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Réaménagement ministériel : les explications du gouvernement

Publié le mercredi 7 septembre 2005 à 08h36min

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Adama Fofana

Comme à son habitude, le président du Faso, Blaise Compaoré, a surpris ses compatriotes en réaménageant l’équipe gouvernementale au moment où plus d’un s’y attendait le moins. Lundi 5 septembre 2005, en effet, il débarquait trois membres du gouvernement à l’heure du déjeuner.

Les ministres Alphonse Bonou des Ressources animales et Toundoum Sessouma des Sports et des Loisirs, tous du Parti africain de l’indépendance (PAI), Rakiswiligri Mathieu Ouédraogo de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, pourtant issu du parti présidentiel, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

"Une exigence politique et technique"

Du jamais vu au "Pays des hommes intègres", quelques heures après, le ministre porte-parole du gouvernement et chargé des Relations avec le Parlement, Adama Fofana, montait au créneau pour en donner les raisons au cours du journal télévisé de 20h. Quelle idée se faire des explications du ministre Adama Fofana ? Lire notre encadré. Vu l’importance de cette intervention médiatique novatrice, nous l’avons repiquée pour nos lecteurs. Nous avons aussi jugé utile de recueillir les impressions des nouveaux promus que sont Mme Odile Bonkoungou à l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, M. Tiémoko Konaté aux Ressources animales, le Colonel Mori Aldjouma Jean-Pierre Palm aux Sports et Loisirs, et enfin M. Pêgdwendé Clément Sawadogo, qui hérite du secrétariat général du gouvernement, qu’occupait jusque-là Mme Odile Bonkoungou. Autres réactions, celles du SNEA-B, du SYNATEB, du SYNTER et de notre chroniqueur Zoodnoma Kafando, sur le débarquement des ministres du PAI, que nous vous proposons en libres propos.

Comment qualifier ce gouvernement rémanié à la veille de la présidentielle ?

• Avant de répondre à cette question, il faut remarquer que notre pays, particulièrement au niveau de son histoire institutionnelle avec la IVe République, se caractérise par une stabilité gouvernementale remarquable... Il est à noter une période très chargée, constituée de la période comprise entre 1999 et 2002 et marquée par la crise dite de Sapouy.

Un gouvernement protocolaire a été mis en place, qui se distingue par la participation des principales formations politiques de l’époque. Depuis 2002, tout ce qui a été fait comme recomposition ou réajustement a visé un objectif essentiel : la recherche d’une plus grande cohésion et d’une plus grande efficacité de l’action gouvernementale et particulièrement depuis le 17 janvier 2002, date du 2e remaniement d’Ernest Paramanga Yonli. Cela étant, il s’agit d’un ajustement de l’appareil exécutif pour deux motifs essentiels, qui peuvent donner une grille de lecture de l’ensemble du contenu de cette décision. Ces motifs sont d’ordre politique, d’un côté, et technique, de l’autre.

Pouvez-vous être plus explicite ?

• Le motif politique est lié au départ du gouvernement, et dans une compréhension bien partagée, de deux membres que sont Toundoum Sessouma et Alphonse Bonou. Ces deux ministres sont affiliés au PAI dont le leader, Soumane Touré, s’est porté candidat à l’élection présidentielle du 13 novembre 2005. Il est évident qu’avec une telle perspective, cela compromet l’harmonie dans l’action gouvernementale, dirigée par le président du Faso en tant que premier responsable, qui est lui-même candidat à sa propre succession. Toundoum Sessouma et Alphonse Bonou, dans le cadre de leur parti, ont mérité, en tant que personnalités, du chef de l’Etat et de la nation, une confiance.

Ils ont un mérite qu’on leur reconnaît, leur disponibilité à toute épreuve et de leur compétence remarquée. Voilà ce qui concerne les motivations politiques qui peuvent s’attacher à la lecture de ce décret.

Mais quelle explication peut-on donner au départ du ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Mathieu R. Ouédraogo, qui est du CDP ?

• Je disais qu’il y a deux motivations qui ont prévalu à ce remaniement. On peut noter que le MEBA demandait à recevoir du sang neuf en vue d’une redynamisation de son action d’ensemble et particulièrement au niveau du Plan décennal de développement de l’enseignement de base (PDDEB).

Son éviction est alors liée au problème d’argent du PDDEB, qui a défrayé la chronique ces derniers jours ?

• Il est bon de reconnaître, et je suis le premier à le faire en tant que porte-parole du gouvernement, que l’opinion nationale s’est émue et s’est faite l’écho de nombreuses supputations sur des dysfonctionnements qui se sont manifestés dans l’exécution des programmes dans ce ministère.

C’est donc pour assurer une maîtrise plus marquée des actions inscrites au programme de ce département et insuffler une plus grande confiance entre le gouvernement et les partenaires techniques et financiers. Le remaniement intervenu a l’ambition d’apporter les réponses attendues par l’ensemble des parties qui interviennent dans l’exécution du PDDEB. Celles-ci attendent de voir l’exécutif répondre de façon suffisamment attentive à leurs réclamations. Il y a, au niveau du MEBA, le bureau des projets de l’éducation (BPE), qui est une agence d’exécution de l’ensemble des programmes compris dans le PDDEB. Cette structure est dissoute depuis mars 2005.

Concernant l’ensemble des tâches confiées à ce service, un audit a été commandité par le gouvernement, avec le choix d’un auditeur, de commun accord avec les partenaires techniques et financiers. Le rapport de cet audit va être incessamment déposé et fera l’objet de riches enseignements et on pourra en tirer des leçons.

Est-ce à dire que le ministre Mathieu R. Ouédraogo a été sanctionné pour mauvaise gestion ?

• J’ai bien dit tout à l’heure qu’il y a eu des dysfonctionnements remarqués et que l’opinion s’en était saisie. Il était nécessaire et important pour le gouvernement, et particulièrement pour le chef du gouvernement, d’assainir et de clarifier l’environnement psychologique de toutes ces questions, de manière à ce que l’audit, une fois déposé, permette de tirer toutes les conclusions, qui seront portées à la connaissance de l’opinion publique.

Retranscription : Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur

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