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Eugène Bayala dit Oyou du "Commissariat de Tampy" : “Je ne suis pas un pinteur”

jeudi 22 mars 2007.

 
Eugène BAYALA Oyou

Mine de rien, Eugène BAYALA, agent de police nommé « Oyou » dans la série télé commissariat de Tampy, est en train de se frayer un chemin dans le monde du cinéma. Son physique, son faciès font de lui une éthique notoire, ce qui donne du piment dans son jeu de policier soûlard et amoureux de sa collègue.

Pourtant hors caméra, Oyou ne boit que de la sucrerie ou l’eau plate, il est loin de l’image qu’il présente au petit écran. Nous l’avons rencontré non dans un cabaret pour mieux le faire connaître, aurédé qu’il est de son nouveau titre de meilleur acteur de série télé.

Pour commencer, peut-on connaître votre vraie identité ?

Eugène BAYALA (EB) : Mon vrai nom est Eugène Idjandjan BAYALA

Où êtes-vous allé chercher le surnom « Oyou » ?

EB : Ce nom Oyou est lié au personnage que je joue dans la série « Commissariat de Tampy ». Il faut noter que ce nom est tiré de ma langue maternelle et un essai de traduction serait « Razougou » en mooré et « l’homme de la tête » en français. C’est en fait quelqu’un qui n’est pas particulièrement intelligent mais qui réfléchit beaucoup, qui cherche toujours à comprendre.

C’est quoi cette affaire de femme et d’alcool chez votre personnage ?

EB : Oyou cherche sa femme et dans l’impossibilité, il se réfugie dans l’alcool pour oublier ses soucis. Et comme son salaire ne lui permet pas de boire et de satisfaire la femme qu’il désire, il s’adonne au racket.

Vous campez tellement bien votre personnage qu’on a l’impression qu’hors caméra, vous êtes un « pinteur » ?
EB : (Rires). C’est ce qui me rassure, car c’est la preuve que j’arrive à bien rendre ce que le réalisateur me demande. Pour revenir à notre question, je ne suis pas Oyou dans la vie courante. Je ne suis pas un « pinteur »et mes proches peuvent le témoigner. Je ne bois que les boissons sucrées, je suis un sportif, un marathonnier et j’ai arrêté en 1993 après avoir obtenu la médaille d’or au jeux de l’OLAO (office de liaison de l’Afrique de l’Ouest). C’est ce qui explique d’ailleurs ma forme physique, je suis bien mince n’est-ce pas, c’est grâce au sport et non l’alcool. (rires)

Que vous disent les gens lorsqu’ils vous voient dans les rues de Ouagadougou ?

EB : Il y a plusieurs cas de figure, les enfants m’adorent et lorsqu’ils me voient c’est une petite émeute car chacun veut me toucher, me parler. Il n’y a pas longtemps, j’ai été surpris par des élèves de l’école primaire et j’en suis reparti avec la chemise en lambeaux, non par méchanceté mais parce que chaque enfant voulait me toucher.

L’autre cas concerne les adultes, eux ils aiment poser les questions sur les autres personnages du film genre, « où est Poupette, chaud chaud » on t’a frappé la fois passée » « tu ne pars plus au cabaret » ? A cette dernière question j’essaie toujours d’expliquer qu’il y a une différence entre Oyou et Eugène BAYALA que je suis dans la vie courante

De quoi vit Eugène BAYALA ?

EB : Je suis un artiste comédien, directeur artistique de la compagnie « Bédir ye », ce mot gourounsi signifie, laisser, le faire critiquer pour qu’il puisse évoluer.

Votre compagnie a-t-elle évolué ?

EB : Oui, on pousse comme disent les Burkinabè. Nous avons fait des pièces de sensibilisation, j’ai aussi monté l’œuvre d’un Togolais Léonard YAKANAN et au mois de septembre nous irons au Togo pour des représentations.

Est-ce facile de quitter les planches pour être devant la caméra ?

EB : Rien n’est facile dans la vie, quand on est artiste il faut savoir adapter. J’ai fait le casting pour jouer dans le commissariat de Tampy, on m’a retenu et j’essaie de bien jouer mon rôle pour le plaisir du public.

N’avez-vous pas de petits problèmes avec les vrais policiers qui estiment que vous « gâtez » le nom de la Police ?

EB : Non, je n’ai aucun problème avec les policiers ; je souligne qu’à 90 % ils sont d’accord avec moi, il y a le petit nombre des 10 % qui pensent que ce que je fais n’est pas normal. Lorsque nous sommes allés faire la projection de la série à l’Ecole nationale de la police, une policière m’a accosté pour me dire que je gâte le nom de la police. Je lui ai dit que dans ce cas c’est bien, car mon rôle est en fait de dénoncer le mauvais comportement que certains policiers peuvent avoir.

En jouant Oyou, je veux permettre à ceux qui ont ce mauvais comportement de se corriger. J’ai dit à la bonne dame si elle veut être comme « Oyou », naturellement la réponse c’est non ; on a ri un bon coup.

Est-ce à partir de « le Commissariat de Tampy » d’autres cinéastes ont les yeux sur toi ?

EB : Oui, je fais toujours des castings. Je devais jouer dans « le monde est un ballet » de Issa TRAORE de Brahima, le rôle de « l’Américain ». Mais il y a eu un petit problème.

Quel est ce problème ?

EB : L’actrice principale, la folle Madougui et l’Américain devraient faire des « choses ». Je ne pouvais pas le faire c’est pourquoi j’ai proposé que le rôle revienne au mari de l’actrice principale ; c’est lui qui est l’Américain dans le film ; c’est mieux comme ça ; les contacts physiques entre l’actrice et son mari, c’est mieux qu’avec quelqu’un d’autre.

Mais ce n’est que du cinéma n’est-ce pas ?

EB : On peut bien s’embrasser, se mettre un dans un lit, tout ça c’est du cinéma. Mais si on peut éviter cela avec la femme de quelqu’un je trouve que c’est mieux, on est en Afrique ne l’oublions pas.

Que disent les enfants lorsqu’ils regardent « commissariat de Tampy » ?

EB : Ils sont fiers de moi

De voir leur père, soûlard, pauvre et qu’on bastonne dans le cabaret ?

EB : Malgré cela, ils sont fiers de moi, car ils savent que ce que la télé montre n’est pas le vrai visage de leur papa. Quand la série passe, ils rient ; ils me répondent que c’est mon rôle qui est drôle.

Et madame ?

EB : Lorsqu’elle passe, on dit « voilà la femme de Oyou », sans d’autres formes de commentaires désobligeants.
Mon épouse sait que je suis loin d’être ce que je fais à la série, je joue un rôle dégueulasse, c’est tout.

Si ça ne marche pas bien avec Poupette au commissariat, est-ce la même chose en ville ?

EB : Rires. Il faut avouer que mon rôle n’est pas celui qui part attirer les filles en ville.

Comment sont tes rapports avec le réalisateur Missa Hébié ?

EB : ça va bien entre nous, c’est la complémentarité. On a un contrat que chacun respecte.

Financièrement tout baigne ?

EB : Oui, je ne me plains pas. Le comédien burkinabè et le réalisateur forment une famille où chacun pousse l’autre.

Comment juges-tu votre commissaire ?

EB : C’est un bon patron, même si c’est mon esclave en fait. Il a une certaine expérience acquise qu’il met au service de nous les jeunes.

Que penses-tu la bagarre entre policiers et militaires ?
EB : J’avoue que ça m’a découragé. Mais l’essentiel est qu’aujourd’hui l’entente est revenue et les deux corps peuvent collaborer pour la sécurité des citoyens et du pays.

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