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Fosses d’aisances : Les boues de vidange problématiques

mardi 1er décembre 2009.

 

C’est environ 600 m3 d’excréments qui sont tirés chaque jour des fosses d’aisance des familles de Ouagadougou. Une masse importante de déchets organiques dont la gestion n’est pas sans désagrément. Les risques sanitaires sont très grands ; aussi est-on en face d’une problématique qui interpelle populations et autorités.

Le constat n’est pas du tout reluisant : à Ouagadougou, peu de foyers sont raccordés au réseau d’égout urbain qui, du reste, est au stade embryonnaire et limité au centre commercial ; certaines habitations ne disposent d’aucun système d’assainissement, d’autres sont équipées de latrines traditionnelles améliorées ou de fosses septiques. Il faut dire que la configuration de ce qui est appelé « petit coin » est généralement fonction du niveau de vie des populations, son mode de vidange aussi. C’est dire que la vidange des fosses d’aisance est un problème crucial pour la ville de Ouagadougou. En effet, chaque jour, on estime à environ 600 m3 de matières fécales, autrement appelées boues de vidange, qui sont enlevées des latrines et W.C des familles de façon mécanique par des camions-citernes vidangeurs ou de façon manuelle. Aucune de ces modes de vidange n’est sans nuisance pour les populations.

Odeurs pestilentielles et germes à ciel ouvert

Les risques sanitaires pour les Ouagalais et les habitants des localités environnantes de par les modes d’évacuation des boues de vidange sont très grands. En pleine ville, ce sont les vidanges manuelles qui menacent la santé des citoyens pendant que les camions vidangeurs, eux, polluent l’environnement des quartiers périphériques et exposent les habitants à des maladies contagieuses telles que le choléra, la typhoïde, la filariose.
Dans le premier cas, la technique, qui est des plus archaïques, est exécutée par des personnes qui s’en sont fait un métier. Ainsi, généralement les ménages à faible revenu font appel à des vidangeurs manuels qui débarrassent la fosse des excréments à l’aide de la pelle et du seau sans, pour la plupart d’entre eux, aucune mesure de protection. Ils travaillent le plus souvent à partir de la tombée de la nuit. Après avoir enlevé la dalle de couverture de la latrine, ils y déversent du grésyl ou du pétrole pour atténuer l’odeur puis, commencent par déverser l’eau de la fosse sur la voie publique et la boue est entassée derrière la concession. Les matières fécales sont ensuite parfois transportées vers des champs après que le soleil les a asséchées. Mais il arrive qu’elles restent là jusqu’à la prochaine saison des pluies et ce sont les eaux de ruissellement qui les charrieront vers les bas-fonds créant de ce fait d’énormes risques pour la santé publique, des nuisances esthétiques et olfactives.

Pour ce qui est des camions vidangeurs, les boues de vidange une fois retirées sont acheminées vers des décharges situées à la périphérie de la ville ou dans des champs pour servir de nutriment végétal à la demande d’agriculteurs.
Dans tous les cas, les champs aux alentours de Ouagadougou et dans des villages proches restent les réceptacles des boues de vidange. Ce qui ne résout nullement le problème d’autant que, selon certains spécialistes, parallèlement au risque de maladies contagieuses, le déversement anarchique des boues de vidange dans les champs peut avoir de sérieux impacts négatifs sur les récoltes et les consommateurs à cause de leur composition pas toujours appropriées. D’ailleurs, l’expérience a édifié certains exploitants agricoles qui acceptent de façon sélective ces boues. « Pendant la saison sèche, les paysans nous supplient de venir déverser les boues dans leurs champs mais, une fois qu’ils commencent à cultiver, ils ne veulent plus nous voir parce que les excréments sont très puants et sous l’effet du soleil, ils sont plutôt nuisibles aux plants », témoigne Yves BONKOUNGOU, responsable technique de Burkina Vidange, une des premières sociétés du pays prestataire dans le domaine.

Il se pose donc avec acquitté un problème de gestion des boues de vidange et cela est lourd de conséquences pour l’environnement et les hommes. Pour M. Evariste ILBOUDO, chef du service d’hygiène alimentaire et de la salubrité de la commune de Ouagadougou, on peut relever trois niveaux d’impacts dans la gestion des boues de vidange : les impacts liés à la technologie d’assainissement, à la vidange elle-même et aux lieux de déversement de ses produits. A chacun des niveaux, des maladies transmissibles ou non pourraient être propagées. Ainsi, « l’élimination non hygiénique des excréta peut provoquer le choléra, la dysenterie, la diarrhée, l’ankylostomiase, la schistosomiase. Et les groupes à haut risque sont particulièrement les enfants de moins de 5 ans à cause de leur système immunitaire non encore arrivé à maturité », relève-t-il. La situation même si elle n’est pas encore dramatique interpelle et au premier chef les pouvoirs publics car la question qui se pose est de savoir si les conditions matérielles et infrastructurelles permettent de la corriger à court ou moyen terme.

