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Sondage CGD : La douche froide

Publié le jeudi 15 septembre 2005 à 07h47min

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Si le sondage du CGD a été, ne serait-ce que pour l’initiative, favorablement accueilli par les Burkinabè, il n’a pas manqué quelques voix éparses pour administrer à l’institution du professeur LOADA quelques volées de bois verts au prétexte inavoué que son travail les dessert en faisant ressortir leur véritable image.

Certains y ont même vu la main de Blaise COMPAORE qui serait le commanditaire de tout ce qui se passe sur le plan politique au Faso, insultant par là, l’intelligence de tous les hommes de bon sens. Si le CGD lui aussi ne peut plus jouir de la crédibilité qu’on lui reconnaît, où veut-on nous mener finalement ?

Un sondage, les spécialistes le disent, n’est que la traduction à un moment « T » donné des tendances de l’opinion par rapport à un fait, un sujet, un événement donné. C’est donc dire qu’à l’épreuve du temps et des contingences qui peuvent guider les uns et les autres, les opinions peuvent changer quand adviendra un autre moment « T » dans le même espace géographique.

Ceci pour dire que les résultats du sondage du CGD sont le reflet de l’appréciation que les enquêtés, qui, quoiqu’on dise, sont un échantillon représentatif de la population de la commune de Ouagadougou, ont de la vie politique et des hommes politiques au Faso au moment où ils ont été abordés par les enquêteurs (entre le 27 juin et le 7 juillet 2005). Maintenant, que ces résultats n’aillent pas dans le sens voulu par les uns et les autres pour ce qui est des acteurs politiques concernés, l’organisateur de l’activité n’en a cure. Sa préoccupation était de tout simplement recueillir les données avec toute la froideur qui s’impose.

Rien ne permet de douter que le CGD n’ait pas travaillé dans cet état d’esprit et c’est pourquoi on est surpris qu’au lieu de faire des critiques constructives dans le but de l’amener à améliorer les prochains sondages, certains se soient sentis délibérément desservis par l’institution que dirige le professeur LOADA qu’on semble maintenant classer parmi les « achetés » qui font l’apologie du camp d’en face et alors de disséquer son travail dans le sens d’accréditer une thèse à laquelle eux-mêmes ne croient pas. Qu’est-ce qu’il est difficile d’exprimer son impartialité sous le chaud soleil du Faso ! Dès lors que vous n’appréciez pas les choses dans le sens souhaité, l’on vous enfile la camisole standard de ceux du versant opposé de la montagne. On voit bien que l’expérience malheureuse des troglodytes de Montesqui eu n’édifie pas certains.

Mauvais classés, bons contestataires

« Les résultats présentés doivent être interprétés comme les rapports de force à la période de l’enquête (NDLR = 27 juin au 7 juillet 2005) et en aucun cas comme prédictifs des résultats le jour du vote » ; le CGD a eu beau habiller son rapport de tels propos de prudence car il s’est exercé dans un domaine où la critique passionnée l’emporte sur l’analyse rationnelle, il ne sera pas à l’abri des médisances de ceux qui prennent leurs rêves pour des réalités. Et pourtant en politique comme en sport, la vérité du terrain fait force de loi ; les pronostics ou projections même s’ils sont intéressants ne peuvent décider du résultat final d’une compétition.

Au Faso, montrer à travers un sondage de l’électorat potentiel que tel qui se prend pour un WADE des temps de gloire du « Sopi » au Sénégal n’est que menu fretin sur la scène politique nationale parce que pas très connu et surtout pas crédible aux yeux des enquêtés, est un crime impardonnable. Quelque scientifique qu’il soit, le travail abattu ne mérite que la poubelle et ses exécutants regardés du coin de l’œil si ce n’est voués aux gémonies.

D’ailleurs des allusions malveillantes vont à vouloir faire croire que le sondage en question pourrait avoir été concocté dans les allées de la présidence du Faso avec un Blaise COMPAORE (ce n’est pas pour rien que, « paradoxe des paradoxes », il est « premier de la classe ») comme commanditaire ! Cela fait penser à cette histoire du petit Razo qui voit toujours en son classement scolaire, la résultante de la volonté de ses enseignants de le confiner à ce rang de bon dernier de la classe.

