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Transparence électorale : « Laissez l’article 37 tranquille ! »

Publié le lundi 26 septembre 2005 à 07h52min

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Tâche difficile que de rassembler des représentants de partis politiques à moins de deux mois d’une élection. C’est à cette tâche que s’est astreint le National democratic institute (NDI), en organisant du 22 au 24 septembre 2005 un atelier thématique avec les principaux acteurs du processus électoral.

Cette rencontre qui avait pour thème « Les conditions pour la transparence de l’élection présidentielle et municipales et les responsabilités des acteurs » a regroupé des acteurs de partis politiques de la société civile et des médias.

Après la cérémonie officielle d’ouverture, qui a connu la présence d’un représentant de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, l’atelier d’échange, prévu pour durer trois jours, a démarré sur des chapeaux de roue avec les différentes communications. Le plat d’entrée a été servi par un exposant de nationalité canadienne, qui a fait un exposé sur les élections dans sa province, le Québec.

Sa présentation permettra de se faire une évidence : entre leur système, rôdé par une pratique électorale qui date des année 1600, et notre pratique électorale naissante, c’est le jour et la nuit. Ce qui semble avoir attiré l’attention des auditeurs c’est surtout le plafonnement des dépenses électorales. Exemple : le don d’un particulier à un parti politique ne doit excéder 6000 dollars canadiens.

En outre, 50% des dépenses électorales sont remboursées par l’Etat, mais à condition que l’on obtienne 15% des voix. Comme pour mieux tropicaliser les débats, le Dr Luc Marius Ibriga passera à table faire un exposé sur le processus des élections au Burkina Faso. En concluant, il énoncera les faiblesses de bien des partis : absence de culture démocratique interne, faiblesse institutionnelle due au manque de cadres, appels fréquents au boycott des élections, désenchantement face aux promesse électorales non tenues.

Abordant (suite à une question) le nomadisme de certains députés qui passent allègrement de parti en parti une fois élu, il précisera que ce comportement n’est nullement interdit par la loi. La souveraineté appartenant à la nation, expliquera-t-il, une fois élu, le député appartient à cette Nation et n’est plus « enchaîné » au parti politique qui l’a fait député.

« Je ne dirais plus rien ! »

Après le passage d’un expert qui s’est penché dans la soirée du 22 septembre sur le rôle du Conseil supérieur de la communication (CSC) dans l’organisation des élections, la journée suivante sera consacrée à trois exposés-débat : le rôle de la CENI puis du Conseil constitutionnel dans la transparence des élections et un panel de discussion des responsables de coalition politiques.

Si l’expert du CSC et le secrétaire général de la CENI s’en sont tirés « sans beaucoup d’égratignures » il n’en a pas été de même pour M. Benoît Kambou, membre de la Cour constitutionnelle, qui aura maille à partir avec bien des participants, qui douteront de la crédibilité de son institution. Même s’il ne lui a pas manqué la capacité de persuasion ou d’humour pour s’expliquer. Sur le choix des membres de cette Cour : « C’est vous et nous qui avons conçu la Constitution. Ce n’est donc pas le cadre ici pour la contester.

Partout les membres de la Cour constitutionnelle sont nommés. Ce n’est pas ici seulement. Quand ça vous arrange, vous ne dites rien. Quand ça ne vous arrange pas, vous dites de modifier la Constitution ». Sur l’article 37 : « Nous sommes un organe juridictionnel. Nous ne jugeons pas sur l’éthique politique. Nous tranchons par rapport à la Constitution ».

Sur la décision qui sera prise à propos de la candidature de Blaise Compaoré : « C’est vrai que nous n’avons pas bonne presse, mais on ne vous oblige pas à nous aimer. Mais de grâce, il faut attendre de nous voir à l’œuvre avant de nous juger ». Sentant qu’à la seconde série de questions, certains reviendraient sur ce fameux article, l’exposant lâchera sec : « Je sais que beaucoup vont encore parler de l’article 37. Mais de grâce, laissez l’article 37 de côté ; parce que je n’en dirais rien ! ». Rires dans la salle.

Quand l’UNDD et l’ADF-RDA s’étripent

L’originalité dans ce séminaire d’échange organisé par le NDI a été surtout le panel de discussion des responsables de coalition de partis politiques que sont Alternance 2005, l’ADF-RDA, la majorité présidentielle et l’OBU. Si l’occasion a été bonne pour les représentants de ces coalitions d’évoquer leurs visions et leur stratégies pour une meilleure transparence des élections, certains, en militants de partis politiques bien définis, en ont profité pour échanger des mots aigres-doux qui, par fini ont indisposé plus d’un dans la salle. D’ailleurs, ni l’endroit, ni les circonstances ne s’y prêtaient, d’autant plus que le combat politique est ailleurs sur le terrain.

Cet échange de piques a concerné Fidèle Hien qui présentait l’exposé au nom d’Alternance 2005 et Sidiki Belem pour la coalition ADF-RDA. La tension montait tant du côté des exposants que des auditeurs, qu’il a fallu tout le tact et le sens de la diplomatie de Mme Aminata Faye Kassé, directeur de NDI-Burkina, pour recentrer le débat. C’était tout de même lamentable.

Heureusement que cet incident de parcours qui est fréquent, mais tout de même pas souhaitable pendant des rencontres du genre, n’a pas empêché le séminaire de fermer ses portes dans la bonne ambiance et avec le sentiment, pour la plupart, d’avoir appris bien des choses pendant ces trois jours. Remarque de la directrice du NDI : « Souvent, on ne mesure pas les connaissances capitalisées à la fin d’une formation. Pourtant on a beaucoup appris pour soi-même et pour son institution. Chacun donc à son niveau doit contribuer à faire émerger la transparence ».

L’une des prochaines activités de la structure sera l’élaboration d’un guide pour la formation des délégués de partis politiques. Une première formation est déjà prévue pour Ouahigouya. Bon vent donc au NDI !

Issa K. Barry

Observateur Paalga

P.-S.

Lire aussi :
Présidentielle 2005

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