Pas de dépotoir aménagé, alors, la débrouille !

A Ouagadougou, les services publics brillent par leur absence dans le domaine du vidange et du traitement des boues de vidange. Hormis la mairie, l’Armée par le génie militaire et l’ONEA, qui ont chacun un camion, les prestataires sont du privé. Il existerait à Ouagadougou une quarantaine de camions vidangeurs et les coûts de la prestation varient en fonction du volume de travail et la position des installations sanitaires par rapport à la voie.

Le tarif le plus courant est de 20 000 FCFA. Pour la vidange manuelle sollicitée par les ménages pauvres, le coût varie entre 2000 et 10 000 FCFA. Selon une étude du CREPA, les recettes mensuelles des sociétés de vidange sont entre 100 000 et 1,2 million de FCFA. On y gagnerait bien sa vie et ce n’est pas à Burkina Vidange que l’on dirait le contraire même si c’est au détriment de la santé publique. Les prestataires dans le domaine, en tout cas, ne se croient pas responsables de la situation d’autant que, si les camions vidangeurs déversent les boues de vidange dans la nature à proximité des quartiers périphériques c’est que, pour M. BONKOUNGOU, responsable technique de Burkina Vidange, « il n’y a pas de sites aménagés pour le dépotage, et comme nous devons rentabiliser nos activités, les camions vidangeurs vont le moins loin possible pour dépoter ».

Face à cette situation, les services de l’environnement semblent à court d’arguments pour sévir contre ces vidangeurs qui souvent polluent. « Le principe de pollueur payeur ne leur pourrait même pas être opposable à défaut de station d’épuration ou de sites aménagés », se défend un responsable. Il y a donc un véritable problème de gestion des 600 m3 boues de vidange tirées journalièrement des latrines et WC de Ouagadougou. Au niveau de la vidange manuelle, M. ILBOUDO de la mairie fait savoir que la loi prévoit des amendes pour ceux qui évacuent les eaux d’aisance sur la voie publique. Cependant, il évoque qu’il est difficile de sévir d’autant plus que les fautifs sont généralement des indigents. Son service qui travaille en partenariat avec l’ONEA met plutôt l’accent sur la sensibilisation.

Pour Mamadou COULIBALY, chef du service assainissement au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, la seule action qui vaille c’est de sensibiliser les vidangeurs pour qu’ils ne déversent pas les boues de vidange à proximité des concessions en attendant la construction des stations de traitement, un projet conduit par l’ONEA avec le soutien de l’AFD. En 2005, à la suite de l’épidémie de choléra, les autorités auraient indiqué un seul endroit pour le dépotage, mais la consigne a été vite transgressée.

De l’avis de certains vidangeurs, l’accès dudit site était difficile et faisait beaucoup dépenser en carburant. Par la suite, il a été demandé aux différentes sociétés de contribuer financièrement pour l’aménagement de quelques sites. Ce fut une fin de non recevoir du côté des vidangeurs qui ont estimé que l’aménagement des sites de dépotage est de la responsabilité des services municipaux. Au niveau de la mairie, on évoque le coût élevé de telles infrastructures et se désole de l’attitude des vidangeurs qui seraient et pourtant les premiers bénéficiaires. C’est dire donc qu’en attendant que l’ONEA finisse la construction des deux stations de traitement des boues de vidange, celles-ci vont continuer d’être déversées de façon anarchique et sans traitement préalable. Les populations de Ouagadougou et environnants s’en remettent donc à la diligence des services de M. Arouna WIBGA, directeur général de l’ONEA.

Drissa TRAORE


Dr KOANDA Halidou, chercheur au CREPA

Quelles sont les normes de construction d’une latrine ?
Halidou KOANDA (H.K) : La construction d’une latrine obéit à un certain nombre de normes. Il y a plusieurs types de latrines. Il y en a qui fonctionnent en fosse sèche et d’autres en fosse humide. Le choix du type de latrine dépend des moyens et du souhait de celui qui veut en construire. Très souvent on voit que certaines familles ont tendance à creuser la fosse beaucoup plus profonde pour qu’elle ne remplisse pas vite. C’est une pratique qui n’est pas autorisée.

