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Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

lundi 15 février 2010.

 

D’abord Bama, Sebba, Gayeri, Seytenga, Tanghin-Dassouri, Béguédo, Niaogho, Solenzo, Bagassi, Batié, Sapouy, Bissiga … Ensuite Sabou, Ouargaye, Zabré, Boussé, Titao, Sindou, Douna, Saponé, Piela, Kantchari, Tansarga …

Les communes bénéficiaires du Fonds de développement de l’électrification (FDE) sont prises dans un engrenage électrique. Une« lumière obscure » brille sur elles. Confrontées à un même calvaire, celui d’un privilège inexistant ou à demi-teinte pour des populations qui en ont toujours rêvé. Les plaintes se multiplient contre le processus de l’électrification rurale. Les espoirs placés en cette opération se muent à un jeu de ténèbres.

Les populations de ces zones électrifiées ont vite déchanté devant la défaillance des entreprises adjudicataires, des travaux mal exécutés, des groupes électrogènes grincheux, des coopératives d’électricité (COOPEL) à bout de souffle, des installations anarchiques, des coûts de kilowattheure (Kwh) relativement exorbitants et une alimentation discontinue... Sans oublier les bisbilles sans cesse entre la direction générale du Fonds et ses prestataires de services.

Les populations se sentent perdues après avoir applaudi à tout rompre un projet censé contribuer au développement social et économique dans le pays profond grâce à l’électricité. Bien qu’elles se soient longtemps complu dans l’obscurité, rien n’est plus douloureux que ces réalisations-flashs, un bref reflet de lumière, une longue plongée dans le noir. Le courant tant attendu a produit l’effet contraire : il a électrocuté le bien-être au lieu de le promouvoir. Ressemblant de peu au projet de vulgarisation de l’énergie photovoltaïque resté sans tête ni queue.

Dans certaines localités, la lumière du FDE s’est interrompue, sans aucune explication, voilà bientôt un an. Dans d’autres, la défectuosité des installations (des poteaux et des lignes électriques à ras-du-sol) n’a pas permis un éclairage conséquent. L’opération « Lumière pour tous » dotée de dizaines de milliards F CFA tourne ses abonnés au ridicule.

L’éphémère éclairée et toujours nocturne, Boussé, à 50 km de la capitale, a déjà avalé, plus de cinq cents (500) millions F CFA sans la moindre clarté permanente des nuits et des activités de ses habitants. Les fils électriques implantés à la hâte et au mépris des règles sont des guet-apens. Voilà un autre terreau du gangstérisme entrepreneurial à col blanc à l’image du domaine des Bâtiments et travaux publics (BTP).

La Société nationale burkinabé d’électricité (SONABEL) est obligée de colmater les brèches avec en sus de nouveaux investissements pour se conformer aux normes en la matière. Une chance que le chef-lieu de la province de la Léraba aimerait bien avoir car voilà un an que ses lucioles immobiles ne brillent plus.

On investit, on détruit et on recommence au grand désarroi de l’élan irréversible du développement tant souhaité. Une scène identique à celle des singes construisant leur case. Tandis que les uns montent l’édifice, les autres le remettent tout à plat.

Ce qui devrait apparaître comme un tandem gagnant entre SONABEL et FDE dans la recherche de l’indépendance énergétique s’avère un vrai cafouillage dans le secteur de l’électricité pour une nation qui n’enregistre qu’un taux d’électrification de 23 %, très loin des 60 % nourris par le gouvernement à l’horizon 2015, dans cinq (5) ans seulement.

L’alternative pour réduire la fracture de l’électricité entre les villes et les campagnes parvient difficilement à offrir le luxe du courant électrique aux zones rurales. L’instrument de promotion et de décentralisation de l’énergie électrique présente de nombreuses contradictions.

Pour des couches rurales, les plus démunies du pays, pour qui l’on croit que le salut viendrait d’un progrès et d’un bien-être suscité par la lumière, le coût du Kwh est élevé que celui conventionnel. 120 F CFA à Batié, 100 F CFA à Boussé, 300 puis 145 F CFA à Sapouy, 166 F CFA à Sindou, 138 F CFA à Titao … Des tarifs bien au-delà des 75 F CFA de la SONABEL sur la tranche de 0 à 75 Kwh de sa catégorie sociale (de 1 à 3 ampères), celle des pauvres.

