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Sondage démocratique du CGD : enjeux pour un Burkina rayonnant

Publié le lundi 12 septembre 2005 à 07h40min

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Le récent sondage du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) donne aux observateurs de la vie publique nationale un certain nombre d’enseignements et interpelle les acteurs sur les défis à relever pour l’intérêt du Burkinabè et pour un Burkina plus rayonnant.

Du Sondage : le principe même du sondage, tel qu’il a pu être réalisé au Burkina Faso, par une structure burkinabè, traduit ce qui est connu de tous, la capacité de travail, l’ingéniosité et le sérieux de nos compatriotes, en dépit de la rareté des moyens à laquelle ils sont très souvent confrontés. En effet, l’idée même du sondage semblait être, dans l’imaginaire collectif, réservée aux citoyens des pays développés et n’était par conséquent pas la tasse de café du citoyen africain en général, et burkinabè en particulier. Les quelques analystes de la politique africaine n’avaient pour outil que les agissements réseaux influents et de leurs approximations.

Quant aux intellectuels sous nos tropiques, ils connaissaient mieux ce qui se passait par exemple chaque jour en Occident que chez eux, à cause de la disponibilité des outils d’appréciation dont ils avaient besoin. Le CGD vient donc, après son travail sur l’analyse budgétaire, de mettre en route une autre façon d’appréhender les réalités sociopolitiques et économiques dans nos pays et il faut l’en féliciter, même si, et c’est normal, pour une première il y a bien de couacs. Au moins, maintenant les commentaires se feront avec des chiffres à l’appui !

L’action du CGD rejoint une idée émise dans un article intitulé "Les intellectuels et la politique : comment promouvoir une "science citoyenne" au service du développement ?" paru dans le n°321 de l’Hebdo, où la contribution de l’intellectuel à l’animation de la vie politique était recommandée, alors que l’utilisation de la science par les hommes politiques confortait leurs choix. En faisant entrer des outils statistiques dans la vie politique burkinabè, le CGD montre bien la complémentarité qui existe entre la politique et la science. Il montre surtout que ces outils sont aussi accessibles à des pays comme les nôtres, et une fois de plus il faut se féliciter qu’un institut burkinabè montre l’exemple.

C’est enfin la preuve que s’il y a un domaine dans lequel nous avons un avantage comparatif, pour emprunter quelques mots aux économistes, c’est bien le secteur des services.

Il est vrai que le sondage n’est qu’une image, imparfaite, d’une situation à un moment précis ; et de fait, les résultats doivent être regardés avec célérité, mais il est incontestable que cette image traduit aussi une certaine vérité, même momentanée.

C’est du reste bon signe si les différents états-majors des partis "acceptent" ces résultats sans trop broncher !

Des résultats

Quoique limités dans la taille et la dispersion de l’échantillon, qui reste représentatif selon les enquêteurs, les résultats du sondage montrent une certaine évidence.

Primo, n’en déplaise à certaines personnes, la cote de popularité, le crédit et les espoirs des populations vis-à-vis du Président Compaoré sont incontestables. La lecture des avis des sondés sur les actions du Président Compaoré indique que 55,8% sont satisfaits de ses actions actuelles tandis que 60,3 % estiment qu’il fera mieux dans le futur. Qui dit mieux ? Sachant que l’élection présidentielle s’inscrit dans le futur, c’est dire qu’une large majorité des Burkinabè a foi au candidat du CDP pour leur avenir.

Secundo, les résultats montrent aussi que certains hommes politiques ont des prétentions démesurées et que malgré les tentatives de dénigrement et autres acrobaties, ils ne parviennent pas à ébranler le choix résolu du citoyen burkinabè de faire corps avec celui qui est à même de conduire réellement ce pays pour le bonheur de tous. Cela suggère simplement qu’ils devraient changer de métier, en toute modestie, pour d’une part ne pas surcharger l’esprit des générations actuelles et à venir avec des idées et des attitudes porteuses de frustrations, et d’autre part pour utiliser judicieusement les ressources qu’ils engrangent auprès de leurs partenaires pour agir concrètement en faveur de leur pays et de leurs concitoyens.

Tertio, ces résultats montrent que les partis politiques et bien de leaders sont dépassés par la tendance actuelle de la vie politique nationale. Ils n’ont pas compris que les préoccupations des populations sont plus portées sur des choses concrètes que sur des idéologies, parfois centenaires. Face par exemple à la reconstruction du marché de Rood Woko, certains voudraient tenter de pousser à la radicalisation des positions qu’ils se heurteraient à une évidence : on ne peut pas laisser un patrimoine national se gérer comme une épicerie !

Mieux que cela, face aux attitudes inconséquentes de certains hommes politiques, marquées par le nomadisme parlementaire ou partisan sans raison valable, les invectives inutiles, les accusations sans fondement et la méchanceté gratuite, le peuple veut progresser, comme l’ont si bien chanté " les as DJ ". Dans un monde ouvert, où les comparaisons sont la règle, la question qui préoccupe le citoyen c’est "comment évoluer !".

Du rôle des organisations de la société civile.

Dans un contexte de cachotterie et de mauvaise foi politique, puisque les résultats des sondages montrent bien que certains candidats auraient, par respect pour eux-mêmes, pour la chose politique, en tant qu’art de gestion de la cité, et par respect pour les citoyens de ce pays, retirer purement et simplement leur candidature, les organisations de la société civile, plus concrètes semblent appeler à jouer un rôle important. En ce sens, il apparaît comme un renouveau politique.

L’unanimité étant faite sur l’homme politique capable de fédérer et de conduire ce pays vers le progrès, le jeu semble se porter dorénavant sur et entre les organisations de la société civile en tant que lieu d’expression et de contradiction de la mise en œuvre des stratégies.

A suivre...

Brice SAGNAN
L’Hebdo

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