Car dans les normes de construction et de dimensionnement des latrines, il faut tenir compte de la nappe phréatique. En plus de couvrir la latrine avec une dalle bien adaptée, il faut maçonner la fosse et stabiliser les parois afin de renforcer la sécurité des usagers. La profondeur dépend du type de sol mais en général, on conseille de ne pas dépasser 3 m. Il est important aussi d’utiliser les tuyaux de ventilation pour éviter de charger les dalles. L’aération aussi permet de mieux contenir certains vecteurs notamment des insectes tels que les cafards qui sont autour des latrines, la lumière les attirant vers le haut s’il y a un grillage, dans leur mouvement de va et vient, ils finissent par mourir.
En ce qui concerne l’entretien des latrines, il n’est pas conseillé d’utiliser des produits chimiques tels que le grésil. Certains utilisent ce produit comme désinfectant ou pour diminuer les odeurs alors que le grésil est un produit toxique qui peut détruire les micro-organismes pouvant dégrader la matière organique.

Quels sont les types de latrines qu’on rencontre à Ouagadougou ?

H.K : En ce qui concerne la ville de Ouagadougou, il y a quatre types de latrines qui sont couramment rencontrés. Le premier type, ce sont des latrines VIP (ventilated improved pit). Ce sont des latrines améliorées à fosse ventilée. Elles ont été conçues dans les années 90 par le CREPA en collaboration avec les services de l’ONEA. Ces latrines ont la caractéristique de fonctionner en fosse sèche avec une utilisation d’eau réduite au minimum. On n’a donc pas la possibilité de connecter ce type de latrine à une douche ou à un système de lessive ou de vaisselle. On les construit généralement dans les lieux publics tels que les écoles, les dispensaires. Ce choix a été fait par l’ONEA et les autorités pour entre autres raisons d’éviter le gaspillage d’eau avec la pénurie d’eau potable des années 90. En plus de cela, il faut dire que la promotion des latrines VIP permet dans une certaine mesure de sauvegarder la qualité des eaux souterraines notamment la nappe phréatique. Surtout qu’il y a de nombreuses latrines qui ne sont pas construites dans les règles de l’art en maintenant une certaine distance avec les puits. Le deuxième type ce sont des toilettes à chasse.

Dans cette catégorie, Il y a des toilettes à chasse manuelle et mécanique. Pour la chasse mécanique, il s’agit des toilettes munies d’un système sur lequel on actionne et qui permet de verser l’eau au niveau de la cuvette pour chasser les urines et les excréments au niveau de la fosse. Pour la chasse manuelle, on utilise un récipient d’eau qu’on verse au niveau de la cuvette pour pouvoir chasser. Le troisième de type de latrines qu’on rencontre dans la ville de Ouagadougou, sont des latrines simples dites traditionnelles. Il s’agit des trous simplement creusés recouverts généralement de dalles de fortunes qui peuvent être du béton, du tronc d’arbre ou des planches. Ce genre de latrines représentait dans les années 90, la moitié des latrines utilisées par les ménages dans la ville de Ouagadougou tout comme les autres villes. La propagation des latrines pourrait s’expliquer par leur faible coût de réalisation. Mais il se trouve qu’elles ne sont pas construites dans les règles de l’art et posent un problème de sécurité compte tenu des planches que certains utilisent. Le quatrième type de latrine a été, lui, introduit récemment. Il s’agit des latrines ECOSAN ou latrines assainissement écologique.

Ce sont des latrines qui dans leur conception séparent les urines des fèces. La partie solide part dans un compartiment à travers un trou séparé et l’urine est aussi collectée dans un autre compartiment. On sépare dès la source de production l’urine des fèces. Un des avantages avec ce type de latrines est que selon un certain nombre d’études qui ont été menées par le CREPA, si on stocke les urines pendant trois à quatre semaines, elles deviennent non seulement hygiéniques mais aussi agronomiques en ce sens qu’on peut les utiliser dans l’agriculture ou dans le maraîchage. Il y a également un autre type de latrines qu’un certain nombre d’institutions sont en train de vulgariser au Burkina. Ce sont des latrines sans plat. Elles sont à cheval entre les latrines VIP et les latrines traditionnelles. Toutes ces latrines produisent de la boue qu’on appelle des boues de vidange.
Par ailleurs, il ressort qu’au niveau du Burkina, le taux d’équipement en latrines est d’1%. Si on comptabilise les latrines traditionnelles, le taux grimpe à 10%. Il y a donc 90% des populations qui se débrouillent dans la nature pour se soulager.

