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Présidentielle 2005 : Les handicaps du candidat Blaise

Publié le mercredi 28 septembre 2005 à 08h45min

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B. Compaoré

Beaucoup pensent que le candidat du CDP passera haut la main et dès le premier tour à la prochaine présidentielle. Pourtant, chaque jour qui passe voit le ciel s’assombrir pour lâcher ses vannes, mettant en piteux état, le chemin censé conduire à la victoire annoncée de Blaise Compaoré.

Tous les directeurs de campagne du candidat Blaise le savent, il y a une revanche à prendre. Le scrutin de 1991 s’était déroulé dans un contexte de crise politique sur fond de boycott de tous les candidats opposés à Blaise Compaoré. Celui de 1998 a été à quelques nuances près la répétition de 1991 à la différence que ce n’était plus un boycott unanime. Ram Ouédraogo et Frédéric Guirma avaient accepté de se présenter contre Blaise, ce qui leur avait valu le qualificatif quelque peu railleur de candidats accompagnateurs.

Aujourd’hui, la situation a bien changé avec la pléthore de candidats à l’affiche. Plus d’une dizaine pour un fauteuil. Mais malgré le fait que Blaise semble poussé par un vent favorable, des surprises ne sont pas à écarter. Ainsi certains pensent que les handicaps majeurs du candidat Blaise se trouvent à l’intérieur du CDP lui-même.

Les luttes de position au CDP

Les querelles de leadership qui ont de tout temps existé au sein de ce parti sur lesquelles Blaise pouvait surfer en temps normal pourraient lui causer de sérieux problèmes à l’occasion de cette élection. On a pu observer que Roch Marc Christian, président du parti, se retrouve à la tête d’une direction régionale de campagne (le Plateau central) alors que son challenger supposé Salif Diallo, secrétaire national occupe le poste de directeur national de campagne. Cette stratégie donne certes à Roch l’opportunité de s’affirmer comme leader de sa région, mais dans la compétition entre les deux hommes, c’est un avantage certain pour Salif pour ne pas dire un coup de pouce, quand on sait que le choix a été le fait du candidat lui-même.

Si Roch lui-même ne semble pas gêné par sa situation, il n’est pas sûr que ses partisans encaisseront bien le coup et joueront loyalement le jeu. Scénario semblable dans les Cascades où Mélégué Traoré est coiffé au poteau par Ludovic Tou dont l’assise régionale paraît moins évidente que celle de son aîné, de surcroît ancien président de l’Assemblée nationale. On a vu récemment les dégâts que peuvent causer des problèmes de personnes avec le départ du CDP de l’ancien maire de Banfora avec plus de 90 personnes dans un contexte de pré-campagne.

A ces problèmes s’ajoute le manque de charisme de certains directeurs régionaux de campagne qui auront fort à faire face à des opposants locaux plus incisifs. A cet égard, le dispositif de campagne mis en place par le CDP pourrait connaître par endroits de sérieuses difficultés.

Bonne implantation régionale de certains candidats alternatifs

Des opposants comme Hermann Yaméogo, Bénéwendé Sankara , Philippe Ouédraogo pourraient faire mieux que de la figuration surtout dans leur région respective et même au-delà. Quand on prend la région du Centre-Ouest, le CDP n’y a pas particulièrement brillé aux élections communales de 2000 et aux législatives de 2002. Pour ne parler que des communales, en dehors de la mairie de Léo, toutes les trois autres communes avaient été arrachées par l’opposition. En ce qui concerne les législatives, le CDP avait dû partager les 9 sièges avec l’opposition (4 pour le CDP et 5 pour l’opposition).

Au Nord, au Centre-Nord et au Sahel, Bénéwendé et Philippe pourraient y engranger des scores significatifs non seulement au regard de leur image personnelle mais de celle aussi des personnalités qui les soutiennent. L’implantation de Arba Diallo au Sahel pourrait profiter par exemple à Philippe. On sait aussi que Bénéwendé Sankara fascine par sa jeunesse et sa fougue et on est particulièrement attentif à son score au plan national.

Dans la boucle du Mouhoun, un certain Paré Emile est particulièrement attendu tandis qu’un Norbert Tiendrébéogo pourrait faire mal au Centre où il compte un nombre important de militants. Contrairement a ce qu’a pu laisser penser un sondage réalisé par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), le score de Blaise au premier tour pourrait sérieusement se trouver altéré par de nombreux facteurs que seule l’entrée en lice de candidats de l’opposition pourrait en permettre la lisibilité.

Existence d’un bilan à critiquer

Blaise Compaoré est le seul candidat qui sera face aux électeurs avec un bilan à présenter. L’exercice ne comporte pas que des avantages. Il y a certes ici et là des réalisations concrètes en termes d’infrastructures routières, hydrauliques ou agricoles, sans compter les écoles et les dispensaires, mais tout cela peut paraître bien théorique pour de nombreux Burkinabè qui demeurent éloignés de ces services.

Le seul élément palpable, c’est l’enfant du village lettré qui se serait épisodiquement présenté à ses frères de village pour solliciter leurs suffrages pour son parti qu’il dit au pouvoir, et qui disparaît une fois les échéances électorales passées. Plus concrètement, leur expérience du pouvoir, ce sont les rackets qu’ils subissent de la part des forces dites de sécurité, les tracasseries et les brimades, c’est aussi la montée du banditisme qui n’épargne plus personne. Les bandits attendent les villageois sur les routes, de retour du marché, pour leur arracher les maigres biens qu’ils se sont procurés.

Ainsi naît chez eux le sentiment qu’ils sont laissés à eux-mêmes sans protection. Mais le handicap le plus lourd du candidat Blaise, c’est son image entachée par les affaires. Aussi bien au plan politique, économique et en matière des droits humains, l’opposition dispose d’un vivier de faits et d’arguments pour tenter d’affaiblir Blaise. Mais sur ce registre-là, ce dernier a déjà fait montre de sa capacité à rebondir et aura l’occasion de le confirmer dans la dynamique de la campagne. Le 13 novembre prochain, les Burkinabè pourront mesurer ce qui en reste comme impact réel des différentes affaires en termes électoraux, en particulier la plus emblématique, l’affaire Norbert Zongo.

L’Evénement

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Vos commentaires

  • Le 28 septembre 2005 à 11:28 En réponse à : > Présidentielle 2005 : Les handicaps du candidat Blaise

    Tout ce que vous écrivez là, est bien vrai, mais n’empêche Blaise COMPAORE va gagner ces élections, même s’il faut faire entorse à certaines règles établies. Sa victoire dans cinq ans est quasi certaine aussi. Moi ma préoccupation c’est dans 10 ans, après les deux quinquenats (Blaise aura 64 ans), parce que le CDP malgré ses rivalités et divergences internes est capable de tout, y compris la modification à nouveau de la constitution pour prolonger la présence de Blaise à la tête de l’Etat. Parce que je ne m’imagine pas un seul instant qu’à 64 ans, avec tout ce qu’il a mis en place, Blaise COMPAORE puisse abandonner le pouvoir. Mais, enfin ... ça c’est un autre débat.

    • Le 28 septembre 2005 à 19:58 En réponse à : > Présidentielle 2005 : Les handicaps du candidat Blaise

      bien raisonné mon ami. imaginer blaise quitter le pouvoir dans 10 ans pour laisser ce beau palais en contruction à ouaga 2000 à un certain benewendé , yaméogo et autres.. cela serra t-il possible ?
      wait and see !

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