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La parenté à plaisanterie ou le « Sinankunya »

Publié le jeudi 22 septembre 2005 à 07h22min

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Pour nombre de Burkinabè, la parenté à plaisanterie ou « sinankunya » en dioula et « rakiré » en mooré sont synonymes. Si la plaisanterie est le trait commun à tous, il existe toutefois des nuances dues à leurs origines assez différentes. C’est ce que tente d’expliquer M. Damoussira Joseph Ouattara de SITARAIL qui apporte ainsi sa contribution pour une meilleure connaissance de nos traditions et coutumes.

La parenté à plaisanterie et le « sinankunya » ont le même but, mais ils n’ont pas la même origine.

La parenté à plaisanterie est vécue à plusieurs niveaux dans une ethnie donnée :

1°) La plaisanterie entre deux clans de l’ethnie (exemple : les forgerons avec les personnes dites nobles).

2°) La plaisanterie entre les enfants et leurs oncles maternels.

3°) La plaisanterie entre les enfants et leurs grands parents.

Il y a ensuite la plaisanterie née du bon voisinage ou de la bonne cohabitation des ethnies. Pour prévenir un éventuel conflit, et maintenir la paix et l’entente, des communautés voisines instaurent une plaisanterie entre elles. Je citerai par exemple :

1°) Les Bobo et les Dafing

2°) Les Bobo de la région Ouest de Sya, avec l’ethnie Tiéfo. Les Bobo appellent les Tiéfo « vini » qui signifie « insulte ». Lorsqu’un Bobo rencontre un Tiéfo, il plaisante avec lui en l’insultant.

Des villages sont allés plus loin dans cette plaisanterie en procédant à un jumelage (exemple : Koumi est jumelé avec Noumoudara, Lagafourso avec Finlandé). Les habitants de deux villages jumeaux sont les membres d’une même famille. C’est-à-dire par exemple, qu’un habitant de Lagafourso et un habitant de Finlandé sont nés d’un même père et d’une même mère.

Quant au « sinankunya », voici comment il est né.

Le mot « sinankunya », devait être « siyakunya ». Il a subi un arrangement. Cet arrangement existe dans beaucoup de langues. Par exemple en français, au lieu de « unze », on dit onze qui veut dire un et dix.

« Sinankunya » est composé ainsi :

Si : signifie ethnie, race

Kun : signifie guerre, bataille

Ya : signifie le fait de, l’action de.

« Sinankunya » veut dire donc, le fait de la guerre des ethnies. C’est un accord établi entre les ethnies qui ont eu à se faire la guerre. Par cet accord, les différentes ethnies s’engagent à ne plus laisser un tel drame se produire entre elles. Le papier n’étant pas un instrument de notre culture, et comme nous faisons tout d’une manière pratique, c’est-à-dire que tout doit se retrouver dans le vécu quotidien, elles (ethnies) ont établi la plaisanterie pour bannir la colère entre elles, parce que c’est la colère qui engendre la haine, source des conflits. Il n’y a donc pas de « sinankunya » entre les ethnies qui ne se sont jamais fait la guerre. C’est pourquoi, il n’y a pas de « sinankunya » entre les Bobo et les Dafing. C’est entre les Fula (peulh) et les Bobo qu’il y a le « sinankunya ».

Le sinankunya » s’étend sur toutes les ethnies alliées. La plaisanterie des anciens esclaves et les anciens maîtres fait partie du « sinankunya ». C’est dans ce cadre que se situe la plaisanterie entre les noms de famille (exemple : Koné et Traoré).

Voici ce que je sais des plaisanteries. En tout cas, le Bobo n’a jamais dit qu’il était le parent du Fula (Peulh).

Damoussira Joseph
OUATTARA
SITARAIL Bobo-Dioulasso

Sidwaya

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