A combien estime-t-on la quantité journalière de boues de vidange produite dans la ville de Ouagadougou ?

H.K : Si on estime la population de Ouagadougou à environ un million d’habitants, la quantité journalière de boues de vidange est évaluée entre 500 et 1000 m3.

Mais que deviennent ces fèces que nous excrétons ?

H.K : Les latrines stockant les fèces, elles se remplissent à un certain moment. Il faut donc les vidanger. Et c’est le produit vidangé qu’on appelle les boues de vidange. Elles sont de différentes caractéristiques. Les boues des latrines VIP sont les plus compactes et difficiles à extraire par les camions de vidange. Par contre pour les autres types de latrines où on utilise beaucoup plus d’eau, les boues sont assez liquides et facilement vidangeables. Les boues contiennent un certain nombre de germes pathogènes qui proviennent de notre corps. Etant donné que nous ne sommes pas tous toujours bien portants, il arrive que le plus souvent on sécrète des germes pathogènes à travers les fèces autrement appelés caca et un tout petit peu à travers les urines. Ces germes peuvent être dangereux pour l’homme étant donné qu’ils peuvent propager beaucoup de maladies notamment la fièvre typhoïde, le choléra. C’est dire donc que les matières fécales sont extrêmement dangereuses et qu’il faut les manipuler avec beaucoup de précaution aussi bien au niveau des familles que les vidangeurs. Ce sont des matières qui sont dangereuses pour la santé publique.

Et pourtant on constate que les camions vidangeurs déversent ces matières fécales dans les champs et pis encore il y a des familles qui les rejettent dans leurs concessions. Quelle est votre appréciation ?
H.K : Ce sont des pratiques largement répandues aussi bien dans la ville de Ouagadougou que dans les autres villes du Burkina pour diverses raisons.

Ceux qui ont les moyens font appel à des camions vidangeurs. Il arrive aussi que le contenu de la fosse ne soit pas vidangeable par les camions et on fait appel à des vidangeurs manuels. Pour ceux qui n’ont pas les moyens soit ils font recours aux vidangeurs manuels soit ils le font eux-mêmes. On pratique la vidange manuelle à la tombée de la nuit et généralement pendant les périodes d’orage. On profite de l’obscurité pour enlever le contenu des latrines et les déverser soit dans la rue soit dans les caniveaux en espérant que les eaux de pluies vont venir les entraîner hors de la ville. Il y a effectivement certains qui vident les fosses et gardent les boues à l’intérieur même de la concession. On fait juste une excavation au niveau du sol pour les stocker jusqu’à ce quelles se détractent et s’assèchent. C’est une pratique à très hauts risques et fortement déconseillée. Elle expose les personnes vulnérables tels que les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées. On est aussi exposé en les inhalant. Ça peut créer des nausées ou des ballonnements. Ce n’est pas conseillé aussi de les déverser dans les caniveaux qui drainent les eaux souvent vers les barrages.

Et c’est formellement interdit de les déverser sur des sites non recommandés. Evidemment déverser dans la nature 500 à 1000 m3 de boues de vidange sans aucun traitement préalable est une réelle menace de santé publique. Cela pose des nuisances aux riverains des sites anarchiquement choisis pour dépoter. Il y a des nuisances pour l’environnement immédiat puisqu’avec le phénomène de la lessivassion vers les sols, la nappe phréatique peut être polluée, les eaux souterraines ainsi que les eaux de surface avec la pluie alors que l’ONEA utilise les barrages n°1, 2 et 3 pour desservir Ouagadougou en eau potable. Vous imaginez donc les conséquences que le dépotage des boues de vidange dans la nature peut entraîner. Ça altère forcément la qualité de l’eau des barrages. Cela ne facilite pas du tout la tâche à l’ONEA car il faut davantage utiliser les produits chimiques pour traiter les eaux brutes dans ces conditions ; faire en sorte qu’elles aient les conditions requises de potabilité avant de les mettre à la consommation.

On dit souvent que les fèces fertilisent les sols et que les agriculteurs les sollicitent dans leurs champs. Votre avis ?

