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Imbrolglio électoral à Berlin : C’est de l’allemand, du haut allemand

Publié le mercredi 21 septembre 2005 à 08h15min

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L’Allemagne est plongée, depuis le 18 septembre 2005, dans une crise politique sans précédent. En effet, les élections législatives anticipées qui s’y sont déroulées ce jour ne sont pas parvenues, à l’issue du décompte, à départager très nettement les deux candidats.

Le chancelier sortant, Gerhard Schröder du Parti social-démocrate (SPD), et Angela Merkel de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Toutefois selon les résultats officiels provisoires publiés par la Commission électorale, la dernière citée est arrivée en tête avec 35,2% contre 34,3% des voix au premier. Soit, en matière de sièges, 225 députés pour la CDU et la CSU, son alliée bavaroise, contre 222 pour la SPD.

Conséquence, chacun des deux prétendants au pouvoir revendique la victoire et pense qu’il lui revient de former le gouvernement. Schröder de son côté, qui récuse la victoire de l’opposition, parle d’une « défaite grandiose » de sa rivale et affirme même vouloir rester à la tête du gouvernement. Angela Merkel estime, elle, que « le gouvernement rouge-vert a été désavoué » et que son parti a « un mandat clair pour former le gouvernement ».

C’est là un embrouillamini électoral, consécutif à la quasi-égalité entre chrétiens-démocrates d’Angela Merkel et sociaux-démocrates de Gerhard Schröder, qui entraîne du coup l’Allemagne dans ce qu’il convient de qualifier, de véritable naufrage politique. Tout ne semble cependant pas joué.

Il faudra encore attendre le verdict final après l’élection législative partielle le 2 octobre prochain dans la circonscription de Dresde-I, dans l’ex-République démocratique allemande. Ce résultat, espèrent certains observateurs de la politique allemande, pourrait venir modifier le rapport des forces, voire dégager une majorité absolue qui départagerait les candidats à la chancellerie. Autrement dit, à défaut, la seule alternative pour l’avenir politique de l’Allemagne résiderait dans des alliances en vue de la formation du gouvernement. L’heure y est donc aux grandes manœuvres entre partis politiques pour tenter de dégager une coalition majoritaire au Bundestag.

D’emblée, le maintien de Gerhard Schröder à la chancellerie est la condition posée par les sociaux-démocrates pour prendre part à la coalition. Pas question, a rétorqué Angela Merkel, qui estime qu’étant donné que son parti, la CDU, avec sa branche bavaroise, est arrivé en tête dans les élections, il lui appartient de diriger une éventuelle « grande coalition ». Parlant d’alliances, trois hypothèses se présentent : CDU - SPD avec Merkel comme chancelière ou SPD - CDU avec Gerhard Schröder à sa tête, ou encore SPD - Verts incluant une partie du FDP. Tous excluent la possibilité de cohabiter avec la gauche radicale.

Aussi curieux que cela puisse paraître, les différentes analyses de la presse allemande tendent à présenter Angela Merkel comme la perdante des élections parce que n’ayant pas obtenu le score prévu par les sondages (41 à 42% des voix). « Elle a gagné et quand même perdu », a écrit le quotidien populaire Bild. Pour le Franfurter Allgemine Zeitung, c’est la « débâcle pour les Unions chrétiennes et leur candidate à la chancellerie ».

Plusieurs données de sa biographie sont perçues comme des handicaps pour Angelina, candidate d’un parti très masculin et, catholique, bien enraciné à l’Ouest. Les étiquettes les plus illustratives compromettant ses chances sont, entre autres, le fait qu’elle soit femme, originaire de l’ex-RDA, protestante, divorcée, remariée, sans enfant.

Cette situation politique allemande, faut-il le dire, est plus que complexe et met dans l’embarras presque tous ceux qui cherchent à y comprendre quelque chose. On ne sait pas pourquoi tous ceux qui spéculent sur cet imbroglio présentent Angelina Merkel comme la perdante parce que tout simplement elle n’a pas atteint le score que lui accordaient les sondages.

Pourquoi ne dit-on pas autant, avec force, de Schröder surtout que c’est lui qui a provoqué cette bagarre en demandant l’organisation d’élections anticipées ? S’attendait-il à un tel score ? Evidemment non. N’est-ce pas donc à un véritable acharnement que les différents analystes se livrent sur Merkel ? Cela ne traduit-il pas des sentiments misogynes de la société allemande ?

C’eût été en Afrique que ces donneurs de leçons européens n’auraient pas hésité à qualifier cela de scandale propre à des apprentis démocrates. Comme quoi personne n’est irréprochable.

Hamidou Ouédraogo

(1) « C’est incompréhensible ». Allusion à l’écriture gothique, plus qu’aux difficultés d’une langue parlée. C’est du chinois, de l’hébreu, de l’algèbre, et l’adage médiéval Graecum est non legitur (c’est du grec, ce n’est pas lisible). L’expression est dans le Quart Livre de Rabelais. (in Les usuels du Robert)

L’Observateur

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