Sahéliennes, Sahéliens,

Le 12 septembre 2005, nous célébrons la 20e Journée du CILSS dont le thème retenu cette année est "Energies renouvelables et développement durable" .

Comme vous le savez, le Sahel partage une fois encore, les mêmes angoisses mais aussi, les mêmes espoirs et surtout, la même détermination face à l’adversité. En effet, chacun sait que du fait essentiellement d’un déficit pluviométrique mais aussi de l’invasion de notre sous-région par des criquets pèlerins, les résultats de la campagne agro-pastorale passée ont été nettement en-deçà de nos espérances. Cela a laissé nombre de pays sahéliens dans une situation de crise alimentaire plus ou moins aiguë suivant les cas.

En cette journée du 12 septembre, tout en nourrissant l’espoir d’une campagne agropastorale plus féconde, les populations sahéliennes dans leur ensemble devront se remémorer les nobles ambitions de notre organisation commune, le CILSS, et se rappeler les actions quotidiennes qu’elle entreprend pour aider les pays sahéliens à réussir leur combat contre le sous-développement et pour le développement durable au Sahel.

Sahéliennes, Sahéliens,

L’énergie, dans ses diverses formes, constitue le moteur de toute activité humaine, donc du développement humain. Cela fait de l’approvisionnement en énergie un enjeu de développement de premier ordre pour tout pays.

Au Sahel en particulier, il est généralement admis que l’essentiel de la consommation d’énergie se rapporte aux besoins domestiques dont la satisfaction doit s’accompagner d’une gestion durable des ressources forestières disponibles. Le prélèvement sur les ressources ligneuses est donc allé crescendo, augmentant avec la population et se combinant avec les pertes dues aux feux de brousse et au défrichement.

C’est donc dire qu’il y a une faiblesse de la consommation énergétique, se traduisant par une utilisation excessive des motricités humaine et animale pour la satisfaction des besoins quotidiens tels que la recherche d’eau, le transport, etc. et ce, avec de très faibles rendements.

Les populations du Sahel, notamment celles des milieux périurbains et ruraux, ont donc besoin d’énergie pour entre autres : l’électrification des zones reculées et isolées, le pompage pour la satisfaction des besoins en eau potable et en irrigation, la santé humaine et animale, l’éducation, la communication, la production artisanale, le séchage et la conservation des denrées, etc.

La satisfaction de cette catégorie de besoins n’est raisonnablement pas envisageable actuellement à travers la connexion des milliers de villages du Sahel aux réseaux électriques nationaux. D’où l’impérieuse nécessité de se tourner vers les énergies renouvelables disponibles localement et réputées plus saines et adaptables à des contextes différents. Je veux parler de l’énergie solaire, de l’hydroélectricité, de l’énergie éolienne et de la biomasse.

Aussi, le choix du thème de la 20e Journée du CILSS, à savoir "Energies renouvelables et développement durable" confirme l’attention que le Sahel entend consacrer à la question énergétique, particulièrement à l’utilisation généralisée des énergies renouvelables pour que celles-ci jouent pleinement leur rôle dans la construction d’un développement humain propre et durable.

Sahéliennes, Sahéliens,

Depuis quelques années, il se développe un intérêt de plus en plus grandissant pour l’utilisation massive des énergies renouvelables à travers le monde. Le rôle de ces énergies pour le développement durable et pour l’amélioration de l’accès à l’énergie moderne, notamment au profit des populations rurales et démunies, a été mis en exergue solennellement lors du Sommet de planet’Ere. Plus récemment, en juin 2004, le gouvernement allemand a organisé une conférence sur ce thème avec pour objectif général de préparer le terrain au développement des énergies renouvelables en les intégrant dans une stratégie en faveur d’un avenir énergétique durable et efficace. Mais, malgré cet engouement, force est de constater que le développement et l’usage des énergies renouvelables restent marginaux dans les pays sahéliens.

L’un des grands défis à relever par ces pays dans les années et les décennies à venir est celui de satisfaire la demande d’énergie globale en préservant au mieux l’environnement.

Pour contribuer à l’atteinte de cet objectif, le CILSS a développé des programmes dans le domaine des énergies renouvelables ouvrant ainsi des perspectives novatrices et respectueuses de l’environnement.

Ainsi, afin de limiter les conséquences de la désertification et contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de santé des populations, le CILSS, à travers son Programme Régional Solaire (PRS) a développé avec succès l’utilisation de l’énergie solaire photovoltaïque pour améliorer l’accès à l’eau potable des populations, améliorer les conditions de santé de ces populations, fournir de l’électricité pour répondre aux besoins des ménages, des centres communautaires et de la petite irrigation. Par ailleurs, afin de limiter les conséquences de la désertification, le CILSS a initié un Programme Régional de promotion des Energies Domestiques et Alternatives au Sahel - PREDAS - qui vise à contribuer d’une part à la recherche d’une gestion durable des ressources forestières, et d’autre part, à la lutte contre la pauvreté.

Cependant, force est de reconnaître que les actions pertinentes initiées jusque-là par le CILSS et ses pays membres sont restées en-deçà des besoins réels des populations du Sahel. Des efforts encore plus importants doivent être consentis afin d’aider les acteurs concernés à tous les niveaux, à poursuivre la réflexion devant permettre de trouver des solutions durables aux problèmes de développement et d’utilisation massive des énergies renouvelables dans les pays sahéliens. Il faut, en un mot, insuffler une dynamique nouvelle pour ces formes d’énergie.

Dans ce cadre, le CILSS organisera avant la fin de cette année une importante conférence sur ce thème en vue de favoriser l’émergence d’un débat constructif allant dans le sens de la levée des entraves identifiées.

Aussi, le caractère multidimensionnel et multi-acteurs de la problématique des énergies renouvelables exige que le débat qui devra bientôt s’instaurer soit suffisamment participatif pour permettre de construire des réponses réellement appropriées. J’exhorte alors le CILSS à mettre en ceuvre une méthode opérationnelle de concertation et de négociation entre Etats, OIG, acteurs socioprofessionnels et partenaires internationaux.

Il me plaît à ce niveau et avant de terminer, de remercier, au nom de toutes les Sahéliennes et de tous les Sahéliens, la communauté internationale qui, appuie constamment le CILSS dans ces efforts.

Vive le CILSS,

Vive la solidarité sahélienne,

Je vous remercie.

Colonel Ely Ould Mohamed Vall,
Chef de l’Etat de la Mauritanie