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Transparence des élections : Il n’y a pas pire aveugle...

Publié le lundi 26 septembre 2005 à 07h48min

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Elle est une éternelle question de polémique récurrente. A l’approche de chaque scrutin, la transparence de l’élection occupe l’espace médiatique. Par l’astuce de certains opposants, la campagne prend une allure de tour de Babel de laquelle ne provient aucun son audible, sinon qu’une prise en otage du débat contradictoire ou de l’affrontement des idées.

Et au rythme où vont les choses avec l’enchaînement de la naissance des regroupements anti-fraude et de la publication dans les quotidiens de points de vue et de déclarations, le risque existe d’assister à une campagne fade, sans moelle ni consistance. De la multitude des partis politiques, un observateur de la scène politique a fait remarquer qu’aucun ne dispose d’un programme politique mesurable et quantifiable. Tout est alors dit...

En cette période pré-électorale de surcroît une consultation aussi capitale que la présidentielle, le citoyen est en droit d’attendre à tout le moins d’espérer que les candidats et leurs partisans élèvent le niveau des débats. Il est en droit de croire que ceux-ci vont se surpasser en avançant des propositions concrètes sur ses problèmes existentiels.

Or on constate avec désolation que même les opposants se disant avoir le "potentiel" pour réaliser l’alternance pensent parvenir à leur fin en jetant le discrédit sur notre démocratie par une remise en cause sans nuance des mécanismes en place.

Peut-être que les progrès de notre démocratie vont un peu vite pour ces éternels pessimistes et autres rabat-joie.

Qui peut aujourd’hui objectivement nier la réalité selon laquelle le dispositif d’organisation et de mise en œuvre des consultations électorales au Burkina Faso n’ a rien à voir d’avec celui de 1992. Chaque étape a vu et enregistré des progrès indéniables sur tous les aspects et il ne viendrait qu’à l’esprit chagrin des éternels perdants de ne pas le voir et l’admettre.

Même à considérer qu’il y ait encore des lacunes, l’essentiel de ce qu’il faut pour valider des élections libres, régulières et transparentes est réuni. La démocratie au Faso n’est pas un leurre et ce n’est pas uniquement le processus de dévolution du pouvoir qui permet de l’affirmer.

Un vent de liberté souffle de mieux en mieux depuis l’adoption en 1991 de la constitution. Des hommes de volonté l’ont dit sans ambages, la liberté d’expression n’a pas de prix. Chacun peut s’exprimer et aborder jusqu’aux sujets considérés jadis ici comme tabous. Ailleurs, sont admis ceux qui s’expriment par le truchement des arts du spectacle de la création artistique et culturelle, ce luxe-là de dire sans exclusive est une ligne d’horizon.

Oui, nous persistons à soutenir qu’il y va de la responsabilité des partis politiques à veiller à la régularité des scrutins électoraux. Vérifier, contrôler et influencer le processus est d’abord et avant tout de leur responsabilité. La société civile ne peut que constituer un appoint, car à la vérité elle n’a aucun intérêt à préserver. Lorsque certains rêvent à des écrits plus incendiaires que constructifs et productifs aux éventuels lecteurs, ils ne font que justifier leur incapacité à peser sur les événements et mieux à changer les choses. Le citoyen lui a compris depuis quelques années déjà que ces politiciens de salon ne peuvent pas faire son affaire. Aussi, il regarde avec amusement ces chamailleries interminables de gamins qui semblent le défouler sur un terrain vague.

Ce sont les politiques qui par leur incurie jouent à la roulette russe. Les gens ne croient plus à leur discours parce qu’il est invariablement le même et finit en conséquence par ne plus en être un. C’est pourquoi, la grande majorité a été surpris ou a feint de l’être des résultats du premier sondage réalisé par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Et au lieu de le considérer à sa juste valeur, ils ont agi exactement comme d’habitude en attaquant au vitriol cet organisme dont jusqu’ici personne n’avait attaqué la crédibilité. Comme quoi, les vrais démocrates n’ont jamais été là où on est supposé le croire.

C’est une maladie congénitale en fin de compte que nos politiciens , l’opposition notamment doit combattre. Celle en l’occurrence qui veuille qu’elle se donne dans tous les cas bonne conscience en choisissant de se défoncer sur les autres. L’agitation politicienne dans les journaux, s’attribuer le beau rôle donnent certes l’illusion qu’on existe mais ils n’ont jamais aidé à arracher le pouvoir. Mais pourquoi pleurer à la place d’autrui ? C’est ainsi que se décline depuis le vent de La Baule le jeu politique sur le continent. Pour notre santé morale, il n’y a toutefois pas lieu de désespérer. Peut-être qu’un jour, cette opposition finira par comprendre que son rôle est plus difficile et sa responsabilité plus grande que ceux des pouvoirs en place.

Souleymane KONE
L’Opinion

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