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Elections couplées : Les contre performances du CDP

lundi 14 janvier 2013.

 

Les dirigeants du Congrès pour la démocratie et le progrès crient victoire après ces élections couplées. Leur satisfecit se base sur leur majorité absolue à l’Assemblée nationale (70 sur 127 sièges) et les 300 communes (sur 367) que le parti est assuré de gérer. Même si ce n’est pas du « tuk guilli » comme les fois précédentes, c’est une performance bonne à prendre pour la nouvelle équipe dirigeante du parti. Mais cette victoire n’en est pas une sur plusieurs plans.

D’abord sur le plan purement statistique, le parti est incontestablement en régression. Aux législatives, il a chuté en termes de sièges alors que le nombre a augmenté. De 73 sur 111 à la dernière législature, le CDP fait cette fois-ci 70 sur 127, ce qui n’est pas une performance. Le parti a-t-il fait les frais des différentes agitations qui ont jalonné ses vraies fausses primaires d’août dernier ? Ce qui est constant, le CDP a été obligé au partage des sièges dans toutes les circonscriptions où il y a eu des remous lors des confections des listes. Dans le Sourou, la démission de Saran a profité à l’UPC qui a raflé le deuxième siège en jeu. Dans le Zandoma, c’est l’ADF/RDA qui profite de la bagarre entre camarades du CDP en remportant là aussi le deuxième siège.

Dans le Sanmatenga, le parti s’est contenté de la moitié des quatre sièges en compétition. Dans le Yatenga, c’est une véritable contre performance. Habitué à rafler trois des quatre sièges sous le leadership de Salif Diallo, le CDP a cette fois-ci été contraint au partage équitable par son vieil adversaire local, l’ADF/RDA. Ses autres alliés du parlement ont également tous fait du surplace. L’UPR et la CFD/B qui formaient à eux deux l’ossature du groupe parlementaire CFR ne peuvent plus le faire seuls. Ces deux partis totalisent huit députés. L’ADF/RDA fait légèrement mieux malgré les énormes moyens à sa disposition. En réalité, c’est l’opposition dite radicale qui est confortée à l’Assemblée.

De 11 députés (10%), elle se retrouve aujourd’hui à près de 30 députés, soit 23% des sièges. C’est une progression qui permet aux opposants de former au moins deux groupes parlementaires. Mais la saignée du CDP est enregistrée surtout dans les communes. A titre illustratif, le parti a perdu dix chefs-lieux de provinces alors qu’auparavant, seulement quatre lui échappaient. Il a perdu beaucoup de communes dans quatre régions principalement : le Centre-Est, le Sud-Ouest, le Sahel et l’Est. Dans des villes comme Dori, Diébougou, Pô, Gorom-Gorom, Gaoua, le vote CDP s’est fortement tassé. La surprise est venue d’une autre ville qui était jusque là un des fiefs incontestables du parti. Il s’agit de Orodara, la ville d’un fanatique soutien du pouvoir, Djinguinaba Barro.

C’est dans cette commune aussi qu’un barrage porte le nom de Chantal Compaoré, l’épouse du chef de l’Etat. Mais c’est surtout cette ville qui a subi les conséquences de la fermeture de l’usine Dafani pendant près de deux ans pour des raisons obscures. Avec le soutien du PDS/Metba, l’UPC est assurée de la majorité des conseillers pour faire élire son maire. Pour la première fois également, le parti ne gagne pas le contrôle entier des arrondissements de la capitale. Il est contraint de lâcher un arrondissement à Ouagadougou (le n°5 au profit de l’UPC).

La deuxième contre performance du CDP se situe au niveau moral. De la campagne à l’après résultats, le parti est au centre de tristes histoires. Un parti qui enrôle des magistrats qui ont du mal à prouver leur mise en disponibilité écorche sa capitale de crédibilité. Que lui reste-t-il de la morale politique quand c’est encore un inculpé ayant bénéficié d’une liberté provisoire pour raison de santé qu’il flanque comme tête de liste dans un village ? Les violences enregistrées à Tema Bokin, à Pobé Mangao et dans une moindre mesure à Ouagadougou viennent ternir davantage l’image du parti. Un parti, ce ne sont pas seulement des structures dans tous les hameaux du pays, c’est aussi et surtout une philosophie, un état d’esprit partagé par l’ensemble des adhérents. Depuis sa création, c’est le point faible du parti.

