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Saponé : Vous avez dit "directeur racketteur" ?

Publié le jeudi 22 septembre 2005 à 07h23min

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A travers ce droit de réponse, Jean-Baptiste Nacoulma, Inspecteur, chef de
la Circonscription d’éducation de base de Saponé, réfute le contenu de
l’article d’un enseignant, paru dans notre édition du 1er septembre.

Monsieur le directeur,

Dans "Le Pays" n°33450 du jeudi 1er septembre 2005, vous publiiez un écrit
d’un prétendu enseignant de la Circonscription d’éducation de base de
Saponé, mettant en cause le directeur d’une école qui se serait rendu
coupable de racket.

Nous venons, en réaction à cet écrit émaillé de déclarations mensongères,
apporter des éléments d’informations afin d’éclairer les lecteurs de votre
journal sur les faits tels qu’ils se sont passés.
En effet, l’école dont il est question est située à 25 km du chef-lieu de
département et de l’établissement secondaire le plus proche.

Le directeur de
cette école, depuis sa nomination en octobre 2002, a toujours tenu la classe
de CM2 en y consacrant son temps et son énergie à la préparation
conséquente des candidats aux examens scolaires (en témoignent les cours
données les jeudis, les samedis soirs et même pendant les congés et les
vacances).

C’est dans le but d’aider ses élèves lauréats à obtenir une place en classe de
sixième (chose normale pour un maître consciencieux) que le directeur a
constitué des dossiers qu’il a déposés au lycée départemental de Saponé et
au CEG de Ipélcé avec l’accord des parents d’élèves. Pour ce faire, il a été
demandé à chaque parent une somme de 2 250 F CFA comme contribution
aux frais de dossiers. Au total, 16 élèves ont versé ladite somme, et leurs
dossiers ont été constitués et déposés : 13 dossiers au lycée de Saponé et 3
dossiers au CEG de Ipelcé.

A cela, il faut ajouter un deuxième dossier remis
à chaque parent pour un autre établissement secondaire de son choix.
Où se trouve alors le délit de racket auquel on veut nous faire croire ? Se
dépenser physiquement et financièrement pour des élèves et leurs parents,
est-ce du racket ?

L’analyse que nous faisons de l’écrit nous permet de dire que son auteur est
un proche du directeur ; une personne qui a vécu de près la situation ; alors
pourquoi a-t-il choisi de cacher la vérité aux lecteurs ? Que recherche-t-il
quand il affirme de façon éhontée que le directeur a exigé des poulets et le
labour de son champ avant la publication des résultats ?

"Avec ce genre de comportement ..."

Pour notre part, nous pensons que l’écrit émane d’un individu qui a choisi de
nuire à la personne du directeur et nous en voulons pour preuve le fait qu’il
ait refusé de dévoiler son identité. A-t-on besoin de se masquer, de se
couvrir le visage pour dire la vérité, surtout quand on prétend défendre les
intérêts des populations ?

Cette attitude est le fait de quelqu’un qui n’a pas le
courage de ses opinions et qui préfère se cacher pour faire le mal.
Nous voudrions, par ailleurs, relever l’impertinence de certains
développements contenus dans l’écrit.

Il s’agit par exemple de l’idée qui fait
croire que le directeur d’école est compétent pour exclure un élève, ou de
l’appréciation qui est faite du racket en le jugeant tolérable si le montant
perçu par le racketteur n’excède pas 1 000 F CFA.

Nous voulons rappeler
que les exclusions comme les passages en classe supérieure et les
redoublements relèvent de la compétence de l’Inspecteur chef de la
circonscription sur proposition du conseil des maîtres et que le racket est
condamnable quel que soit le montant.

La démarche employée par notre "collègue" mérite également que l’on s’y
attarde car il dit être lui-même directeur d’école (ce dont nous doutons) donc
un collaborateur direct de l’Inspecteur ; nous pensons qu’il aurait été plus
responsable s’il prenait contact avec son supérieur hiérarchique pour lui
expliquer le problème (si problème il y a ) au lieu de l’interpeller par voie de
presse en ameutant du même coup l’opinion sur des faits non avérés.

A ceux qui reprochent au directeur de l’école de refuser de s’expliquer sur
des initiatives personnelles (journal l’Evénement n°75 du 10/09/2005, p.14),
nous répondrons que le directeur n’a de compte à rendre qu’à sa hiérarchie.

Et qu’appelez-vous initiatives personnelles ? Dans un village où la quasi-
totalité de la population est analphabète, voulez-vous que l’enseignant
abandonne les élèves qu’il a mis du temps à préparer à leur sort parce qu’il
ne doit pas prendre des initiatives ?

Nous n’avons pas l’intention d’entretenir la polémique sur cette affaire mais
les enseignants de la race de celui qui vous a envoyé l’écrit sont de véritables
poisons pour la corporation. Avec ce genre de comportement, la valorisation
de la fonction enseignante n’est pas pour demain.
Tout en espérant que notre réaction contribuera à rétablir les faits dans leur
contexte pour vos lecteurs, nous vous prions de recevoir, monsieur le
directeur, l’expression de notre profonde gratitude.

L’Inspecteur chef de la circonscription d’Education de base de Saponé

K. Jean Baptiste NACOULMA

Le Pays

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