LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Togo : Faure Gnassingbé fertilise le sillon de son pouvoir

Publié le lundi 26 septembre 2005 à 07h41min

PARTAGER :                          

Enfanté dans la douleur (mort subite du général Eyadéma, massacres et
exode massif de populations avant et après un scrutin présidentiel contesté),
le pouvoir de Faure Gnassingbé est en train de fertiliser son sillon. D’abord,
sur le plan international.

Grâce à une diplomatie discrète, celle qui se
démarque des gesticulations improductives, le nouveau président a su
arracher une légitimité sous-régionale et internationale et rétablir la confiance
entre son pouvoir et des partenaires jadis hostiles à son arrivée à la tête de
l’Etat.

L’on se rappelle cet accroc entre Obasanjo et Konaré respectivement
président en exercice et président de la commission de l’UA, lorsque ce
dernier avait manifesté l’intention de nommer un représentant de l’institution
panafricaine au Togo. Depuis lors, l’Union africaine a dû mettre de l’eau dans
son vin.

Toujours sur le plan sous-régional, le nouveau président a multiplié
les contacts et les gestes de bonne volonté en direction de ses voisins
immédiats. D’aucuns ont même parlé d’axes entre Lomé et certaines
capitales ouest-africaines. Realpolitik oblige, la Côte d’Ivoire n’étant plus une
destination sûre, certains pays voisins du Togo ont compris que de la stabilité
politique de ce pays, dépend leur propre avenir, surtout sur le plan
économique.

Sur le plan international, l’offensive de charme en direction de l’Union
européenne a été payante. Gelée depuis 1993 pour cause de violation des
droits de l’homme, la coopération entre le Togo et l’Union européenne est en
voie de réactivation.
Si Bruxelles a décidé de desserrer l’étau qui étouffe le Togo depuis plusieurs
années, c’est qu’elle est persuadée que tel fils n’est pas forcément tel père.

En effet, depuis son arrivée au pouvoir, Faure Gnassingbé ne donne pas
l’impression de suivre les pas de son géniteur, effaçant progressivement ainsi
l’image négative que donne de lui son opposition radicale. Chose
inimaginable sous le règne de son père, il a accepté de discuter récemment,
par l’intermédiation de l’ONG Sant’ Egidio, avec le principal opposant Gilchrist
Olympio. Lors de la récente session de l’Assemblée générale de l’ONU, il
avait encore réaffirmé sa volonté d’ouverture à ses opposants dans le cadre
d’une réconciliation nationale. Il se dit même prêt à appeler le fils de Sylvanus
Olympio, l’opposant le plus radical, à la tête du gouvernement.

Du coup,
devrait disparaître en principe, le principal verrou constitutionnel qui
interdisait Gilchrist Olympio de se présenter aux futures échéances
électorales. En plus, il envisage de réhabiliter et d’en faire un héros national,
celui qui a été assassiné en 1963 et qui fut le père de l’indépendance du
Togo.

Mais, dans un pays où les méfiances et les récriminations réciproques,
renforcées et exacerbées par le long règne d’un dictateur, sont difficiles à
effacer, on peut comprendre les réticences du principal opposant, celui qui
avait échappé de justesse à la mort.

Estimant que la réhabilitation de la
mémoire de son père n’était pas l’essentiel mais plutôt pour l’instant, la
libération des prisonniers politiques, la lumière sur les victimes de violences
politiques et de massacres et le retour des réfugiés. Il est de bonne guerre
qu’Olympio place la barre très haut. Il n’empêche que sa réputation de radical
inflexible devrait s’effacer devant les intérêts du Togo et même de ses
propores partisans.

En effet, le nouveau président, avec tout le capital de
respectabilité qu’il est en train d’accumuler progressivement, pourrait réussir
sa réconciliation sans Olympio. En tout les cas, l’avenir du Togo ne saurait
être à la merci de la perpétuation de la haine que se vouaient le général
Eyadéma et son prédécesseur. Leurs fils devraient enterrer ce mauvais
héritage en se réconciliant.

D’autant plus que si le régime actuel a la plus
grande part de responsabilité dans ce qui s’est passé au Togo, il faut
reconnaître que par ricochet, l’opposition elle aussi y est pour quelque
chose. Pendant que leurs militants étaient massacrés dans la rue, leurs
dirigeants étaient bien à l’abri. En exil.

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique