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"Le changement peut venir de partout" dixit Boukary Kaboré dit "le Lion"

Publié le jeudi 8 septembre 2005 à 08h25min

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« Je crois que nous avons tous une responsabilité historique par rapport à la situation actuelle. Et cela par nos non-dits, nos couardises, nos silences complices ; il nous faut donc provoquer une rupture et permettre l’émergence d’une citoyenneté nouvelle » l’auteur de cette déclaration qui prend des allures de sermon est Boukary Kaboré dit le lion.

Celui dont l’évocation du nom provoquait des frissons dans certains milieux jusqu’à un passé récent. Ceux qui ont la mémoire se rappellent certainement de ce capitaine de l’armée burkinabè commandant de la célèbre Brigade d’intervention aéroportée (BIA) de Koudougou sous la révolution.

N’est-ce pas lui qui au lendemain des évènements du 15 octobre 1987 a osé ou a voulu oser croiser le fer avec les rectificateurs en rentrant en rébellion ? Le rapport de force évidemment n’était pas à la faveur de cet officier fidèle au président assassiné Thomas Sankara. L’homme pour des raisons évidentes a connu l’exil. Revenu au bercail, il a été dans un premier temps réhabilité puis ensuite radié. Obligé de troquer sa tenue et surtout l’arme contre la daba, l’ex capitaine est devenu agriculteur dans la région de Bobo.

Le lion comme on l’appelle, à l’image de Blaise Compaoré, son ex-compagnon d’arme vient de se lancer dans la course pour la magistrature suprême. Une candidature atypique ou téléguidée ? Il s’en explique.

Bendré : Depuis une dizaine d’années vous avez disparu de la scène politique, pourquoi réapparaissez-vous maintenant ?

Boukary Kaboré (BK) : Dix ans c’est quand même long. Mais j’espère que ça été une période d’observation et de préparation afin de mieux cerner la situation mais surtout permettre au peuple qui vient de rentrer dans l’euphorie de la démocratie de se décanter. Les esprits actuellement ont dû bien comprendre les choses. Chacun a dû montrer actuellement quelles sont ses limites. Donc actuellement, j’espère que le temps est bien indiqué pour mieux se positionner. Il a été suffisamment long et s’il doit être plus long que cela, ce serait de l’exagération. S’il est court, ça aurait pu être insuffisant.

Bendré : Vous apparaissez tout de même dans une période électorale, est-ce que cela n’est pas télécommandé ?

B.K : Par qui ? Le pouvoir ? Le pouvoir doit être surpris même de mon apparition. Il y a des données qui me font apparaître. Certains disent que je ne suis pas politique, que je suis militaire. Et comme je le dis souvent je suis un politologue, plus qu’un politicien parce qu’après 4 ans d’exil (au Ghana), si cet être qui a pu tenir de l’école primaire jusqu’au BAC et faire sept années d’études supérieures n’a pas pu renouer pour ne pas dire faire de la politique, alors là ce serait vraiment très malheureux. Donc tout le temps que j’ai passé en exil m’a permis justement de faire un recul et sortir du carcan du militaire pour voir les réalités en face maintenant, politiquement. Et je dis, pour ceux qui ne me connaissent pas bien que c’est depuis l’école que nous autres, nous étions vraiment les fans des théories progressistes avec notre professeur Touré Adama.

Et, à dire vrai, cela a participé d’une certaine manière à l’émergence d’un groupe de militaires ayant sensiblement la même vision progressiste du monde. Si à cela vous ajoutez l’expérience de la révolution, on ne peut dire que c’est politiquement vierge que je débarque. Le retrait stratégique observé ces dernières années, m’a permis de voir clair dans l’évolution socio-politique du pays et le moment est venu de mettre bien de points sur les « i ». De là à penser que le pouvoir m’a acheté, c’est une insulte à mon éducation, à mes parents, aux valeurs pour lesquelles bien de mes camarades ont perdu la vie. Du reste pensez-vous que l’on puisse m’acheter moi ?

Bendré : Il y a déjà une quinzaine de candidats. Vous, vous venez d’annoncer la vôtre, cela ne vient-il pas encore disperser les voix pour mieux positionner le candidat au pouvoir ?