Il n’a jamais pu montrer patte blanche quant à la qualité morale de ses dirigeants et imposer une discipline exemplaire au niveau de ses militants. A titre d’exemple, les scandales de parcelles ont émaillé la gestion de plusieurs communes du pays depuis 1995, mais on n’a jamais entendu que le parti a exclu un maire fautif. Ces dernières années, le gouvernement en a démis un certain nombre, mais très peu ont été jugés et condamnés. Ces élections vont-elles marquer une rupture ? Rien n’est moins sûr avec les pratiques déjà décriées lors de ce scrutin.

Abdoulaye Ly

MUTATIONS N. 19 du 15 décembre 2012, bimensuel burkinabé paraissant chaque 1er du mois (contact : Mutations.bf@gmail.com)



Vos commentaires

  • Le 15 janvier 2013 à 08:04, par BEM-KAGNONDO En réponse à : Elections couplées : Les contre performances du CDP

    Insuffisante ton analyse. En allant plus loin, on comprend facilement que la distribution a été savamment organisée pour améliorer les performances du Législatif qui jadis se voulait monocolor. En effet, c’est pour ce dessin (recommandée j’en suis sûr) que : a)-les anciens caciques qui n’avaient pour devise que le "Touk-guili" parce égoïste qui a amené le Pouvoir à une certaine inertie d’actions, ont été elagués pour avancer me serait-ce que pour les trois années restantes pour l’Autre. b)-la.fatigue de la population qui est à la recherche d’une avancée de son Social et de son Économique. Et c’est pour cela que la population s’est manifestée ainsi pour dire "Y en a marre", Et n’eût été les manigances et autres fraudes organisées (cas du Kadiogo) dont le seul objectif est de permettre à l’Autre d’avancer et terminer son Programme, les résultats auraient eu un autre visage plus grave que tu le dis et vis. Le rapport 30/127 est tout juste ce qu’il lui faut pour faire passer ses idées. Ce qui est certain, c’est que la réelle contre-performance du CDP interviendra clairement aux prochaines échéances. Mais là aussi, lorsque l’Autre se prononcera, les choses seront plus diluées car les vieux Gouroux que nous connaissons ne se laisseront pas conter. Chacun individuellement ou tous collegialement reviendront de façon monocolor ou multicolores sur la scène même sans "dents" pensant reconquérir le terrain. La Politique, cher ami, est un virus plus méchant que celui du.VIH ou même du Cancer. Lorsqu’elle te prend, t’en retirer est difficile comme toi et ta cigarette. En tout état de cause, retiens seulement que ce fut simplement une planification. Autrement, de par les vols et.autres fraudes dont ils sont passés "Spécialistes", ils auraient pu se.faire du 120/127. Crois-moi.

  • Le 15 janvier 2013 à 10:57, par LE REALISTE En réponse à : Elections couplées : Les contre performances du CDP

    attendons de voir

  • Le 15 janvier 2013 à 10:58, par ridwane En réponse à : Elections couplées : Les contre performances du CDP

    la reconduction des anciens maire de bobo est une honte pour le CDP ,car les bobolais en ont mar si la directif que le partie a établie est respecte, il ne peuve pas se présenter comme candidat dent les mairie,
    mon crie de ceour est d’évité un confie politique a bobo ;

  • Le 15 janvier 2013 à 14:23, par yitanvwara En réponse à : Elections couplées : Les contre performances du CDP

    "Que celui qui n’a jamais peché lui jette la première pierre’’ Pour le CDP la faute de GUIRO c’est se laisser prendre la main dans le sac.Pour avoir 2 guiros il faudrait travailler 333 ans pour un salaire 500000fr cfa sans utiliser un sou !!!.Le CDP n’est pas hypocrite ’’Que celui qui n’a pas plus de 2 guiros dans son compte bancaire lui jette la première pierre.