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Réamenagement ministériel : sacrifice pour une présidentielle

Publié le mardi 6 septembre 2005 à 08h09min

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Ouédraogo R. Mathieu

Le Conseil des ministres de ce mercredi 7 septembre 2005 aura un nouveau visage avec le remaniement ministériel intervenu hier (lire décret). Il s’agit en fait d’un réaménagement dans la perspective de la présidentielle du 13 novembre prochain.

Le président du Faso, Blaise Compaoré, et son premier ministre, Paramanga Ernest Yonli ont procédé hier à un léger réaménagement ministériel, qui a vu le départ de 3 membres du gouvernement : Toundoun Sessouma (Sports), Alphonse Bonou (Ressources animales) ainsi que Mathieu Rakiswiligri Ouédraogo du MEBA. Ils ont été remplacés respectivement par Jean-Pierre Palm, Tiémoko Konaté et Odile Bonkoungou, qui quitte le secrétariat général du gouvernement et du Conseil des ministres, qu’elle cède à Clément Sawadogo.

Le réaménagement dont parlait "L’Evènement" dans son n°72 du 25 juillet 2005 et que le journal annonçait pour "avant les vacances gouvernementales" ou "justes avant le retour des vacances" a donc finalement eu lieu. Même si ce n’est pas encore le "terminus" pour Ernest Paramanga Yonli (EPY), qui reste à son poste.

Comme on le voit, il ne s’agit pas à proprement parler d’un remaniement mais d’un léger réaménagement. Comme qui dirait, on a juste émondé l’arbre sans véritablement le toucher. Cette actualité politique nous rappelle d’ailleurs le précédent réaménagement, effectué le 17 janvier 2004 au plus fort de l’affaire de la tentative présumée de putsch pour débarquer le Général Kwamé Lougué, alors ministre de la Défense et suspecté à tort ou à raison d’avoir partie liée avec les apprentis-putschistes.

Aujourd’hui, les victimes, comme indiqué plus haut, ont pour noms Toundoun Sessouma, Alphonse Bonou et Mathieu Rakiswiligri Ouédraogo.

Les deux premiers cités font sans doute les frais de leur appartenance au PAI Soumane Touré. Parti convive du CDP, arrivé aux affaires à la faveur de la formation du gouvernement protocolaire de Paramanga, le PAI a, malgré tout, toujours voulu garder son indépendance et son secrétaire général, Soumane Touré, n’a jamais ménagé ses critiques à l’endroit de la majorité.

Il n’est pas jusqu’au président de la CENI qui n’ait reçu sa part de brûlot, des sorties d’une rare violence, qui ont souvent agacé plus d’un et fini par déconsidérer leur auteur.

Mais l’éviction des deux ministres PAI procède plus d’une certaine logique politique dans la mesure où leur mentor est candidat à la présidentielle du 13 novembre 2005.

C’est donc, si on ose dire, dans l’ordre normal des choses qu’on les libère pour qu’ils puissent battre campagne pour lui. Faut-il croire pour autant que c’est la fin du flirt entre les deux parties ? En tout cas cette éviction intervient aux lendemains d’une autre déconvenue, judiciaire celle-là, la tendance Philippe Ouédraogo ayant remporté le 30 juin une victoire décisive au palais de justice dans la querelle fratricide de reconnaissance que se livrent les deux clans depuis de nombreuses années.

Que dire du troisième naréfié sinon qu’il fait depuis longtemps la une des médias burkinabè, fût-ce de façon allusive ? Un jour, on accuse un de ses enfants d’avoir prélevé trois de la dizaine de millions que son paternel de ministre avait stockée à la maison ; un autre jour on l’accuse, toujours de façon allusive même s’il y a suffisamment de détails pour reconnaître l’intéressé, d’avoir convoyé en banque des centaines de millions, qu’il aurait prélevés dans des budgets de projets de son ministère.

Vrai ou faux, allez savoir. Quoi qu’il en soit, si on ajoute à ces suspicions la gestion courante de son département et l’interminable grogne qui entoure l’exécution du Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB), on peut être tenté de croire que le candidat Compaoré a voulu se débarrasser d’un boulet qu’il aurait eu des difficultés à traîner pendant la campagne présidentielle. Il a donc préféré le sacrifier pendant qu’il était encore temps. Mais qui sont les nouveaux arrivants ?

Si certains, comme Odile Bonkoungou, et dans une moindre mesure Clément Sawadogo (qui fut directeur de la TNB, avant d’être député du Kadiogo) sont déjà connus du grand public, les deux autres le sont moins.

On sait seulement que Tiémoko Konaté était, jusqu’à sa nomination, le chef du Projet de développement local Pièla-Bilanga dans la Gnagna.

Quant à Mori Aljouma Jean-Pierre Palm, colonel de gendarmerie de son état, il était attaché de défense près l’Ambassade du Burkina Faso en Côte d’Ivoire après avoir occupé entre autres fonctions, celles de :

- Directeur général de la Sûreté nationale (1984-1986) ;
- Directeur des Renseignements, de la Prospective et de la sécurité de défense (1993-1994)
- Directeur de la Stratégie de défense au secrétariat général de la Défense.

A ce qu’on dit, il est du premier cercle des compagnons militaires de Blaise Compaoré et aurait joué un rôle non négligeable dans les événements du 15 octobre 1987.

Ousséni Ilboudo

L’Observateur

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