B.K : J’ai hésité beaucoup avant de me positionner. Vous savez, les réalités de ce pays font que quinze candidats c’est trop. Je dirai même que, dix c’est trop. Mais il y a des conditions qui m’emmènent là. Premièrement, ce peuple là n’a pas de repère depuis l’assassinat de Thomas (Sankara : ndlr). Aujourd’hui il y a un repère qui manque à la jeunesse burkinabè, moi je voudrais être ce repère là. Il faut essayer, je suis ambitieux, j’ai de l’audace. Quand on va au Ghana, J.J (John Jerry Rawlings : ndlr) c’est très bon, quand on va au Mali, ATT, ATT, c’est très bon. Ces genres de repères, il les faut nécessairement pour la jeunesse burkinabè.

Le peuple a besoin de repère pour que ses aspirations profondes se concrétisent. Donc c’est cela la première ambition qui m’amène à me présenter. Deuxièmement, je crois que nous avons tous une responsabilité historique par rapport à la situation actuelle. Et cela par nos non dits, nos couardises, nos silences complices ; il nous faut donc provoquer une rupture et permettre l’émergence d’une citoyenneté nouvelle.

Blaise il est là depuis 18 ans, il est candidat, d’accord ! La question importante me semble être de savoir si Blaise est vraiment un repère pour la jeunesse burkinabè ? Je ne le pense pas. Si je me vois obligé aujourd’hui de me présenter, c’est parce que, je crois pouvoir être catalyseur d’un renouveau Burkinabé. Hier, pendant la révolution, le peuple avait une haute idée de lui-même, les gens s’aimaient en frères et quand on s’aime, on peut construire ensemble, quand on ne s’aime pas ce n’est pas possible et c’est pour cela entre autre que la machine est grippée aujourd’hui.
"Le changement peut venir de partout"
dixit Boukary Kaboré dit "le Lion"

Bendré : Actuellement, Boukary « le lion » est agriculteur ; de quels moyens dispose t-il pour battre une campagne ?

B.K : Merci pour la question, je pense que c’est à cause de ça que certains disent qu’on m’a acheté parce que le temps (de silence ndlr) a été suffisamment long. Mais je pense que des gens qui ont eu des millions ne partent pas en brousse pour y vivre. Quand on a l’argent, c’est en ville qu’on vit. Moi je ne suis même pas achetable. Mais ce dont je suis sûr il faudra que les gens sachent que je sais que je jouis d’une certaine popularité. Si je suis entrain de critiquer, c’est parce que je sais vivre avec les masses. Effectivement, je suis dans les masses, je produis avec les masses. Et cela même conforte mon positionnement.

Le Burkina est un pays sous développé et en mal-développement. C’est un pays qui souffre. Pour en revenir à votre question, je me dois de vous dire que « tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme ». Je vis de la terre, elle m’apporte ma pitance quotidienne. Cela ne suffit pas pour faire campagne. Eh bien ! Les moyens je vais les chercher et j’espère que les amis, les camarades, tous ceux qui croient en moi et au nécessaire changement apporteront leur contribution pour que j’ai un minimum.

Bendré : Quel programme proposerez-vous au peuple ?

B.K : Le programme, le programme ! Vous croyez que ça se mange ça ? Notre peuple vit dans une misère généralisée jamais égalée. Les gens ont faim. Regardez le prix des céréales, c’est abordable ? Moi je vis avec les masses, je connais leurs réalités, leurs besoins, leurs aspirations. La préoccupation majeure de la majorité de la population, c’est de pouvoir vivre. Et pour ce, il faut qu’elle puisse manger et bien manger.

Quand j’en viendrai aux clés directrices de mon programme, sachez que le premier point sera la bataille pour l’autosuffisance alimentaire. Mais pour le moment, le plus urgent, c’est de dénoncer et combattre l’argent sale qu’on utilise pour acheter la conscience des gens. Il faut que le peuple comprenne que lorsqu’on achète votre voix, ce n’est certainement pas pour bien vous gérer !

Bendré : On achète une voix que si elle est quand même achetable, non ?

B.K : Je sais que la morale est crevée au Burkina mais nous pouvons la ressusciter. La morale est crevée mais le burkinabè n’est pas crevé. Et sur la majorité, je sens un certain courant qui est là. Quand vous approchez les gens, quand vous écoutez les interventions, les causeries, vous sentez qu’ils expriment un besoin de changement. Cela veut dire qu’il y a une certaine prise de conscience. Et dans cette sensibilisation, il faudra qu’on dise aux gens qu’ils sachent que, peut-être qu’ils ne le savent pas. Et s’ils veulent, je vais les rapporter un dicton d’un vieux sage africain qu’on a cherché à salir, mais qui dans la grandeur d’homme, reste un grand dans l’histoire de l’Afrique, Sekou Touré. Il a dit : « vaut mieux vivre pauvre dans la dignité que de vivre dans l’opulence mais sous l’esclavage ».