H.K : En fait, les fèces ou boues de vidanges peuvent être utiles tout comme nuisibles. Elles sont nuisibles lorsqu’elles sont utilisées de manière incontrôlée et sans traitement. Par contre si elles sont traitées, elles peuvent être d’utilité pour l’homme et pour la nature de façon générale. On peut traiter la partie liquide pour arroser les gazons par exemple. La partie solide peut être effectivement réutilisé dans l’agriculture. Des recherches menées par le CREPA et un certain nombre d’institutions partenaires ont montré qu’on peut en faire du compost. Il y a certaines expériences qui ont montré qu’on peut utiliser ces boues dans la fabrication du ciment. De plus en plus les mouvements écologiques encouragent de traiter les boues de vidange que d’aller les stocker définitivement dans les centres d’enfouissement puisqu’elles contiennent un certain nombre de matières organiques qu’on peut récupérer tels que de l’azote, du phosphore, du potassium qui sont des nutriments utiles à la plante. Il y a aussi la possibilité de récupérer du biogaz avec les fèces des latrines publiques.

Au niveau du CREPA par exemple nous disposons d’une petite station de traitement où nous drainons toutes nos eaux usées et les excréments qui nous permettent de récupérer le biogaz qui alimente notre cafétariat. Nous avons étendu cette expérience au lycée Yadega de Ouahigouya où nous avons installé un dispositif de récupération du biogaz. C’est autant de possibilités de réutiliser les boues lorsqu’on tient à les valoriser à travers leur traitement.
L’OMS a même établi des règles de réutilisation des boues de vidange. Il n’est pas du tout conseillé par exemple de les utiliser directement dans le maraîchage car elles contiennent de germes pathogènes. Mais malheureusement il n’est pas rare de voir dans la ville de Ouagadougou que certains maraîchers demandent aux vidangeurs de venir déverser le contenu de leur camion dans leur champ.

Comment y remédier ?

H.K : Il y a environ à Ouagadougou une trentaine de sociétés qui offrent le service de vidange mécanique. Mais malheureusement ces camions vidangeurs n’ont pas de lieu de déversement. Cela pose d’énormes problèmes de santé publique et de dégradation de l’environnement comme je l’ai souligné plus haut. La première des priorités était de constituer des barrières sanitaires pour éviter le contact avec les excréta. Ainsi on a fait la promotion des latrines sans pour autant planifier leur entretien ou du moins leur traitement. On n’a donc pas songé au traitement des boues de vidange après leur vidange. Il aura fallu que les autorités municipales et les autres acteurs se concertent pour déterminer des sites et les aménager pour mieux contenir le dépotage de ces matières fécales afin de limiter les risques sur la santé des populations.

Quels sont les conseils pratiques qu’on peut donner aux vidangeurs et aux familles ?

H.K : Il est fortement recommandé aux vidangeurs de se protéger contre les germes pathogènes qui sont contenus dans les matières de vidange. Qu’on soit opérateur de vidange mécanique ou manuelle, il y a un minimum d’équipements qu’il faut avoir. Il faut se protéger par exemple les mains avec les gants, porter les cache-nez, le casque et les bottes. Ce qui évite d’être en contact direct avec les matières de vidange. Il est aussi conseillé de vidanger assez vite pour réduire le temps des bruits et des odeurs. Il n’est pas recommandé d’utiliser du grésil avant de commencer la vidange. Parce que c’est un produit chimique toxique pour les micro-organismes qui permettent pourtant la dégradation des matières fécales. Il est important aussi d’avoir des camions de transport étanches pour éviter que la boue ne suinte sur le trajet. Sur les lieux de déversement, il faut également éviter d’enlever les gants ou les cache-nez. Au niveau des familles, il faut bien surveiller les enfants pendant les vidanges pour éviter qu’ils ne rentrent en contact avec les matières fécales. Car, ils peuvent toucher au camion ou à un des matériels de vidange et manger quelque chose après sans avoir à laver les mains. Ils peuvent aussi marcher pieds nus sur les traces de boues qui peuvent couler des tuyaux d’aspiration. Pour les maraîchers qui utilisent ces boues de vidange, il leur est recommandé de ne pas en faire usage à deux ou trois semaines de la récolte des produits qui sont consommés crus.

Quelle est la contribution du CREPA dans la gestion de ces boues de vidange ?

H.K : Le CREPA a mené plusieurs études sur la réutilisation ou le traitement des boues de vidange. Nous avons pu mettre à la disposition des ménages qui n’ont pas assez de moyens et qui déversent les boues dans leur concession des types de charrettes qui leur permettent d’aller les dépoter sur des sites appropriés. Par ailleurs, nous sommes partie prenante dans le projet de construction des stations de traitement des boues par l’ONEA. Nous sommes chargés de continuer à organiser et à former les vidangeur.o

Drissa TRAORE

L’Opinion