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Présidentielle 2005 : Les forces en présence

Publié le jeudi 29 septembre 2005 à 08h42min

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C’est en principe le dimanche 2 octobre que le conseil constitutionnel va valider les dossiers de candidature à la magistrature suprême. Pour une présidentielle qui s’annonce dure au vu du trop plein de candidats à la candidature, (une quinzaine) nous vous proposons d’analyser les capacités des prétendants au « trône » chacun se devant de tout donner au regard de la noblesse de la fonction. Gros plan sur quelques présidentiables.

On pourrait voir dans la multitude de candidats déclarés le signe d’une bonne démocratie, certes ; mais comment ne pas être offusqué face au nombre pléthorique des prétendants dont certains présentent des back ground (compétences) politiques sujets à cautions. Examinons.

Les candidats déclarés de l’opposition

Premièrement, M. Ali LANKOANDE du PDP/PS. Spécialiste de l’ingénierie chimique (il est professeur de physique chimie), cet intellectuel qui a fait ses armes professionnelles en France puis au Burkina Faso a un parcours politique qui s’est révélé parfois difficile : Mouvement de libération nationale (MLN) ; Convention nationale des patriotes progressistes/Parti social démocrate (CNPP/PSD) ; Parti des démocrates progressibles/Parti socialiste (PDP/PS) entre autres.

Il fut un fidèle compagnon du Pr. Joseph KI-ZERBO qu’il vient de remplacer à la tête de son parti après un congrès tumultueux qui a fait des remous et n’en finit pas de faire des vagues (la démission de nombre de militants du parti en est une parfaite illustration). On a souvenance que le président sortant, véritable laboratoire de formules chocs (Nan Lara an sara ! ...) de mobilisation destructive de l’époque, avait souligné dans son discours d’adieu politique qu’il était « un président sorti ».

Cacique des caciques du parti, « le boulanger » de l’Est (honni soit qui mal y pense, il est propriétaire d’une boulangerie à Fada) traîne derrière lui plus de handicaps que de capacités réelles. Son parti traverse une énième crise consécutive à la lutte de générations qui y a cours, depuis un certain temps, ayant pour seul but l’alternance dans la conduite des affaires du parti. Les jeunes loups aux dents longues qui n’ont pas pignon sur rue veulent désormais se faire entendre, « baillonnés » qu’ils seraient par la vieille garde qui refuse la retraite. D’ailleurs, dernière tribulation en date, un « courant rénovateur » vient de se créer dans le parti et animé par le truculent... Etienne TRAORE.

Il faut dire que la scission intervenue à l’ex CNPP/PSD qui a amené la branche CNPP de Pierre TAPSOBA à fusionner avec l’ex ODP/MT pour former le CDP a eu un impact négatif sur la structuration et la stratégie de mobilisation des militants du parti au niveau de la base. Cependant, « le boulanger » de l’Est n’a pas que des handicaps congénitaux et/ou acquis, il a aussi des atouts. Le PDP/PS est membre de l’International socialiste, regorge de nombreux intellectuels et le fief natal de son leader pourrait lui faire glaner des voix s’il est bien intégré au tissu social de sa région.

Deuxièmement, Me B. SANKARA de l’UNIR/MS. Ce candidat n’est pas mieux loti que le précédent pour la course à la présidentielle. Membre du barreau, avocat de la veuve et de l’orphelin, il s’est beaucoup écarté de l’éthique et de la déontologie du métier pour faire le « héros », le « père » de la Nation. Sa gestion combien scandaleuse et mafieuse des droits des ex-travailleurs de X9 ayant entraîné désolation et mort d’hommes ne sera-t-elle pas lourde de conséquences pour lui au soir du 13 novembre 2005 ?

De plus, l’idéologie du parti n’est encore que pure nébuleuse quand on sait que SANKARA cherche à mettre en œuvre du « Sankarisme ». Sa manière un peu trop cavalière de diriger le parti, il est seul maître à bord et ne tolère aucune contestation. Si Me SANKARA peut glaner des voix à ce scrutin, cela tient en deux choses : il parle beaucoup donc on est tenu de l’écouter ; il rapproche son parti du terrain par l’installation de ses commissaires régionaux.

Troisièmement, Dr Emile PARE, le « félin domestique », on l’appelle le chat noir du Nayala. Ce candidat vient de loin. De la Révolution à son parti actuel en passant par le PDP/PS, il a connu des situations faites de clairs-obscurs. Ses démêlés avec certains bonzes du CDP puis avec le Pr KI-ZERBO alors président du PDP/PS qui l’accusait de vouloir l’évincer de son « trône » sont autant de choses qui prouvent que l’acteur est mal en point. Et pour cause ?

A la faveur de la campagne présidentielle, le personnage a mis au goût du jour certains traits saillants de son caractères aux yeux de certains militants du parti. D’abord, on le voit jouant le rôle de l’acteur le plus rusé face à l’intellectuel professeur Laurent K. BADO au sujet des trente millions que leur aurait remis un « envoyé du pouvoir ».

A telle enseigne que le Pr lui avait donné le qualificatif de « l’accompagnant » voulant partager le butin à parts égales avec « l’accompagné », lui, BADO. Enfin, il joue dans la mythologie lorsqu’il se fait appeler le « chat noir du Nayala ». Nous en voulons pour preuve : le chat, félin domestique de son état, était associé à certains esprits maléfiques au Moyen-Age. Dans tous les cas les félins BOKASSA et MOBOUTU ont montré leurs limites dans la gestion de la chose publique.

Le candidat du CDP

Le président COMPAORE est le candidat de la majorité. Membre fondateur de la RDP, père spirituel du Front populaire et du CDP, Blaise COMPAORE va à la présidentielle avec la faveur des pronostics.

Premièrement, il est investi par le CDP et 26 autres partis dont l’ADF/RDA. Si l’on part du constat que le CDP et l’ADF/RDA sont deux partis largement représentés sur le territoire national alors ceux-ci constituent, au grand dam des autres candidats, une bonne assise pour le candidat au pouvoir. Il est bien des gens qui ne sont affiliés ni à l’un, ni à l’autre des partis qui voteront à cœur joie pour le président sortant candidat à sa propre succession. Sont de ceux-là les chefs coutumiers, les fonctionnaires repris, les anciens réfugiés politiques.

Bien d’autres raisons justifient leur choix. En effet, le président est un habile rassembleur et reste constamment à l’écoute de ses concitoyens. Enfin, il est fort apprécié dans la sous-région, en Afrique, dans le monde et par les institutions bilatérales et multilatérales (le cercle des amis du Burkina Faso s’élargit) ce qui a fait dire à certains observateurs que M. Blaise COMPAORE est l’homme de la situation.

En dernière analyse, il est vrai que chaque acteur politique à la course à la magistrature suprême a son capital de crédits (relationnel, financier, expérience...). Encore faut-il que ceux-ci sachent capitaliser ces acquis. Pour ce faire, les stratégies de campagne et les projets de société garderont une place de choix dans la vie des partis qui seront en lice.
Vivement la ligne d’arrivée de cette élection présidentielle !

Par Crominini

L’Opinion

P.-S.

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