Tant que nous n’allons pas le comprendre, notre pays sera vraiment le dernier. Le pays était si bien parti. C’est la révolution qui a emmené la renommée du Burkina. Quelques années après, le Burkina est quelque part avant dernier dans le classement du PNUD. C’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je pense qu’il serait souhaitable que nous cherchions à reprendre notre place parce qu’on dit que le Burkina est la terre des hommes intègres. L’homme intègre, pour ceux qui ne comprennent pas bien ce vocabulaire là, c’est l’homme digne. Quand l’homme est digne, il ne se laisse pas acheter la conscience, je vous en prie, prenons conscience.

Bendré : Avec une quinzaine de candidats, pensez-vous vraiment que ce changement dont vous parlez puisse voir jour ?

B.K. : Quinze candidats c’est quand même trop, mais est-ce qu’il n’y a pas de candidats qui sont là pour la forme ? La réalité pour être honnête, c’est que je souhaiterais que l’opposition puisse au dernier moment même si c’est à la dernière minute prendre conscience et se retrouver pour un congrès extraordinaire et réorganiser les choses comme si vraiment l’opposition est pour le changement comme le peuple le souhaite. Il faut un et un seul (candidat ndlr) contre, le président sortant. Comme cela on sera sûr de le vaincre. Si nous voulons justement aller en rang dispersé pour pouvoir l’affronter, là je suis persuadé que ça va être difficile.

Bendré : Est-ce que dans ce cas de figure, vous, vous êtes prêt à retirer votre candidature ?

B.K : Si la base trouve l’homme qu’il faut, moi je suis prêt à retirer ma candidature. Un congrès extraordinaire ce n’est pas plus compliqué que ça. Toute l’opposition se retrouve à la maison du peuple, on laisse carrément la parole à la base. Parce qu’il y a des gens qui souhaitent le changement ; on laisse carrément la parole libre à la base de nos formations politiques, même si on va passer toute une journée, la base va nous désigner un Burkinabè qui pourra s’opposer au président sortant et le président sortant va nous lâcher la chaise pour cette personne, j’en suis convaincu, ce n’est pas plus compliqué que ça.

Bendré : Parce que vous pensez que si d’aventure il y avait un seul candidat de l’opposition la situation pourrait vraiment changer ?

B.K : S’il n’y a qu’un seul candidat de l’opposition et si le choix libre et consensuel vient de la base, il n’y a pas de raison que ça ne change pas ; parce que tout le monde veut le changement et le peuple même dira ouf !

Bendré : C’est quand même ce peuple qui vote aussi le candidat du pouvoir

B.K : C’est ce peuple là qui vote le candidat du pouvoir. Mais aujourd’hui qu’est ce que le peuple n’a pas vu, le peuple sait qui est qui, qui fait quoi, qui veut hâbler qui, qui est contre qui et pourquoi ? Il y a trop de critiques qui montrent qu’on peut être déçu du comportement de ce peuple qui mérite aussi son chef. Mais à force de critiquer, aujourd’hui on sait qu’une prise de conscience se dessine sûrement. C’est fort possible qu’on puisse décourager les gens avec la multitude de candidats, et si par exemple, l’opposition arrivait à choisir un seul candidat ça peut aider à la maturité des consciences et au positionnement. Et c’est ça qui va vaincre justement le président sortant.

Bendré : Votre proposition d’un candidat unique ne vient pas un peu tardivement ?

B.K : Un peu tardivement certes, mais si le changement est une nécessité pour le Burkina je pense que c’est pour ça j’ai dit que même à la dernière minute, cela peut se faire.

Bendré : Le changement est une nécessité, dites-vous ; mais vous qui avez d’une certaine manière été l’un des protagonistes du 15 octobre, pensez-vous vraiment que dans le contexte actuel, le changement peut venir des urnes ?

B.K : Le changement peut venir de partout, l’essentiel est qu’il soit qualitatif et qu’il émane de la légitimité souveraine du peuple. Il peut aussi venir par les urnes.
C’est tout à fait normal, le président sortant insiste pour être toujours candidat. Je l’ai déjà dit s’il avait de bons conseillers, ils allaient lui dire que même s’il était bon après 18 ans, son contenu est épuisé, maintenant il sera mauvais. Et à force d’insister pour se présenter, il y a de fortes chances que les choses clochent quelque part.

