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Stop à la traite des enfants !

mercredi 21 novembre 2012.

 

La Police nationale, l’Organisation internationale de la police criminelle (OIPC) -Interpol et le Ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale (MASSN) ont organisé, les 29 et 30 octobre 2012, une opération de démantèlement de réseaux de traite d’enfants. Ce ratissage, mené simultanément dans les provinces du Kadiogo, du Houet et du Tuy, a permis de retirer 387 enfants, de 5 à 18 ans, de la traite. Dans les détails, on dénombre 306 garçons, 81 filles et 5 enfants de nationalité étrangère. Les victimes, ont constaté les initiateurs de l’opération, étaient exploitées dans des domaines, tels l’orpaillage, le commerce et la pêche.

Libérées, elles vont ainsi regagner leurs familles respectives, si ce n’est déjà une réalité. Aussi, certains enfants auront-ils la chance de retrouver le chemin de l’école, si telle est la volonté de leurs parents. Bref, un véritable ouf de soulagement pour tous ! Le cauchemar s’achève donc pour les victimes et leurs parents, mais pas pour les 73 auteurs présumés de traite d’enfants. Pour eux, les ennuis ne font que commencer. Seize d’entre eux pourraient bientôt comparaître devant les juges, si ce n’est déjà fait, pour répondre de leurs actes. Et si leur culpabilité est établie, ils vont se retrouver, d’un jour à l’autre, en prison, pour méditer sur leurs agissements. Ainsi soit-il ! Tout se paye sur terre, dit-on.

Espérons alors, qu’à l’issue de leur éventuel passage dans l’univers carcéral, ces individus mal intentionnés comprendront enfin que la traite des enfants est un « acte criminel ». La république n’admet, en aucun cas, que des mômes soient exploités par de purs capitalistes, au mépris de la législation du travail. Mais souffrons que la traite des enfants, phénomène qui va au-delà de nos frontières, prenne de l’ampleur au Burkina Faso. Des individus sans scrupule, voulant coûte que coûte faire fortune, emploient abusivement des enfants sur des sites d’orpaillage, dans des commerces, des champs, etc. Et pour parvenir à leurs fins, certains trafiquants prétendent aider les parents en difficulté, en prenant en charge financièrement, le ou leurs enfant (s). D’autres se font passer pour des maîtres coraniques, arguant ainsi vouloir donner une éducation religieuse aux enfants, alors que ce ne sont que de vrais bourreaux.

Convaincus, certains parents ignorants n’hésitent pas à confier la garde de leurs enfants à ces soi-disant bienfaiteurs. Mais c’est sans compter avec la mauvaise foi de ces trafiquants, qui après coup, mettent tout en œuvre pour exploiter les enfants à des fins personnelles. Les parents, noirs d’illusions, qui s’attendent à ce que leurs enfants aient un meilleur avenir, n’y verront que du feu. Les prétendus tuteurs les transforment en de vrais esclaves dans leur « nouvelle » vie. Certains se retrouvent à vendre de l’eau glacée et que savons-nous encore, dans les rues de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso ou ailleurs. D’autres, surtout les filles, sont parfois exploitées comme serveuses de bars et finissent le plus souvent dans la prostitution.

Ainsi, des enfants, qui vivaient tranquillement avec leurs géniteurs, se retrouvent aux mains de tuteurs sans foi ni loi. Outre les enfants issus de familles vraiment pauvres, il y a ceux de la rue. Livrés à eux-mêmes, ces malheureux font l’affaire des trafiquants, qui n’hésitent pas à les entraîner dans leur jeu. Face à ce phénomène inquiétant, l’Etat et ses partenaires ne sont pas restés les bras croisés, multipliant les initiatives. En mai 2003, l’Assemblée nationale a adopté la loi portant définition et répression de la traite d’enfants. Depuis lors, des progrès importants ont été accomplis dans le domaine, au nombre desquels, la prise en charge des enfants victimes de traite à travers l’accueil et l’hébergement dans les centres de transit et la signature d’un accord de coopération entre le Mali et le Burkina, en la matière.

La première Dame du Burkina Faso, Chantal Compaoré, en a même fait un combat personnel. Partenaire de l’Etat, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a mis en place, dans les provinces, des comités provinciaux de vigilance et de surveillance du trafic des enfants. Autant d’efforts consentis dans la lutte contre le phénomène au Burkina Faso, qui méritent d’être salués, tant on imagine ce que les victimes endurent. Vivement donc que la lutte s’intensifie, pour barrer la route à la traite des enfants !

Kader Patrick KARANTAO (tkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya