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Francophonie : prendre en compte le phénomène du vieillissement

Publié le jeudi 8 septembre 2005 à 08h15min

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Aujourd’hui s’ouvre au siège du Comité national d’éthique, une assemblée constitutive pour la mise en place de la section du Burkina de l’Association internationale francophone des aînés (AIFA).

Sidwaya a rencontré Mme Alimata Salembéré, ancien ministre, actuelle présidente de l’AIFA afin d’en savoir davantage sur la portée et les objectifs de l’ONG. Elle évoque également la contribution de l’AIFA à la rencontre des organisations de la société civile de l’espace francophone qui se tiendra les 12 et 13 septembre 2005 à Ouagadougou

S. : Pouvez-vous nous présenter l’Association internationale francophone des aînés ?

Alimata Salembéré (A. S.) : L’Association internationale francophone des aînés (AIFA) est une association qui se préoccupe de la vie des personnes âgées. Son siège se trouve à Quebec au Canada. Elle a été créée en 1981.

L’association n’est pas structurellement un organe de la francophonie. Elle est une ONG qui a un statut consultatif auprès des instances de l’Organisation internationale de la Francophonie. Il s’agit surtout de permettre aux personnes âgées de se rencontrer et de mettre à la disposition des jeunes et des décideurs, leurs expériences.

S. : Quelles sont les activités que l’association a menées depuis sa création ?

A. S. : Depuis sa création en 1981, ce sont surtout des conférences qui ont été tenues à Québec sur le vieillissement. Vous savez que le phénomène est devenu préoccupant actuellement. Les statistiques montrent que d’ici une dizaine ou une quinzaine d’années, nous aurons beaucoup plus de vieux que nous n’en avons aujourd’hui. Il faut dire que maintenant, nous avons la chance de vivre plus longtemps. Mais en même temps, cela devient préoccupant. Si l’on prend les travailleurs, il y a la retraité après et il faut les payer. Avec le vieillissement croissant, on aura un nombre élevé de personnes à payer et qui ne travaillent plus. A cela, il faudra ajouter le chômage des jeunes.

Qui s’occupera de ces vieilles personnes ? Comment ces vieilles personnes vont évoluer ? Ce sont autant de préoccupations qu’il faut prendre en compte dès à présent pour que ces problèmes ne deviennent pas un handicap pour le développement et les futures générations.

S. : Est-ce que les problèmes des anciens sont partout les mêmes ?

A. S. : Les problèmes des vieilles personnes ne sont pas les mêmes, mais on peut dire que physiquement, ils sont identiques. Parce qu’à partir d’un certain âge, il y a la question de santé qui se pose. On ne peut rien contre cela. A partir d’un certain moment, la vue baisse, la mémoire flanche, on supporte moins la fatigue, etc.

Avec certaines propositions, on peut améliorer cette situation et permettre aux personnes âgées, tout en étant vieux, d’être autonomes. Car personne ne souhaite être à la charge de ses enfants et de ses petits-enfants.

Si l’on peut aider les vieux à être autonomes aussi longtemps que possible, je pense que cela soulage les jeunes et permet aux vieux de "partir tranquille".

S. : Y a-t-il déjà des projets qui interviennent dans ce sens ?

A. S. : L’AIFA internationale a un projet depuis 2004, qui consiste à recenser les compétences disponibles et les personnes disposées à mettre au service des jeunes des pays de la Francophonie, leurs expériences. C’est ainsi que nous effectuons actuellement ce recensement pour pouvoir faire des partages d’expériences Nord-Sud. J’insiste sur ce dernier aspect, puisque je suis du Sud. Je suis la présidente de l’AIFA internationale depuis juin 2004, pour un mandat de deux ans. Depuis ma nomination, j’ai entrepris de mettre en place un réseau des AIFA nationales, pour que l’on puisse voir ensemble, ce que l’on peut faire rapidement. Jusqu’à présent, il n’y a pas de réalisations concrètes. J’avoue que j’ai connu l’AIFA internationale, il y a seulement quatre ans.

Avant, c’était surtout les conférences qui se tenaient pour permettre d’orienter certaines actions. Maintenant, nous voulons avoir des échanges de personnes âgées qui peuvent toujours voyager, d’où l’importance de l’autonomie des personnes âgées.

S. : Il y aura bientôt une rencontre de la Francophonie au Burkina ? Peut-on en savoir davantage ?

A. S. : Les 12 et 13 septembre prochains, se tiendra au Burkina, une réunion de toutes les ONG et des organisations de la société civile qui sont constituées en réseau auprès de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Toutes ces organisations qui ont un statut consultatif vont se réunir à Ouagadougou, en présence du président Abdou Diouf, Secrétaire général de l’OIF, et de l’administrateur général de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF).

La rencontre regroupera une cinquantaine d’ONG. Je serai à cette rencontre au titre de l’AIF et de l’AIFA internationale. Notre rôle consultatif, c’est de voir la programmation faite par les opérateurs directs de l’OIF : TV5, l’AIF, l’Université d’Alexandrie, etc. Tous les opérateurs de l’OIF, ont l’habitude de confectionner des programmes pour deux ou quatre ans. Cette fois-ci, c’est une programmation quadriennale (2006-2009).

Cette programmation nous est soumise pour que nous puissions apprécier, examiner et faire des suggestions par rapport à ce qui a été programmé. C’est un rôle très important.

S. : Les organisations de personnes âgées du Burkina s’apprêtent à mettre en place leur association ?

A. S. : Tout à fait. L’AIFA Burkina qui va avoir sa réunion constitutive jeudi (ce matin) a invité toutes les associations burkinabè qui s’occupent des personnes âgées. C’est prévu ainsi. Même l’AIFA internationale a pour partenaire toutes les organisations francophones s’occupant de personnes âgées. Ici au Burkina, nous avons l’association nationale des retraités, l’association "Age d’or", l’association "Génération solidaire", etc.

L’assemblée constitutive est un point de départ. Une fois que l’AIFA Burkina sera mise sur pied, les gens connaîtront les statuts, les règlements intérieurs, etc. Nous pensons avoir de nombreux adhérents d’autant plus que nous souhaitons que les Burkinabè vivent assez longtemps.

S. : Avez-vous une adresse particulière aux futurs adhérents de votre organisation ?

A. S. : Généralement les associations naissent avec beaucoup d’enthousiasme. Pour notre cas, il faut souligner que ce n’est pas une organisation qui a de l’argent parce qu’elle a un but non lucratif. L’association évoluera d’abord à l’aide de nos cotisations. Et si nos actions sont pertinentes et efficaces, des organisations internationales, notamment la Francophonie pourront financer les activités que nous allons entreprendre. C’est pour cela que je souhaite que tous ceux qui adhéreront à l’association, le fassent avec beaucoup d’amour et de foi. Ces personnes ne le regretteront pas, car elles s’engageront pour notre société, nos enfants et nos petits-enfants.

S. : Pour une association comme la vôtre, quelles peuvent être ses contributions pour résoudre les problèmes sociaux que les jeunes et toute la société rencontrent (pauvreté, Sida, etc.)

A. S. : L’AIFA Burkina regroupera toutes les catégories socioprofessionnelles. Vous trouverez des pharmaciens, des médecins, des économistes, etc. Toutes ces personnes ont acquis une certaine expérience qu’elles vont mettre à la disposition de notre société. Cela rejoint justement un de nos objectifs qui est d’aider au développement durable de notre société.

Comme prévu, chaque AIFA nationale doit s’intéresser à la vie de la société et apporter son expérience au développement de la société.

Nous ne disons pas que nous allons apporter grand chose. Mais si chacun donne un peu de ce qu’il a acquis comme expérience, je pense que cela peut aider.

Nous allons créer une solidarité au sein de notre association qui permettra d’aider les plus démunis.

Propos recueillis par Marceline ILBOUDO
Sidwaya

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