Rappelez-vous le Front populaire. Il y a eu un peu d’arbitraire, un peu de tyrannie, ainsi de suite. Il y a eu assez d’agressivité pour asseoir ce pouvoir. Et en retour, avec le temps, les gens prennent conscience et finissent par dire non. Donc on est arrivé à ce niveau et ça ne m’étonnera pas demain si les gens sortent avec des bâtons pour dire non. Regardez déjà sur les murs ; on voit qu’on y insulte le pouvoir et ainsi de suite. Alors bientôt, ce sont des bâtons qu’ils vont sortir pour aller à la présidence sortir le président et lui dire, « écoute on en a marre ». C’est comme ça. C’est-à-dire que c’est la dynamique sociale qui impose cela.

Bendré : Boukary le Lion, Blaise Compaoré, deux anciens capitaines, deux anciens camarades comment comptez-vous l’affronter aujourd’hui ?

B.K : Comme je le dis souvent, ce n’est pas le président Blaise Compaoré qui est la préoccupation du capitaine Boukary Kaboré. Mais c’est la prise de conscience même du peuple Burkinabè qui est la préoccupation du capitaine Kaboré. Blaise a fait, le peuple a vu. Le capitaine Kaboré, même s’il n’a pas fait, il le connaît. Le peuple connaît très bien le capitaine Kaboré. Il sait très bien ce que le capitaine Kaboré est capable de faire.

Ce que Blaise a pu faire, les gens ont vu, c’est tangible. Bon, si j’ai un conseil à lui dire, je vais lui dire simplement : ton parcours est trop tâché de sang. Parce que comme on ne peut pas réhabiliter le cadavre, on ne peut que se résigner mais il faudrait qu’il accepte qu’il en porte la responsabilité. Ce n’est pas moi qui lui ai dit de tuer, c’est son pouvoir qui est entaché de sang. Je ne peux que lui faire cette observation.

Mais ce n’est pas lui en tant que tel qui me préoccupe c’est le peuple Burkinabè tout entier. Je pense que le problème, si nous sommes honnêtes, et si nous sommes tous des fils du pays, Blaise pour moi n’est pas un ennemi, Blaise est un adversaire politique et je souhaiterais que lui il comprenne que je suis aussi un adversaire politique pour lui. Je souhaite que le peuple prenne conscience et fasse un bon choix et nous verrons.

Bendré : Vous avez dit que le pouvoir de Blaise est entaché de sang. On a dit aussi que celui de la révolution était aussi entaché de sang et on a dit aussi que vous à Koudougou, au BIA (Bataillon d’intervention aéroportée) vous n’avez pas eu la main légère.

B.K : C’est passé comme je le dis. Ce n’est pas pour des rancœurs. Les cadavres ne peuvent pas se réveiller pour qu’on les questionne. Je suis croyant, je ne souhaite pas tomber dans une comptabilité macabre. Faites vous-même la comparaison entre la révolution et le Front populaire et sa continuité légale qu’est la IVème République. En ce qui me concerne, j’ai versé du sang pendant le triste conflit entre le Mali et le Burkina. Ce sang oui, j’en ai versé et c’est par devoir pour mon pays. Je l’ai fait en étant en guerre, mais en dehors de ça, on me reproche quoi ? Ça je regrette, c’est peut être pour salir le nom de Kaboré. J’étais très rigoureux vis-à-vis des voleurs, des coupeurs de route.

Et effectivement, quand j’étais aux affaires, ils évitaient ma zone. Aujourd’hui est ce que les gens ne se plaignent pas de l’insécurité ? Pourquoi ? Le capitaine Kaboré est méchant ? Parce que quand moi j’étais à Koudougou il n’y avait ni pardon, ni répit pour les coupeurs de route, les bandits de grands chemins. Dans ma vie, j’ai toujours été un homme de contact. Au Prytanée militaire de Kadiogo (PMK), le prix de l’amitié, c’était moi. Et comme par hasard tout le monde le reconnaît, sauf évidemment ceux qui sont un peu loin, je n’ai jamais été méchant, je suis seulement rigoureux. Il faut dire les choses comme elles sont.

Le Front populaire, il faut qu’il l’accepte, a tué pour prendre le pouvoir ; le CNR ne l’a pas fait. Il y a eu des échauffourées avec mort d’hommes sous le CNR, nous l’assumons même si parfois cela n’a pas été le fait des dirigeants. C’est notre responsabilité car nous n’avons pas eu le courage d’arrêter les auteurs et de les sanctionner. Mais le pouvoir actuel, il est né dans un bain de quoi ? Il s’est consolidé par quoi ? Vous savez, vous avez beau habiller votre âne en or, il restera un âne. Alors du Front populaire à la IVème République c’est kif kif bourricot. Qu’on cesse de nous divertir !

