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COVID-19 : Tirons-en les conséquences

Publié le dimanche 10 mai 2020 à 22h00min

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COVID-19 : Tirons-en les conséquences

Par cette tribune, Alfred B. Sawadogo, demande de tirer les conséquences avec la réouverture des marchés et des lieux de culte. Le Leader du mouvement citoyen (MROD/BF), Mouvement de Réflexion sur les Opportunités de Développement du Burkina Faso estime que la panique qui avait gagné plusieurs pays s’est considérablement réduite. De ce fait, 3 scénarios de présentent à l’humanité à l’entame de la période post COVID-19.

A l’heure où la France s’apprête à sortir du confinement et que marchés et lieux de culte font leur réouverture au Burkina, la vie semble çà et là reprendre son cours ; du moins, la panique qui avait gagné dirigeants et populations dans plusieurs pays s’est considérablement amenuisée. Trois scénarios se présentent à l’humanité à l’entame de cette période post COVID-19 :

Premier scénario

L’humanité peut radicalement et résolument embrasser un changement positif : ce changement consistera entre autre à être plus regardant sur l’hygiène à l’échelle individuelle, à accorder une attention plus grande à la qualité des systèmes de santé à l’échelle des gouvernements. « La santé est le premier trésor de l’Homme », « Rien ne vaut la vie » avait-on coutume de dire.

Cette crise est venue rappeler qu’au-delà de la prospérité matérielle et financière dont nous sommes en quête, la vie, la santé sont les premiers biens à chérir, à entretenir, à préserver, à apprécier. Ainsi, dans ce premier scénario le monde entier prend conscience de l’importance de veiller à l’hygiène de vie (propreté des mains, propreté des lieux publics, …) ; les individus cultivent des comportements sains et se départissent des modes de vie malsains. C’est le scénario le plus souhaitable.

Deuxième scénario,
les individus gardent leurs vieilles habitudes : c’est-à-dire que dans les quatre coins du globe les gens se remettent à vivre comme avant l’avènement du COVID-19, sans tenir compte du respect des règles d’hygiène comme la propreté des mains, la propreté des habitations et des lieux publics… ; les gouvernements ne prennent pas d’initiatives pour améliorer les systèmes de santé. Dans ce cas de figure, nous n’aurons pas tiré les leçons de la crise sanitaire actuelle. C’est le pire des scénarios.

Troisième scénario,

un changement bref puis un retour aux vieilles habitudes : Il s’agit d’un scénario où l’on constatera un changement positif durant les toutes premières semaines de l’après COVID-19 se caractérisant par le respect des règles d’hygiène. Après quoi, chacun revient à ses vieilles habitudes où l’hygiène, la propreté sont le cadet de nos soucis. Les gouvernements investissent dans les systèmes de santé pendant un bout de temps ; et une fois le COVID-19 derrière nous, le secteur de la santé est relégué au second plan.

Comme dit plus haut, le premier scénario est le plus souhaitable pour l’humanité entière. Mais il ne peut se réaliser que si individuellement et collectivement, citoyens et gouvernements, nous nous mobilisons pour ne pas baisser la garde. Ne pas baisser la garde, c’est rester vigilants aujourd’hui d’une part et tirer les leçons qui s’imposent à moyen et long terme d’autre part.

Conséquences économiques du COVID-19 et leçons à tirer

En Afrique, la pandémie a occasionné des dégâts humains même s’il faut souligner que le nombre de décès liés au COVID-19 dans les pays africains est très largement inférieur aux décès en Europe en raison probablement de la jeunesse de la population africaine associée à d’autres facteurs. Par exemple, à la date du 7 Mai 2020, le Burkina enregistrait 48 décès liés au COVID-19 contre 25 809 en France.

A côté des pertes en vie humaine, le COVID-19 a une incidence majeure sur nos économies. Du Sommet extraordinaire de la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest) tenu en visioconférence le 23 Avril 2020, il ressort que « le taux de croissance régionale va chuter jusqu’à 2% si la pandémie dure jusqu’au mois de Juin. Si elle se poursuit au-delà, le taux sera à -2,1% synonyme de récession ».