Les COOPEL sont confrontées à des pannes, à des problèmes de règlement des factures et à des charges de fonctionnement. Regarder la télé, boire de l’eau fraîche, user de l’ordinateur, dormir sous un ventilateur ou un climatiseur, moudre aisément la farine, charger les batteries, mener des activités de soudure ou de vulcanisation sont des opportunités difficiles à saisir car elles cachent des non-dits.

Soit la fourniture en électricité résulte d’un raccordement avec le réseau de la SONABEL, soit c’est un groupe électrogène qui le produit sur place. Les deux options se rejoignent dans la mise en vente du Kwh, le mode de distribution, souvent hors d’une portée durable. Après quelques mois de joie, l’euphorie nourrie face à sa commune rurale éclairée s’estompe et l’investissement voué à l’échec.

Des consommateurs traumatisés de retourner dans leur triste obscurité d’antan. De là, se pose la duplicité des acteurs publics dans un même secteur de service public aussi délicat et exigeant en compétences, en expertise. Il y a donc lieu de revoir la copie. La création d’une entité spécifique au sein de la Nationale de l’électricité et destinée aux zones rurales empêcherait tout doublon. Elle permettrait une meilleure canalisation et une utilisation optimale de la manne du Fonds.

Cela éviterait la pagaille actuelle dans la quête de développement de l’électrification tous azimuts. Un scénario semblable à celui des interventions du Fonds spécial du Nigéria (FSN) destiné à des pays particuliers et hébergé par la Banque africaine de développement (BAD) aiderait, à coup sûr, à accroître davantage l’offre aussi bien dans les villes que dans les 147 localités rurales visées.

Jolivet Emmaüs (Joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya



Vos commentaires

  • Le 15 février 2010 à 13:30, par Ben Ischam En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    Très bon papier. Je pense qu’il faut évidemment instituer un mécanisme de contrôle de toute structure qui gère des Fonds. La planification aux résultats devrait être la règle.
    Un autre aspect est le suivi par le conseil de ministre. Sauf erreur de notre part, une fois qu’un marché est attribué de manière collégiale en Conseil de Ministre, ce même conseil devrait s’en quérir de ce qu’est advenu du marché. Il devrait se poser la question : "Nous avions donné un marché de construction ou de réalisation de .... à telle entreprise, qu’est-ce que ce marché dévient après l’attribution dudit marché ?" Une simple question qui peut redresser beaucoup de choses dans ce papier. Mais un président de conseil de ministre se fait complice, au sens de "ayant participé à la délibération", de l’attribution d’un marché et ne cherche même pas à connaître l’état d’exécution devant ce même conseil, cela devient inquiétait. Mais comme le dit un contemporain, c’est cela aussi le Faso.

  • Le 15 février 2010 à 14:17, par FGH En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    Très belle enquête qui met le doigt là où il faut. Le Ministre de l’énergie devrait en tirer les conséquences à la fois en ce qui concerne le responsable de ce Fonds à milliards que pour lui-même !

  • Le 15 février 2010 à 17:45, par pioyipo En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    Bonsoir les internautes c’est un bel article. Pour le cas de Solenzo cela est lamentable. Après les pannes repetées, le groupe a été changé mais les problèmes de la couverture des services et des habitats en électricité continuent. Ce qui donne raison à l’Abbée BOMBORI qui avait préconisé une couverture de la SONABEL à partir de Dedougou.

    Actuellement c’est la désilusion. C’est de l’argent que l’on jette aà travers ce fonds.

