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Coordination pour la transparence des élections (COTE) : la recherche effrénée de la Pub politicienne

Publié le lundi 12 septembre 2005 à 07h44min

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Quatre partis politiques viennent de créer une coordination dite de défense de la transparence dans les élections. Comme il est de coutume, l’opposition brille encore par la création d’une énième association. Cette phobie de la "regroupemenite" lui permet de réunir à peu de frais et d’efforts la presse nationale et de distiller les mêmes rengaines fatigantes.

Une telle incurie politique a pour conséquence, le résultat que vient de révéler le sondage réalisé par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD).

Ce tableau-là est connu depuis belle lurette. Une salle rectangulaire, un præsidium à trois ou quatre membres, la presse et quelques curieux assis sagement en face. Puis un échange d’une heure au cours duquel, un discours soporifique est servi et d’où on ressort avec le sentiment légitime d’avoir perdu son temps ou d’avoir été pris pour le dindon de la force.

On se demande depuis plus de dix ans aujourd’hui, que serait l’opposition au Faso, si par extraordinaire, la presse paraît à autre chose, optant d’ignorer ses interminables conférences de presse. Au début, l’effet d’annonce donnait un intérêt à ces rencontres. Mais depuis le paysage démocratique burkinabè a beaucoup évolué. La donne n’est plus la même et il suffit pour cela de savoir simplement que la présidentielle de novembre prochain réunira plus de quinze candidats, alors que celle de décembre 1991 n’a concerné que le seul prétendant de l’ODP/MT.

Celui des politiciens d’aujourd’hui qui n’aura pas vu que beaucoup d’eau a coulé sous le pont, fait sans doute preuve d’un aveuglement coupable. Les conférences de presse participent de la stratégie de partis voulant exister alors qu’ils pèsent que dalle au sein de l’opinion. L’usage éculé de la recette "poudre de perlimpinpin".

Objectif flou...

Un regroupement pourquoi faire, telle doit être la question à l’ordre du jour. Oui quel objectif se donne la COTE ? On pourrait sans réfléchir dire que ceci se trouve dans son sigle, la transparence des élections. Il est vrai qu’en Afrique plus que nulle part ailleurs, la question de la transparence semble être le point focal de toute consultation électorale. C’est le genre de thème servi à n’en plus soif, tendant à dédouaner l’opposition de son incapacité réelle à proposer une alternative véritable, à même de retenir l’attention des électeurs.

Alors bon an, mal an, elle se table sur cette arme fatale pour justifier sa défaite cuisante courue d’avance. L’opposition devrait savoir et comprendre que ses défaites lui sont entièrement imputables. C’est fuir sa responsabilité d’indiquer facilement l’autre. Lorsqu’on se dit professionnel dans un domaine, en l’occurrence dans celui de la politique ici, les jérémiades et les attitudes de pleureuses participent à détourner l’électorat.

Très vite, il se fait sa religion que de tels prétendus professionnels n’ont ni l’étoffe, ni la carrure encore moins le talent de conduire aux destinées de la cité.Présider au destin des hommes signifie qu’il faut s’ouvrir aux âmes fortes, aux persévérants et aux talents d’exception. Si le débat est légitime, il y a un besoin dans l’arène politique d’envergure, de moelle et d’idées fortes en rapport avec la réalité du quotidien du citoyen.

... Moyens d’actions nuls

A ce qu’on sache, l’électeur, à deux mois du scrutin présidentiel n’a rien à faire de la transparence de celui-ci. Du reste, la COTE devrait savoir que la transparence ne se décrète pas. Il ne s’agit pas de se regrouper avec la presse et d’égrener des vœux pieux.

Outre cet objectif passe partout, se pose le problème des moyens d’action dont dispose cette fameuse COTE. Avec toute la bonne volonté de la terre, on n’a perçu nulle part dans les propos entendus, comment allait se mener cette guerre contre la fraude électorale, car c’est de cela dont il s’agit en fait.

Le CDP est soupçonné de truquer les votes et il faut le contrecarrer ? Mystère et boule de gomme. Peut-être faut-il songer à placer comme dans les rues en Europe, un système de vidéo à l’intérieur des urnes afin de voir de visu que chaque électeur est bien seul dans l’isoloir et que personne ne s’y est introduit afin de lui dicter son choix.

Trêve de plaisanterie, le sujet est très sérieux. Et sérieusement, notre démocratie qui fait des progrès constants a besoin d’élections propres. Les problèmes à résoudre après les élections sont nombreux et complexes. Cette donne appelle que nous fassions l’économie de querelles inutiles sur la légitimité du président élu et sur l’inéluctabilité de sa victoire..

La transparence s’appuie sur des prises de mesures, telles l’adoption d’une CENI tripartite (majorité-opposition-société civile), du bulletin unique, de l’affichage des listes électorales, de l’informatisation du fichier, de l’utilisation de l’urne transparente, du dépouillement dans les bureaux de vote, de la représentation en ces lieux de tous les acteurs concernés. Tout cela est effectif au Faso...

Oui, il faut travailler à renforcer ces mesures et à en adopter de nouvelles. Le rôle des partis est de tirer leçon de chaque scrutin, afin de pallier aux insuffisances. Autrement dit, la méthode choisie de la COTE n’est qu’un coup de pub gratuit. Sinon, on attend des compétiteurs qu’ils veuillent enfin nous parler des sujets de préoccupation du Burkinabè.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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