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Présidentielle 2005 : premières observations en attendant la validation définitive des 13 candidats

Publié le lundi 3 octobre 2005 à 07h48min

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Ça y est : on a fini de gloser sur le nombre des candidats aux élections présidentielles du 13 novembre 2005. Au train où étaient parties les choses, on pouvait allègrement crever la barre de 20 candidats ; on n’est pas arrivé à ce chiffre.

Conformément donc aux dispositions de l’article 126 du Code électoral, les déclarations de candidature ont été déposées au Greffe du Conseil 45 jours avant le premier tour du scrutin soit au plus tard le jeudi 29 Septembre 2005 à 0 heure pétante. Le juge se conformant à l’article 130, a arrêté et publié, 42 jours avant l’élection (c’est-à-dire ce dimanche 02 Octobre), la liste des candidats ayant obtenu leurs récépissés de dépôt de candidature. Publication annoncée pour 11 heures mais intervenue, à la grande lassitude et même à la colère de nombre de journalistes et d’observateurs qui poireautaient au Conseil, seulement à 16 heures.

Pourquoi un tel retard ? Parce que, dit-on, il y aurait eu des palabres à cause de dossiers mal ficelés ou arrivés en retard. Ainsi, Frédéric Fernand Guirma, qui a fait déposer sont dossier par un certain Philippe Olivier Lamien le 30/09/05, a été recalé. Quant à Kaboré Boukary dit Le Lion, n’ayant ni fait légaliser sa signature, ni fourni le reçu de versement de la caution, son dossier sera aussi rejeté.

Quid de Arouna Lankouandé et de Arouna Dicko, annoncés ? On apprendra qu’ils n’ont pas déposé de dossier. Est-ce donc véritablement à cause des seuls dossiers de Kaboré Boukary et de Frédéric Guirma que l’on a accusé tous ces retards ? Pas sûr. Il s’en est trouvé, dans la salle des pas perdus, pour imputer à ce retard une volonté de mettre du piment à l’affaire de la validation des candidatures, particulièrement à celle de Blaise Compaoré.

On aurait voulu montrer que les choses n’étaient pas aussi faciles à cet égard, que l’unanimité était loin d’être acquise dans ce Conseil pour la candidature de Blaise Compaoré, comme beaucoup l’affirmaient. Après toutes ces heures d’attente, comme si on était en assises, dans des grandes affaires, qui pourra dire qu’au sein du Conseil constitutionnel, la parole est asservie, la décision domptée ?

Retenons seulement, au terme de tout cela, que le président sortant a bel et bien été retenu et que les candidats provisoires arrêtés par le Conseil, au nombre de 13, sont donc les suivants, par ordre alphabétique :

- BADO Laurent, soutenu par le PAREN,

- BOUDA Gilbert, soutenu par le PBR,

- COMPAORE Blaise, soutenu par le CDP, l’ADDP, l’ AFP, l’A.P.L, la CDL, la CFD, le F.N.S, le MDP, le MPJD, la NDS, l’ODT, l’O.D.D.N, le P.E.D.B, le P.L.B, le P.N.A, le PPRN, le R.FI/PJB, le RDB, l’UDF, l’UNDP, l’UPR, l’USB, le RPP/GWASIGI, le RDF, l’ADF-RDA, le PPDS,

- CONGO Kaboré Nayabtigungou, soutenu par le MTP,

- DAKUYO Clément Toubé, candidat indépendant,

- LANKOANDE Ali, soutenu par le PDP/PS,

- OUEDRAOGO Philippe, soutenu par le PDS, la CDS et l’UFP

- OUEDRAOGO Ram, soutenu par le RDEB,

- PARE Emile, soutenu par le MPS/PF et le PSU,

- SANKARA Benewende, candidat soutenu par l’UNIR/MS et le FDS,

- TIENDREBEOGO Norbert, soutenu par le FFS et la Convergence de l’Espoir,

- TOURE Soumane, soutenu par le PAI,

- YAMEOGO Hermann, soutenu par l’UNDD, le GDP, le MDR, l’UDPI, le PFID, l’UFR, la LCB, le PNR/ JV, le FPC-Yelemani, la CNDP.

En attendant que, conformément à l’article 131 du code électoral, les réclamation parviennent au Conseil Constitutionnel avant l’expiration du huitième jour suivant l’affiche de la liste des candidats, et que le Conseil statue " sans délai ", voilà quelques premières observations.

La première qu’on peut faire est relative à la diversité. On peut dire que les grandes composantes ethniques sont représentées : Mossi, Peuhl, Dioula... On note que les profils professionnels tournent autour des professions suivantes : avocat, docteur, ancien militaire, cadres d’assurance et de banque, le monde paysan n’étant pas représenté.

L’échelle des âges laisse apparaître également une même diversité.
La seule ombre au tableau, et qui est de taille, c’est l’absence d’une femme . Il est étonnant que sur ce plan, les imaginations n’aient pas été plus créatives pour dénicher au moins une candidate.

Mais la remarque la plus importante concerne la candidature du Président sortant : sur les 15 candidats, bien plus que la majorité s’est dégagée contre cette candidature inconstitutionnelle. Ainsi en va-t-il de tous les candidats signataires du " MEMORANDUM SUR L’APPLICATION DE L’ARTICLE 37 DE LA CONSTITUTION POUR LES ELECTIONS PRESIDENTIELLES DE 2005 " du 23 Février 2004 qui sont : Ali Lankoandé, Ram Ouédraogo, Norbert Tiendrébéogo, Laurent Bado, Emile Paré, Philippe Ouédraogo, Hermann Yaméogo, Benewendé Sankara, et qui ont relevé avec forces arguments tous les obstacles juridiques, politiques..., à la candidature du président sortant.

Parmi les candidats, il en est même, comme Laurent Bado, qui ont mis en garde le premier juge qui s’amuserait à dire que Blaise Compaoré peut briguer la magistrature suprême. D’autres, comme les candidats d’ " Alternance 2005 ", Me Yaméogo, Me Sankara, Philippe Ouédraogo, ont de façon répétitive exprimé leur détermination à s’opposer par tous les moyens légaux et constitutionnels à cette candidature avant, pendant ou après le scrutin, et ont même interpellé directement le président du Faso, par deux lettres ouvertes.

Les autres candidats n’ont pas exprimé jusque là d’opposition particulière à cette candidature du chef de l’Etat . Blaise Compaoré évidemment reste figé droit dans ses bottes, affirmant envers et contre tout son droit à se représenter.

C’est dire que le débat sur l’article 37, loin d’être clos, va rebondir et dominer la campagne. Lorsque le Conseil constitutionnel va statuer définitivement, de deux choses l’un : soit il valide la candidature de Blaise Compaoré à la grande satisfaction de ceux qui ont lutté pour que leur candidat puisse briguer un troisième mandat (et plus !), soit il l’invalide, et c’est le camp de l’opposition, plus précisément les signataires du Mémorandum qui seront à la fête, heureux de voir leur lutte couronnée de succès.

Mais dans un cas comme dans l’autre, la vie politique résonnera immanquablement de la décision du juge. C’est dire que si l’enjeu de cette élection présidentielle pouvait résider dans la participation de tous les ténors de la vie politique à la course à la présidentielle, l’acceptation ou non de la décision du Conseil par rapport à l’article 37 en constitue un autre autrement plus important. Attendons maintenant, comme on dit, que le Conseil Constitutionnel tranche !

Donald Tondé
San Finna

P.-S.

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