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Bilan du septenat de Compaoré : Info ou intox ?

Publié le mardi 27 septembre 2005 à 08h06min

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Le Père F. Balemans décortique un document relatif au bilan du septenat du président Compaoré. On y trouve, dit-il, de fausses informations.

L’auteur de cette plaquette n’est pas mentionné, mais c’est en tout cas quelqu’un qui sait donner de fausses informations. Quelques exemples :
Il est écrit : Blaise a renforcé la concertation avec les acteurs de la société civile.

Mais les paysans disent qu’il n’y a pas de dialogue. Le jour que les paysans rencontrent le Président, les organisateurs de la rencontre leur disent ce qu’ils doivent dire ou demander. Souvent les paysans reçoivent même un papier où les questions sont déjà écrites. Leurs vrais problèmes restent tabous.

Il est écrit : "le gouvernement a créé une Haute autorité de coordination de la lutte contre la corruption". Mais cette institution reconnaît explicitement que les pots de vin semblent courants dans le secteur des marchés publics. Il y a des rapports sur la corruption, mais ils n’aboutissent pas à l’enclenchement d’un processus de sanctions administratives ou judiciaires.

Le racket est une pratique courante qui se trouve dans la plupart des secteurs, en particulier de la santé, de la police, de la gendarmerie, de la douane, etc.
La Constitution demande que le Président et les ministres déclarent leurs biens. Il y a même une commission qui vérifie les déclarations et en fait des rapports, lesquels rapports sont donnés au Président ou au Premier ministre sous pli fermé, donc confidentiel. Mais jamais un ministre n’a encore été jugé pour fraude.

Dans notre pays, il existe plusieurs niveaux de contrôle administratif, mais le résultat atteint n’est pas encore satisfaisant. Au contraire, les rapports des instances de contrôle disparaissent dans les tiroirs des responsables. Le gouvernement fait semblant de lutter contre la corruption ; il a même créé huit structures pour lutter contre la corruption, mais sans suite.

Dans la plaquette du bilan, il est écrit qu’il y a trois faits majeurs dans l’appareil judiciaire : la création de certaines hautes juridictions, des tribunaux dans certaines villes et l’augmentation des indemnités des magistrats. Mais il s’agit pour l’appareil judiciaire d’être juste mais ce n’est pas du tout le cas. Et cela ne change pas par la multiplication des Palais de justice ni par l’augmentation des indemnités des magistrats.
Il est aussi écrit : "l’eau devient de plus en plus potable pour tous.

Pour les centres urbains, l’eau potable est disponible pour 80% de la population."
Il est aussi écrit : "pour la culture, les arts et le tourisme, un effort louable est fait ;" et c’est vrai.
Il est écrit : "le sport a une place de choix dans le pays.

Depuis la faillite de Faso Fani...

Tout n’est pas négatif. Sur certains points, le Burkina a avancé sous le règne du président Blaise Compaoré.
Il est écrit : "60 000 emplois ont été créés par le gouvernement depuis 7 ans. Mais dans ces sept ans, 210 000 diplômés sont arrivés sur le marché du travail."
Remarquez bien : tous les contre-arguments sont pris dans les documents du gouvernement.

Il est écrit : bonne gouvernance : dialogue, ouverture, réformes... Mais à Koudougou, le maire a été révoqué pour fraude dans les opérations de lotissement. Le maire dit que d’autres maires ont fait pire que lui. Cet argument ne tient pas la route : si je tue quelqu’un, je ne peux pas m’innocenter en disant que d’autres ont tué des dizaines de personnes sans être punis. Je constate cependant que le maire de Koudougou n’est pas CDP (parti au pouvoir), que les gens ne se sont pas plaint de lui, que les conseillers municipaux n’ont pas demandé son départ.

Depuis la débâcle de la faillite de Faso Fani, le maire a réussi à remonter la pente par ses réalisations : Koudougou avance de nouveau depuis 2001, l’année de mon arrivée dans cette ville. Je ne suis pas un militant de l’UNDD et je dis que si Hermann Yaméogo était Président, ce serait encore pire que sous le règne du président Blaise Compaoré. Mais fermer la mairie par force n’est ni dialogue ni ouverture.

La plaquette ne dit rien sur l’impunité concernant 91 crimes de sang, 81 crimes économiques, 49 autres crimes, alors que très peu de ces crimes ont été sanctionnés. 16 trafiquants d’enfants ont été arrêtés, mais seulement 3 ont comparu devant la Justice, et rien n’est dit sur la corruption qui va de mal en pis et appauvrit les plus pauvres.

Il faut que cela change : votez nul, mettez deux bulletins différents dans votre enveloppe. Blaise sera de toute façon Président, mais dites-lui par votre vote nul qu’il faut que cela change. Votez nul même si un parti vous a donné des cadeaux.

Il faut en finir avec la corruption. Il faut en finir avec les jugements injustes. Il faut en finir avec les rackets sur les routes. Il faut en finir avec les prix trop bas des produits de nos paysans. Il faut en finir avec les salaires trop bas. Il y a beaucoup de choses qui doivent être changées, mais commençons par ces quelques cinq points pour avoir une base pour le progrès et pour le développement.

Travaillons pour l’avenir de notre pays, de nos enfants et de nos petits-enfants : consommons et achetons les produits burkinabè, et votons nul.

Bonne nouvelle : en Algérie, par l’opération "mains propres" des hauts fonctionnaires, même des proches du président Bouteflika ont été limogés et incarcérés pour corruption.

F. BalemansB.P. 332 Koudougou
Le Pays

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