    • Le 16 février 2010 à 14:22, par Levieux En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

      Si seulement Monsieur l’Abbée pouvait aussi dire aux internautes où il se trouve actuellement et pourquoi il y est, on serait édifié de savoir que Monsieur BOMBORI a surtout passé le temps à bien s’occuper de ses fidèles autrement que spirituellement. Il me semble qu’il se moque de tout l’engagement bénévole que les acteurs de la Coopérative de Solenzo ont déployé tout en s’occupant de leur propre profession. Voilà un homme d’église qui ne dit vraiment ce qui le préoccupe ! De plus, il n’est pas bien informé, sinon il saurait que le centre SONABEL de Dédougou a été chroniquement déficitaire et qu’il n’était pas possible d’envisager le raccordement de Solenzo sans investissements supplémentaires en production. Le financement disponible ne le permettait pas. La coopérative a pris la Mercedès d’aujourd’hui en attendant la CADILLAC de demain. Par suite, l’Abbée n’a surement pas été content que le reseau arrose tout le monde. Certains de ses proches sont restés non raccordés car éloignés du réseau de base. Eh bien en toute chose, il y a une structure de base et ensuite le reste évolue. S’il s’était approché même de la centrale de Dédougou, il aurait même vu des groupes déhors dans la cours en production. Ce sont des investissements supplémentaires. Alors que Monsieur L’Abbée prenne patience pour une coopérative fonctionnelle moins de 4 ans. Enfin, à Solenzo, les abonnés payent des coûts de branchements incomparables ailleurs. A notre niveau d’information, aujourd’hui dans le système d’électrification rurale, il y a eu des évolutions et les branchements sont de 10 000 F CFA, 15 000 F CFA, 20 000 F CFA pour respectivement les 1A, 3A, 5A avec un maximum de 40 000 F CFA quelque soit la puissance souscrite.

  • Le 15 février 2010 à 17:48, par ttcp En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    Je pense qu’il ne faut pas se leurer, on ne devient pas gestionnaire d’une entreprise d’électricité du jour au lendemain. Ces COPEL n’ont aucune experience en la matière. Et puis une chose est d’installer un groupe electrogène flanbant neuf, construire des lignes electriques...etc mais une autre chose est la gestion de ces infrastructures(rentabilisation, pièces de rechange, ...etc). Aucune etude tarifaire n’avait été mènée sur le terrain pour savoir si les populations locales pouvaient faire face au prix du kilowatteures. On aurait du donné ces milliaires à la SONABEL(qui a deja une expertise en la matière)avec a la clé une lettre de mission claire pour electrifier ces localités

  • Le 15 février 2010 à 18:53 En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    "Ce qui devrait apparaître comme un tandem gagnant SONABEL et FDE dans la recherche d’indépendance énergétique s’avère un vrai cafouillage dans le secteur de l’électricité...". Alors, Monsieur le Ministre de Mines, des Carrières et de l’Energie, n’arrive t il pas à faire faire collaborer ces deux structures pour une bonne coordination des activités dans le domaine. Au cas le MMCE n’arriverai pas à le faire, la SONABEL ne peut elle pas inviter le FDE à travailler main dans la main avec elle pour éviter les reprises de travaux. Toutes les structures d’un même département doivent être appeler à travailler en collaboration pour plus de synergie d’actions.

  • Le 15 février 2010 à 19:35 En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    TTCP, des études sont faites pour déterminer le prix du KWh et aussi pour évaluer le prix que peut supporter les populations. Cependant, il faut reconnaitre cependant qu’il y a des études qui ne sont pas correctement faites. Certains aspects sont également faussés par le jeux des politiciens et les sociétés (non respect de cahier de charges).

    • Le 16 février 2010 à 14:32, par Levieux En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

      Tout à fait d’accord avec vous cher internaute. Si seulement TTCP pouvait savoir quel était était le prix de revient moyen du kWh au Burkina faso, il pouvait comprendre les déhors déployés par le Gouvernement pour maintenir les tarifs actuels en milieu urbain et subventionné le rural. Et cela dans un contexte où des bailleurs de fonds veulent aussi la vérité des prix !

  • Le 15 février 2010 à 20:08 En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    le probbleme est que le FDE nest vraiment pas libre comme on le fait croire.il ya des pressions.une entreprise a ete convoquee en justice mais cela traine.Aussi on veut aider les pauvres populations qui nont pas argent (une meilleure etude aurait ete faite).On electrifie pas dans une region qui nest pas prete car on cree plus de problemes.La sonabel est une structure a profit qui ne va pas installer l’electricite dans une localite s’elle n’est pas sure que cela sera rendable.Alors vient le FDE qui gagne des financements exterieurs et aussi du contribuable mais qui a du mal a maitre theorie en pratique.il faut rechanger la ligne en se basant sur du pragmatisme.