Les conséquences économiques du COVID-19 en Afrique de l’Ouest vont atteindre cette ampleur pour deux raisons majeurs : La première est la difficulté d’approvisionnement en intrants agricoles (nos intrants sont pour l’essentiel importés des pays développés qui eux-mêmes subissent un ralentissement de production dû au COVID-19) et la deuxième est la chute des cours des matières premières exportées (coton pour le Burkina, cacao pour le Ghana et la Côte-d’Ivoire, pétrole pour le Nigéria).

Même si la suspension temporaire du service de la dette des pays les plus pauvres annoncée par le G20 le 15 Avril 2020 apporte un soulagement à très court terme aux économies africaines, il n’en demeure pas moins que nous devons tirer toutes les conséquences de la crise actuelle afin d’opérer des transformations structurelles dans nos économies.

Le COVID-19 est venu rappeler l’impérieuse nécessité d’industrialisation en Afrique : La transformation structurelle des économies africaines passera nécessairement par l’industrialisation. Il est de notoriété publique que l’exportation de matières premières brutes ne peut être le socle d’un véritable développement. Se tourner vers l’industrialisation, c’est se prémunir des chocs naissant de la chute intermittente des cours des matières premières. C’est aussi synonyme de création d’emplois massifs et de richesses.

La nécessaire industrialisation soulève une autre problématique tout aussi cruciale : les enjeux de la recherche en Afrique. Recherche et industrialisation sont intrinsèquement liées. La deuxième se nourrit, s’appuie sur la première. Il serait fort utile pour les pays africains d’investir dans la recherche sur des domaines qu’ils jugent prioritaires en fonction de leurs visions et projets de société.

Dans le sillage des leçons à tirer des effets du COVID-19 sur les pays africains, il y a la réhabilitation de nos systèmes de santé : la gestion efficace et efficiente d’une pandémie repose sur la qualité du système de santé. Par exemple, la prise en charge de nombreux cas de COVID-19 aurait été plus efficiente si nos hôpitaux disposaient d’un nombre important de respirateurs. Le COVID-19 est certes conjoncturel mais les défaillances observées dans nos systèmes de santé sont structurelles. Des efforts doivent être consentis pour offrir plus d’infrastructures sanitaires, améliorer la condition du personnel soignant et mieux équiper les centres de santé.

Le lien entre l’industrialisation et l’amélioration du système de santé est évident : l’industrialisation augmentera la richesse produite par l’Afrique ; Une partie de cette richesse pourra être ponctionnée pour financer les dépenses massives dont le secteur de la santé a besoin.

Du reste, la gestion de la crise sanitaire montre à suffisance que les recettes qui « marchent » en Europe ne marchent pas forcément en Afrique. Si en Europe, la structure de l’économie a permis un confinement d’une très bonne partie de la population, en Afrique où le secteur informel est prédominant et où bon nombre de ménages vivent au jour le jour, les mesures de confinement s’avéraient inadaptées.

Pour mettre cela dans une perspective plus globale, nous retenons que notre vision et nos stratégies de développement doivent être basées sur nos réalités. Le mimétisme a peu de chance d’aboutir à des résultats probants car toute initiative/solution qui ne prend pas en compte l’histoire, la sociologie, les mœurs, les réalités économiques du territoire sur lequel elle s’applique risque très fortement de se solder par un échec.

En définitive, l’Afrique peut se relever des effets du COVID-19 et se construire. Tout sera fonction à la fois des décisions que les dirigeants prendront et des comportements quotidiens que les populations africaines auront. La balle est dans notre camp !

Alfred Bewindin SAWADOGO (sa_alfred@rocketmail.com)

Leader de mouvement citoyen (MROD/BF), Mouvement de Réflexion sur les Opportunités de Développement du Burkina Faso

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Vos commentaires

  • Le 11 mai 2020 à 12:15, par Enfant de Boussé En réponse à : COVID-19 : Tirons-en les conséquences

    C’est qu’à même dommage qu’il ne parle pas de formation. Combien d’ingénieurs, de médecins , informaticiens, le Burkina produit-il chaque année ?
    En 2019 le taux de réussite au bac était de 36,92%, a-t-on vraiment les compétences nécessaires pour assurer notre développement ?

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