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Présidentielle du 13 novembre : Au-delà des candidats, un test pour tous

Publié le mardi 4 octobre 2005 à 07h15min

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Ceux qui avaient espéré jusqu’au bout, que le Conseil constitutionnel
invaliderait la candidature de Blaise Compaoré doivent être bien déçus. Et
les autres bien soulagés.

Depuis le 2 octobre, la liste des candidats retenus
est officiellement connue, avec même le président sortant en tête de liste,
pour avoir déposé le premier sa candidature.

Sur quels arguments juridiques
les membres de la haute juridiction se sont-ils fondés pour prendre une telle
décision ? Rien ne transparaît, sur ce point, dans le communiqué publié par
le Conseil constitutionnel. L’institution s’est seulement prononcée sur les
raisons qui l’ont amenée à invalider les candidatures de Boukary Kaboré et
de Frédéric Guirma.

Les adversaires de la candidature de Blaise Compaoré
ont cependant la possibilité de pousser le Conseil constitutionnel à se
dévoiler. Il suffit, pour cela, d’aller jusqu’au bout de leur logique, en épuisant
les voies de recours qui leur sont offertes. L’article 3 de la décision du Conseil
constitutionnel est en effet une perche tendue vers une plus grande
clarification lorsqu’il stipule : "Le droit de réclamation contre cette liste est
ouvert à toute personne ayant déposé une déclaration de candidature.

Les
réclamations, s’il y a lieu, devront parvenir au Conseil constitutionnel avant
expiration du huitième jour suivant l’affichage de la liste des candidats au
greffe, soit au plus tard le 10 octobre 2005 à 24 h".

Voilà qui est clair et qui doit inciter les éventuels réclamants à tenter un
dernier baroud d’honneur légal. En même temps que le déclenchement de
cette procédure peut être un coup politique pour les opposants à la
candidature de Blaise Compaoré, il aura le mérite de permettre une
clarification sur la polémique en cours depuis plusieurs mois et qui tarde à
s’éteindre. Une fois pour toutes, le débat sera alors tranché.

Sans douter de la rigueur et de l’impartialité du Conseil constitutionnel, il est
toutefois illusoire de penser qu’il rejetterait la candidature du président sortant
en cas de réclamtion. La plupart de ses challengers l’ont du reste compris,
eux qui s’activent sur le terrain, à préparer leur élection, sans tenir compte de
ce que décidera la Justice.

Ceci étant, l’on doit se rendre à l’évidence qu’une autre étape de la course à
l’élection présidentielle vient d’être entamée avec la validation des
candidatures. Les différentes spéculations, à moins d’avoir des objectifs de
politique politicienne, doivent laisser la place aux vrais questionnements : les
conditions sont-elles réunies pour permettre aux candidats d’affronter les
urnes de façon équitable et transparente ? Chaque candidat a-t-il mis les
atouts de son côté en matière d’organisation, d’occupation du terrain et de
mobilisation de ses électeurs ? Comment oeuvrer pour un scrutin qui ne
souffre pas d’irrégularités graves et donc de contestations interminables ?

Autrement dit, acteurs politiques, de la société civile, partenaires au
développement et citoyens sont tous interpellés afin que la transparence du
scrutin soit assurée.

Les candidats, surtout ceux de l’opposition ont, à ce titre,
beaucoup de devoirs. Ils doivent d’abord, en candidats responsables, mettre
en place les moyens de leur victoire. Cela consiste à se constituer un
état-major compétent, à se donner les moyens de quadriller le territoire et
surtout de pouvoir être représenté dans les bureaux de vote.

Bref, la mise en
place d’une machine électorale efficace s’impose à tous les candidats de
l’opposition, faute d’avoir pu aller en rangs serrés. Le défi de l’opposition, à
défaut de battre le candidat le plus "dangereux", c’est sans doute d’affaiblir
son score et pourquoi pas, le mettre en ballottage. La question, à quelques
semaines de la date du 13 novembre, est de savoir si l’opposition a mis
toutes les chances de son côté. Si tel n’est pas le cas, elle doit s’y atteler, de
sorte que le dernier mot revienne aux électeurs.
Le CDP, en tout cas, a juré, la main sur le coeur, de mener son candidat à la
victoire en toute transparence.

Au lendemain du scrutin, chaque candidat doit
accepter le résultat qu’il a obtenu des urnes, parce qu’il le mérite. C’est l’idéal
démocratique. Pour parvenir à un tel consensus, le rôle des partenaires
étrangers, de la société civile (ONG, observateurs, etc.) et de la CENI est
aussi très déterminant.

Cette présidentielle, la première de la IVe République
à être autant disputée, est l’occasion pour la CENI surtout, de conforter la
crédibilité acquise lors des législatives de 2002 et de lever définitivement les
doutes qui subsistent sur son indépendance et son efficacité.

En définitive, la
présidentielle du 13 novembre est un test pour tout le monde : aux candidats
de prouver leur sérieux et leur représentativité, aux électeurs de montrer
qu’ils sont enfin matures, aux structures d’organisation et de supervision du
scrutin d’être vigilantes et neutres.

Le Pays

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