  • Le 17 février 2010 à 10:23 En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    Ce n’est pas surprenant ce qui arraive par le fait du FDE. Les dirigeants de cette structure ne comprennent rien à l’électrification, et ça ne peut être que comme ce qui se passe. La SONABEL peut nous aider. Merci pour l’article qui est bien écrit mais dans ce pays, lorsque vous posez un problème, au lieu de le résoudre, on crie aux aigris.Bref, Dieu sauve le Burkina.

    • Le 19 février 2010 à 23:17, par levieux En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

      Je crois que l’article a été bien "écrit", mais a posé de vraix faux problèmes, surtout des problèmes anachroniques. Il faut y regarder de près pour se rendre compte. Des apprentis-sorciers ne deviennent certaines pas sorciers comme les vielles sorcières. La vielle sorcière de plus de 40 ans apprends toujours plus mais elle n’apprendrais rien à de faux problèmes. Aujourd’hui de façon tout aisé, on circule avec des JC qui n’ont rien de commune mésures avec les YAMAHA SIFA qu’on a connu ; mais voilà la différence est là mais on s’y plaît ! C’est le moment de penser differemment ! Plus rien n’est comme avant. Il n’y a aucun court-circuit en rase campagne, il n’y a que des gens (les bourgeois de la ville) qui se court-circuitent en ville sur le dos des campagnards ! Arrêtez ça s’il vous plaît ! On vous connait assez !

  • Le 20 février 2010 à 15:36, par TTC En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

    L’electrifiation rurale avec la FDE ne peut pas marcher. Le MMCE a regroupé une bande de copain, d’ami et surtout familiale pour gerer un projet si noble et surtout vecteur de developpement. d’abord, le PCA est le DGE du ministere. sensé connaitre parfaitement bien le secteur, il fait semblant parce qu’on l’arrose de gratification rocambolesque. voir agence comptable. cad, on clou sa bouche car bien pleine. il sait tout ce qui se passe ; mais prefere le silence tant qu’on ... ou lui payer des perdiems de faveur ;c’est un yesman qui tremble devant l’autre. ce ministere est une bande d’incapable.ils sont nombreux et caché (ancien de sonabel) tapis dans la burocratie. a l’interieur de la struture, c’est le scandale !! et pas des moindre. la fde est nul dans les actions, pourtant, il ont tout surtout l’argent des bailleurs, et de nous meme à travers les 2fpar kwh. M le MMCE est o courant mais il ne peut rien faire, c’est le monde a l’envers. il a cemé le desodre dans le but de recolter le developpement de l’electrification rural. Pour ironiser surtout en ces moment de moeurs tres legere, il a fecondé la pagaille et souhaite avoir un enfant beni. C’est pas possible. C’est pas tout, les ouvrages sont mals executé parce que la FDE na pas de competence technique de qualité. il faut les virés tous et faire appelle à sonabel, car salif est un bon manager et pourra boster efficacement l’electrification rurale. Sinon, blanche est fatigué et ne comprend pas grand chose o courant. Ca la depasse . kader, poukoi cet entetement ?
    Si SANKARA T. vivait toujour, tu verras. Helas nous comprenons maintenant pourkoi tu as aidé aussi à assasi.. l’autre au grand oreile pour profiter de l’or et autre.
    On verra bien ! et tres bientot, on verra.

    • Le 22 février 2010 à 15:01 En réponse à : Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne

      TTC, tel que vous écrivez, vous êtes un de la maison et certainement un aigri de la même maison sur laquelle vous tirez dans tous les sens. Vous êtes donc de la même "bande". Peut-être un os vous a échappé et vous "aboyé" sur les autres chiens alors que vous même en êtes un. Comment le pays peut avancé comme ça ? Sur les pas des intérêts personnels ? Le melange que vous faites est terriblement mauvais et intentionné : allez jusqu’à accuser quelqu’un de complicité "d’homicide ". Vous devez faire très attention parce qu’on peut vous retrouvez à travers même la toile. Si vous accusations sont fondées, vous devriez saisir la justice le plus rapidement possible. TTC faites attention ! Le net n’est pas un masque innocent.