Bendré : Depuis la proclamation de votre candidature, avez vous eu à rencontrer d’autres candidats dont le président Compaoré ?

B.K : C’est mon souhait le plus absolu de rencontrer d’autres candidats. J’ai eu à rencontrer Norbert Tiendrébéogo, Hermann Yaméogo. J’ai demandé à rencontrer maître Sankara, cela ne s’est pas encore fait. En tout cas, mon souhait c’est pouvoir rencontrer presque tout le monde parce que là, on échange ; et là on est sûr que peut être on se comprend. On va ensemble pour un jeu ; pour moi c’est un jeu donc il n’y a pas de feu, il est souhaitable que nous puissions nous rencontrer et échanger pour créer un bon climat d’entente pour la compétition.

Bendré : Au soir du 13 novembre on s’attend à quoi alors ?

B.K : Au soir du 13 novembre moi je suis persuadé qu’on va s’attendre à ce que « le lion » quitte sa tanière pour venir prendre la gestion du pouvoir d’Etat.

Bendré : Actuellement partout il y a une insécurité grandissante au Burkina il y a beaucoup de coupeurs de route, il y a des agressions dans les villes et les villages, qu’en pensez-vous ?

B.K : c’est le mot courant actuellement, l’insécurité. Je ne sais pas ? Est-ce qu’il n’y a pas un laisser-aller quelque part ? Cela nous prouve que la gestion de notre « bled » n’est pas au beau fixe. Depuis que l’on a créé un ministère de la sécurité, les choses se sont corsées. Et c’est là maintenant que l’insécurité devient une dure réalité. Est-ce que vraiment le travail, il est bien fait ?

Bendré : A vous de nous le dire !

B.K : Je dirai purement et simplement que le travail n’est pas bien fait. S’il faut créer des postes pour donner à manger à des gens et pour que le travail ne soit pas fait, il vaut mieux ne même pas créer ce poste là, je crois. Alors à propos de l’insécurité généralisée, il faut dire que la question sécuritaire est une priorité pour pouvoir se développer.

Avec l’insécurité, comment voulez-vous que nous puissions travailler ensemble ? Les gens paniquent, les gens ont peur. On ne peut plus quitter Ouagadougou pour aller à Koudougou, pour aller tranquillement avec l’argent faire un investissement. On va dire qu’il y a des banques mais soyons sérieux il faut que les gens puissent se déplacer librement. C’est ça. Je pense qu’il y a un problème d’organisation, ça c’est un.

De deux, est ce que nous même nous n’avons pas créé des conditions favorables au banditisme ? Dans la sous-région, il y a tellement de problèmes, tellement d’armes qui ont circulé. Et puis bizarrement il paraît que les formations se faisaient ici. C’est ce qu’on dit. Je n’ai pas pu vérifier mais la presse en a longuement parlé. Toujours dans les journaux, il y a des plaintes qui se font. Plainte de ceux-là qui revendiquent leur droit pour avoir combattu dans des pays étrangers, pour défendre des intérêts que j’ignore. Beaucoup sont là aujourd’hui avec leur expérience du métier des armes, ils n’ont rien à faire.

Qu’est ce qui va les empêcher d’aller justement barrer une route ? Cela vient de qui ? C’est nous-mêmes. Donc, je pense que le manque d’emploi est une des sérieuses causes. Deuxièmement, je pense que l’insécurité en tant que tel, naît de l’impunité. Les petits fonctionnaires, vous allez dire encore que c’est Kaboré qui a dit, ce n’est pas Kaboré, vous-même vous le voyez. Les petits fonctionnaires qui construisent des châteaux, qui achètent des véhicules vraiment sophistiqués. Les autres quand ils voient cela ils finissent par vouloir faire de même.

Donc moi je pense que pour être clair, l’insécurité elle-même naît de l’impunité. Ce n’est pas moi qui le dit hein, tout le monde le voit. Un tel a pris un million on ne l’a pas puni, l’autre vient prendre 10 on ne le punit pas, finalement on monte et ça devient des centaines et on retrouve des enfants de ministres qui volent des millions sous les lits de leurs parents pour les claquer. Que croyez-vous ? Les jeunes dont les parents n’ont rien sous leurs lits sont tentés de prendre des armes pour s’enrichir rapidement et pouvoir aussi claquer comme les autres. C’est comme ça, « je veux faire mais je n’ai pas ». Ça peut entraîner justement des actions d’agressivité et ainsi de suite.

Interview réalisée par Pabèba Sawadogo
Bendré

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