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Union des Forces progressistes : quatre mesures pour crédibiliser la démocratie au Burkina

Publié le lundi 12 septembre 2005 à 07h40min

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Respect de l’esprit initial de la Constitution en son article 37, relecture du Code électoral, recomposition de la CENI, relecture de la loi n°012-2000/An portant financement des activités des partis politiques et des campagnes électorales, telles sont les mesures préconisées par l’UFP pour crédibiliser et ancrer la démocratie au Burkina.

A l’orée de la troisième élection présidentielle de la IVème république, le Bureau exécutif national de L’UFP, après analyse de la situation politique nationale publie la présente déclaration comme contribution à l’avancée de la démocratie dans notre pays.

En effet, depuis la promulgation de la Constitution le 11 Juin 1991, les institutions républicaines mises en place ont connu un assez bon fonctionnement avec plusieurs renouvellements.

Au plan politique, l’échiquier est dominé par le Congrès pour la Démocratie et le Progrès ( CDP ) qui accapare tout l’appareil administratif et abuse des biens de l’Etat, de connivence avec ses alliés. Les postes de responsabilités dans les sociétés ne sont confiés qu’à des proches du pouvoir qui les gèrent mal dans une parfaite complicité . Le népotisme, le clientélisme, la corruption, les détournements ont atteint des niveaux très inquiétants handicapant ainsi la bonne marche de nombreux services s’ils ne sont pas conduits à la faillite.

La CENI, l’institution chargée de l’organisation des élections, de part sa composition excluant certaines organisations représentatives de la société civile, ne montre pas une indépendance réelle. Les velléités d’accroître l’emprise de l’Administration dans son fonctionnement sont autant de facteurs peut rassurants.
Les médias publics (radio, télé) sont quasiment monopolisés par le parti au pouvoir qui ne manque aucune occasion de faire couvrir les moindres inaugurations et autres manifestations parrainées par ses "mandarins" de cadres.

Des crises sont provoquées et entretenues dans les partis adverses afin de semer la confusion dans les esprits et de créer une opposition factice. La politique du "diviser pour régner" a atteint son paroxysme de sorte que même le journal officiel a été falsifié. La justice tourne en rond et traîne le pas à trouver les auteurs de cet acte.
Quant aux relations avec les pays de la sous-région, elles sont moroses, exécrables selon les cas et marquées par une tendance à encourager les régimes anti-démocratiques comme celui du Togo.

C’est dans un tel contexte politique que le pouvoir et ses amis décidés à prendre en main l’économie nationale, étendent leurs tentacules dans tous les secteurs d’activités, mettant à profit la corruption, le népotisme et le clientélisme. Ainsi l’octroi de marchés à des amis ou parents incompétents, la fraude fiscale, la cession des entreprises à privatiser à "des opérateurs économiques fantômes", manifestement inopérants et inaptes à leur gestion sont des pratiques courantes. De tels comportements ont pour conséquences, la mauvaise exécution des marchés, les pertes de devises pour le budget national et les fermetures de sociétés avec leurs corollaires de licenciements et de mises en chômage technique.

Les récents cas de l’Imprimerie Nationale, de l’Hôtel Indépendance illustrent parfaitement le peu d’engagement du gouvernement dans la lutte contre la pauvreté.
Les prix des produits et services grimpent alors que les revenus stagnent. Les céréales, le carburant, les soins médicaux pèsent très lourdement sur le budget des ménages et restent inaccessibles à la bourse de nombreux citoyens.

La hausse intempestive des prix de certains produits tel le carburant, résulte en partie d’une très forte taxation de ces produits, conséquence de l’incapacité du pouvoir à asseoir une politique de bonne gouvernance pour assurer des ressources financières suffisantes au budget national. De nombreux impôts et taxes ont des taux de recouvrement faibles du fait de cette politique de démission.
Au plan social, les libertés individuelles et collectives existent quand bien même certains acquis sont remis en cause. C’est le cas du nouveau Code du travail restreignant le droit de grève.

Le recours au népotisme et au clientélisme instaure l’exclusion d’une large proportion de citoyens qui n’ont aucun lien social ou politique avec les responsables des sociétés et institutions pour l’obtention des marchés et des emplois.

Les privatisations et les fermetures de sociétés ont mis au chômage de nombreux travailleurs qui, compressés, sont allés grossir la masse du secteur informel déjà saturé et dont les acteurs ont tant de mal à résoudre les problèmes sociaux de leurs familles.
En ville comme en campagne, on assiste à une augmentation de l’insécurité avec les braquages et vols à main armée fréquemment relatés par les médias.

La justice est en état de crise profonde, la confiance entre elle et la population étant rompue, on note une hausse de la tendance à se rendre justice.
L’éducation n’est pas en reste. Dans les classes, les effectifs sont pléthoriques. Pendant qu’il y a manque d’enseignants au secondaire, au primaire le personnel est mal réparti et mal géré. Aux cycles terminaux, c’est le chômage massif des diplômés.

Les campagnes connaissent un exode massif de leurs populations vers les villes et notamment la capitale où sont exagérément concentrées les activités économiques et les prestations de service.

De toute évidence, il apparaît qu’aux plans économique et social, la démocratie n’a pas apporté grand-chose au peuple burkinabè. Fort de ce constat d’échec, résultat de dix-huit années de pouvoir de Blaise Compaoré à la tête de l’Etat, le Bureau exécutif national de L’UFP, en attendant d’approfondir la réflexion, préconise les mesures suivantes pour crédibiliser et ancrer la démocratie au Burkina faso :

1°) Le respect de l’esprit initial de la Constitution du 11 Juin 1991 en son article 37 par le président du Faso en s’abstenant de se présenter à l’élection présidentielle du 13 novembre 2005.

2°) La relecture du Code électoral pour y introduire la possibilité des candidatures indépendantes à toutes les élections.

3°) La recomposition de la CENI et de ses démembrements pour associer les organisations de la société civile qui sont assez représentatives.

4°) La relecture de loi N°012-2000/AN portant financement des activités des partis politiques et des campagnes électorales à travers les dispositions suivantes :
- répartition de 50% du financement hors campagne électorale entre les partis politiques qui obtiendront 3% des suffrages exprimés à partir des prochaines élections législatives au prorata des voix obtenues.
- répartition égalitaire des autres 50% du financement hors campagne électorale entre les partis qui auront réunis aux moins 25 000 voix à partir des prochaines élections législatives.

- répartition du financement destiné aux campagnes électorales entre les listes qui auront obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés dans leur circonscription au prorata du nombre de listes à partir des élections législatives de 2007.

Persuadée que la prise de ses mesures contribuera à l’émergence d’une classe politique à l’écoute du peuple, L’UFP appelle son Excellence le Président Blaise Compaoré, et tous les chefs de partis politiques à s’investir pour leur aboutissement.

Solidarité-Travail- Justice

Ouagadougou, le 7 septembre 2005

Pour le Bureau exécutif national

Le Président

YE Modou Michel

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