Fils à papa, malgré la création des conditions optimums par son géniteur pour sa formation intellectuelle, Razo, partisan du moindre effort, reste scotché au dernier rang à chaque composition et pour se justifier se présente en victime de l’injustice de ses professeurs qui corrigeraient mal ses copies. Même si ses explications sont loin de convaincre, Razo en tous les cas est satisfait parce qu’il réussit à se faire croire à lui-même qu’il est un bon élève qui mérite mieux s’il n’avait pas à faire à de tels enseignants. Il peut ainsi bien dormir sans sentiment de culpabilité.

Revenant au sondage, le CGD devait-il soumettre le questionnaire proposé aux enquêtés à la correction et aux amendements de la classe politique avant d’exécuter son travail ? Le voudrait-il qu’il serait obligé de remettre aux calendes grecques une initiative qui ne se serait concrétisée tant l’aberration de la démarche l’emporterait sur l’utopie de croire que puissent s’accorder sur un tel sujet des acteurs d’une classe politique aux allures de jeunes étudiants se délectant de la polémique stérile.

Voilà qui autorise à dire que contester le questionnaire, c’est faire une fausse querelle au CGD car de la pertinence ou de la formulation des questions, on peut en discuter l’éternité et il faut se dire qu’autre institution ou organisme s’exercerait au même travail et sur le même sujet qu’il ne pondrait pas le même questionnaire. Reconnaissons tout simplement que le CGD a fait un bon travail qui n’est pas exempt d’insuffisances. Du reste, à sa décharge, le pays n’est pas coutumier d’une telle activité et donc de la matière, il fallait pour l’institution en chercher. Ce qui n’a indubitablement pas été sans difficulté.

Contester les résultats d’un sondage n’est-ce pas donner un coup d’épée dans l’eau ? Quelles dividendes puisqu’on ne peut changer cette photographie de tendances à un moment « T » faite par une autre personne ; à moins de faire soi-même une autre photographie selon son angle de vision qui le mettrait plus en évidence ! Le sondage d’opinion, c’est aussi un des artifices de la démocratie, mais ses résultats engagent-ils ?

En tout cas, les auteurs affirment toujours qu’ils ne sont qu’indicateurs et pas « prédictifs ». Malheureusement pour certains hommes politiques intéressés par le sondage et leurs affidés, celui-ci apparaît comme une douche froide, c’est donc de bonne guerre qu’ils montent sur leurs grands chevaux et regardent de biais un travail qui s’est voulu scientifique.

L’allusion insidieuse à un travail fait sur commande et sur mesure, alors que jusqu’aujourd’hui malgré l’attitude jugée mitigée du professeur LOADA sur la question de l’article 37 de la Constitution, son institution est créditée d’un sérieux et reconnue au-dessus de la mêlée politicienne, cette allusion-là insulte l’intelligence des Burkinabè qu’on assimile à des moutons de Panurge incapables d’agir par eux-mêmes.

A force de voir derrière chaque acte politique au Faso l’ombre, de Blaise COMPAORE, certains opposants s’autoflagellent et sont (peuvent-ils le savoir ?) les vrais promoteurs de l’image de l’homme.

Avant même que le sondage du CGD ne vienne confirmer l’évidence, n’ont-ils pas eux-mêmes mis Blaise COMPAORE sur le piédestal ? S’ils ne l’ont pas déifié puisque pour eux, à l’aide d’une baguette magique, il fait et défait tout au Faso ! C’est dommage que le CGD voit douter de sa crédibilité pour quelque chose qui est d’évidence mais gageons qu’il saura faire sienne cette sagesse chinoise : « Nul ne peut empêcher les oiseaux du malheur de voler au-dessus de sa tête, mais chacun peut les empêcher de faire leurs nids dans ses cheveux ».Vivement le prochain sondage !

Par Fatogoma DOUSSE
L’Opinion

P.-S.

Lire aussi :
Présidentielle 2005

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