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"Sarabara Fatô", une mise en scène, sur l’égoïsme et le désir pervers d’un homme

Publié le mardi 13 septembre 2005 à 07h52min

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La compagnie théâtrale "Mun nana", en collaboration avec le Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO) a fait découvrir au public dans la soirée du vendredi dernier, la représentation d’une pièce intitulée : "Sarabara Fatô" ou (la folle à la tabatière).

Une pièce théâtrale écrite et mise en scène par notre consœur Mariam Koné. Elle dénonce à travers une excellente prestation de trois acteurs, l’une des pires formes de violence exercée sur les femmes dans notre société d’aujourd’hui.

Cette œuvre dramatique met en scène l’histoire d’une femme arrachée à l’affection de son mari par l’employeur de celui-ci dernier pour satisfaire son désir bestial.

La scène commence "au bord de l’eau, de dos, une femme est assise et fait la lessive en chantonnant. Après un instant, elle se lève en continuant à presser un pagne qu’elle tient en main (...) ses cheveux sont redressés et le visage sale.

C’est une folle. Elle enlève sa tabatière. Elle s’en sert avant d’aller chercher une écharpe au-dessus de la porte de son refuge. Elle retourne l’écharpe dans tous les sens, la hume et alors des souvenirs heureux lui reviennent".

Elle soupire et laisse entendre d’un air mélancolique : "s’il existe une chose agréable dans ce monde, c’est bien le fait de se sentir aimer". Cette femme est Mariam Koné alias "Sarabara Fatô" ou encore (la folle à la tabatière), le personnage central de l’œuvre. C’est un spectacle captivant chargé d’enseignements. Une pièce théâtrale de grande valeur capable d’impulser un changement de comportement au sein de la société.

En résumé, l’œuvre met en scène l’histoire de "Sarabara Fatô", une femme, une mère de famille qui a tout perdu : la joie de vivre et la gaieté de l’amour suite à la cupidité et à l’égoïsme d’un homme. Adou, son mari, est employé comme comptable dans l’entreprise du richissime John et vivait affectueusement avec sa femme et ses deux enfants un amour sincère, profond et réciproque, jusqu’au jour où John découvre la charmante femme de son employé. Il est saisi d’un désir pervers de "l’enlever" pour satisfaire sa bestialité.

C’est le début du calvaire de "Sarabata Fatô". A la faveur d’une cabale orchestrée par John, Adou est accusé de vol dans son bureau. Il est licencié et jeté en prison. Alors les harcèlements subis par sa femme de la part de John depuis son emprisonnement et les souvenirs de leur vie heureuse brimée poussent celle-ci à piquer une crise hystérique appelée "folie". "Sarabara Fatô" ou (la folle à la tabatière) est une pièce qui interpelle la société à reconsidérer sa position vis-à-vis des malades mentaux. Car les "fous" et "folles" le plus souvent ne le sont pas. Ce sont des hommes tout simplement qui ont été victimes de préjugés, de l’égoïsme et de la perversion de leurs semblables. Des maux qui minent la société moderne de nos jours. A travers cette caricature théâtrale, Mariam Koné éduque et sensibilise à plus de tolérance, de décence et de probité morale dans la vie en société.

En cela, le théâtre est un puissant moyen pour y parvenir. Car il est le lieu de la plus grande liberté, de l’imagination la plus folle.

A ce propos, Eugène Fonesco disait dans son discours sur les tendances d’avant-garde dans le théâtre lors du VIIIe congrès international du théâtre à Helsinki en juin 1959 : "(...) je veux, moi, faire paraître sur scène une tortue, la transformer en cheval de course puis métamorphoser celui-ci en chapeau, en cuirassier, en eau de source. On peut tout oser au théâtre, c’est le lieu où on ose moins (...)". Alors l’œuvre de Mariam Koné a osé défendre une cause. Celle des êtres sensibles, ces femmes et hommes du monde hallucinatoire. L’aspect éducatif de la pièce et le talent des acteurs ont émerveillé le public tout au long de sa représentation. "Sarabara Fatô" ou la (folle à la tabatière) est une pièce théâtrale à voir absolument.

Salifou OUEDRAOGO
Sidwaya

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