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Remaniement gouvernemental : le pouvoir a-t-il voulu "faire la part du feu" ?

Publié le mardi 13 septembre 2005 à 08h17min

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A quelques mois des élections, voilà le pouvoir du CDP qui nous gratifie d’un remaniement que l’on supputait mais qui laisse un rien sur la soif. La rumeur ne faisait-elle pas état d’un gouvernement de choc censé récompenser les nouveaux venus et les mettre en ordre de bataille pour affronter le grand combat électoral ? Eh bien, c’est râpé : ce gouvernement-là reste à venir.

Dans l’opinion, on attendait aussi un gouvernement émondé, débarrassé de ses mauvais éléments. Ceux par exemple qui ont exaspéré l’opinion par leurs contre-performances, leurs frasques et autres magouilles étaient naturellement mis sur le départ. En les limogeant, on aurait procédé à un grand balayage qui aurait eu la vertu de calmer un peu les aigreurs des Burkinabé qui se plaignent de la fracture sociale, de la pauvreté, des fortunes mal acquises et de l’insécurité galopante. Là aussi, c’est le faux bond !

Ce genre de gouvernement n’est pas encore à l’ordre du jour. C’est vrai que Mathieu Ouédraogo est passé sous la trappe et on pourrait imaginer que le pouvoir a voulu " faire la part du feu ", sacrifier un de ses éléments pour tenter de calmer la colère et pour surtout sauvegarder l’essentiel. Mais personne n’est dupe. Si l’Indépendant a levé le lièvre, ce dont il faut le féliciter, Mathieu Ouédraogo, c’est du menu fretin. C’est dire que si l’intention avait été de couper le bras pour éviter la gangrène, on a tiré à côté !

Là où par contre l’attente n’a pas été tellement déçue, c’est par rapport au départ des Ministres Alphonse Bonou et Toundoun Sessouma. La candidature de Soumane Touré laissait planer un tel ajustement mais si ce n’était que pour cela, le pouvoir n’est pas à ce genre de contradictions près. Il n’a jamais mis de frontière entre majorité et opposition. Aussi, pourrait-on se demander si finalement, ce remaniement n’était pas, comme qui dirait, pour réaliser un coup triple :

- De Un, on rafraîchit quelque peu le gouvernement, histoire de dire qu’on n’est pas insensible aux critiques et qu’on est prêt à consentir des sacrifices pour montrer patte blanche au seuil des élections ; on tape donc sur l’agneau sacrificiel, Mathieu Ouédraogo.

- De Deux, on se donne les moyens par la même occasion, de taper avec plus de générosité sur les adversaires, histoire de dire " vous voyez, il n’y a pas que vous qui devez payer l’addition, vous voyez bien que nous aussi on n’est pas épargné ".

- De trois enfin, on montre qu’on est conséquent avec les exigences de la démocratie puisqu’on ne peut pas garder au gouvernement des gens qui se réclament de l’opposition et qui poussent le toupet jusqu’à aller présenter un candidat contre celui de la mouvance présidentielle, ce qui effectivement fait désordre dans un régime démocratique bon teint où l’on fait la part de choses entre majorité et opposition.

Mais tout ça finalement, ce sont des rafistolages dont on est tellement coutumier que ça laisse froid.

Lamine Koné
San Finna

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