En effet, s’intéresser à la politique, n’est pas synonyme d’être militant ou sympathissant d’un parti politique. C’est pour pouvoir juger, donner son point de vue, prendre position par rapport à la gestion de la cité. Et cela ne pas pas forcement par aller mettre un bulletin dans une urne. Avec le niveau d’instruction actuel de notre population et la paupérisation , un véritable changement par les urnes n’est pas pour demain. Puisque l’on vote celui qui dit mieux (billet sde banque, riz, thé et j’en passe).

  • Le 4 décembre 2012 à 14:25, par Bamin En réponse à : Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

    Belle remarque, cependant je ne pense pas que cela soit effectivement la peur ou le risque de salir le maillot que ces intellectuels s’abstiennent de la politique. Il faut peut envisager que :
    1-sans manquer du respect à qui que ce soit, il faut s’assurer que le peuple burkinabé est prêt pour le changement. Ont-ils atteint la maturité nécessaire pour accepter choisir le changement ? Bien sûr qu’il faut les intellectuels pour les accompagner, mais en ce moment il est plus indiqué pour un travail à la base (Campagne individuelle). Il faut donc faire comprendre au peuple qu’il est l’acteur principal dans la gestion étatique. Je pense que ce travail se fait qu’il soit lent ou pas. Dans le cas contraire il ne sert à rien de foncer la tête baissée.
    2-nos dirigeants sont marionnettes. Ils sont là pour exécuter des ordres de l’occident qui est de maintenir l’esclavage et l’asservissement du peuple. De retour, ils ont droit au festin du butin. Alors il leadership qui devrait celui de service est plutôt celui exclusivement de positionnement. Ainsi il faut tout faire pour rentrer le miroir de mir des dirigeants. C’est cela qui est d’actualité et qu’on appelle politique. Comment donc cautionner cela ???!!!
    3-en réalité on n’a pas besoin pour construire être nécessairement le N°1. Ou bien être le plus savant pour gouverner. Il suffit dans l’un ou dans l’autre : être libre et patriote, (…) aussi savoir affecter chacun dans sa compétence. Voyez vous ce qui fait le plus mal, ce ne pas assumer ses propre fautes, mais d’assumer celles commissent par suivismes.
    4-à moins qu’informer soit de métier, peut on refuser l’asservissement et d’asservir les autres et pouvoir vivre de ses revenues et trouver un créneau pour informer ? Peut être que oui, mais est-ce qu’on peut être compris par le peuple ? Est-ce qu’on peut gagner leur cœur ? (….).
    5-sachons qu’il ne sera jamais possible que l’occident qui commande l’asservissement, soit juste et/ou soutiennent les causes justes qui ne sont que contre leur intérêt. Leur bénédiction sera toujours de diviser pour régner. L’indépendance de l’Afrique équivaut à la ruine de l’occident. L’enjeu est grand, ils préféreront laisser les miettes aux dirigeants africains pour que règne l’esclavage.
    5-que pouvons faire face à tous cela ?
    - bien sûr l’apport de la classe intellectuelles qui non seulement inclut les médias, mais qui sont le maillon important de la communication, sensibilisation, culture et inculturation (…),
    - que le peuple cesse de poursuivre les miettes des politiciens pendant et après les campagnes (…), qui ne fait qu’insulter leur intelligence et dignité,
    - que les tenants du pouvoir (les pris au piège) comprennent qu’il est du devoir de tous et surtout de l’intérêt de tous que l’Afrique se développe,
    - que tous cultive la fraternité, l’humilité en mettant surtout en avant le patriotisme. Ce dernier point est plus important. S’il n’est réalisé, il sera difficile de progresser.

  • Le 4 décembre 2012 à 16:35, par Joukov En réponse à : Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

    Il faut dire aussi que l’introduction de la Kalachnikov dans le processus démocratique en 1990/1991, puis les commandos habillés en tricot OD..... puis ceinturon à la main frappant les gens dans les quartiers ont faussé le jeu. Puis les gens ont repris goût à la chose. Et qu’avons nous constaté dans les partis politiques ? Ce sont des partis verrouillés où la plus part des militants rêvent d’y faire ce que les gens font au CDP. Remarquer bien comment le gouvernement protocolaire a disloqué les partis politiques face à l’appel à la soupe ou à ce qui y ressemble avec l’ambassadeur Karateka à la manœuvre. Puis après les législatives de 2002, la vue des émoluments des députés a encore cassé certains partis qui semblaient être verrouillés. On a entendu l’histoire de ce monsieur non élu réclamant qu’on lui paie quelque chose puis allant voir ailleurs.

    L’exemple de l’UPC est un appel d’air et surement d’içi 2015, il y’aura d’autres UPC au service d’autres ambitions personnelles. Et ainsi, la gène et le tabou de l’introduction de l’argent dans la politique seront définitivement balayés. Nos ladji seront aussi libres de financer qui ils veulent sans représailles. Ce vote prouve au moins une chose. A l’avenir, le régime parlementaire n’a pas et n’aura jamais sa place içi sauf si l’on veut un pays ingouvernable. Il y’a potentiellement 4 autres millions d’électeurs à récupérer et donc celui qui s’y donne les moyens pourra coiffer tout le monde au poteau

    • Le 4 décembre 2012 à 18:32 En réponse à : Autant le dire… : Les intellos en marge de la politique

      Tres bien vu, Joukov. Mais les intellectuels, les vrais, pas les diplomes qui cherchent a rentabiliser leur parchemin, sont toujours la. Ils domnent de la voie mais sur le terrain intellectuel. Ils n’ ont ni argent ni culture d’achat des consciences Ils veulent plutot reveiller les consciences. C’est lent, ca prend du temps mais c’est la seule voie durable qui vaille.
      Courage a Loada, Ibriga, Garane, Bado, malheur aux avocats du diable.

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