LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

PAREN : « Le départ de Stéphane Sanou ne freine aucunement les activités du parti »

Publié le jeudi 1er septembre 2005 à 04h53min

PARTAGER :                          

Que reste-t-il du PAREN dans la région des Hauts-Bassins après la démission de son « leader charismatique », Stéphane Sanou, qui a quitté avec arme et bagages le navire de Laurent Bado pour se doter d’une nouvelle formation politique ?

Cette question, ils sont bien nombreux à se la poser dans la ville de Sya à tel point que certains parient déjà sur une mort certaine du PAREN dans la région. Et pourtant, il n’en est absolument rien et mieux la structure se porte désormais comme un charme à en croire le coordonnateur régional du Parti pour la renaissance dans les Hauts-Bassins, monsieur Constant Bationo.

Il y a bien longtemps (depuis les élections législatives) qu’on n’a pas vu la Coordination régionale du PAREN sur le terrain. Des raisons ?

• Merci tout d’abord pour votre volonté de susciter un débat contradictoire pour éclairer l’opinion bobolaise sur la situation que vivent le PAREN et l’opposition dans son ensemble au Burkina Faso. Si nous avons paru absents sur le terrain depuis les législatives de 2002, il y a deux raisons principales à cela. La première est qu’après les législatives, notre Bureau national a cru bon de nommer l’élu de la région à la tête des structures locales. Ainsi, Sanou Stéphane a été nommé superviseur avec pour mission de dynamiser lesdites structures.

Malheureusement, et c’est la deuxième raison, le comité que nous constituons lui a soumis un programme de tournée, qu’il a toujours reporté ou exécuté à son gré ; dans le même temps, il devrait faire le compte rendu de chaque session parlementaire au Comité. Cela n’a jamais vu le jour. Par conséquent, ce serait de l’indiscipline selon nos textes, si nous passions outre son autorité pour agir. Il faut signaler que notre Comité a tenu ses réunions ordinaires et extraordinaires. Pour tout dire, l’absence que vous, vous constatez, est imputable à Stéphane.

Quel est l’état de santé actuelle de votre structure régionale ?

• Je puis affirmer que notre structure se porte bien. Elle se porte même mieux que jamais. La preuve est que nous n’avons enregistré aucune démission au profit du PCP contrairement au MPS/PF, dont le secrétaire général, M. Zio Eric, précédemment au RPC/GWASSIGUI, et au PSU, dont le responsable régional, Dao Ousmane, ont migré au PCP et à l’ADF/RDA. Nous sommes allés au PAREN par conviction politique ; c’est l’idéologie, le programme de gouvernement, qui nous intéressent. Je saisis l’occasion pour féliciter les membres dirigeants du PAREN de Bobo qui ont su surmonter les difficultés et les achats de conscience au nom de notre idéal. Alors, je leur prodigue tous mes encouragements à rester vigilants.

Une affaire de trente millions défraie la chronique et met en cause votre Président. Quel commentaire en faites-vous ?

• D’abord, quand nos adversaires ont dit que notre Président avait "bouffé" de l’argent du pouvoir, nous n’y avons pas cru évidemment, connaissant M Bado pour son intégrité. Après vérification, nous avons raison effectivement, Bado a reçu de l’argent certes, mais il ne l’a pas "calé" comme cherche à le faire croire une certaine catégorie de gens. La preuve est que le Bureau exécutif, dont font partie nos députés, était informé de la situation. Sachez qu’un véhicule utilitaire a été acheté pour le parti. Notre comité a aussi reçu, des mains de M. Sanou Stéphane, une enveloppe de la part du Bureau exécutif. Aujourd’hui, comme vous le dites, cette situation défraie la chronique encore. C’est dommage. On devrait s’attaquer aux vraies pourritures.

Malheureusement beaucoup de ténors (certains journalistes notamment) qui condamnent le président du PAREN devraient être plus lucides tout simplement. Au fait, et ceux qui traitent avec l’extérieur, avons-nous une idée de leurs compromissions ? Ils ne sont pas les seuls ; et si on parlait également de ceux qui, à l’intérieur, ont reçu quelques financements et qui n’ont pas le courage de le reconnaître, parce qu’ils sont compromis pour la simple raison qu’ils en ont fait une propriété personnelle ?

Ce serait un suicide pour eux dans la mesure où leurs collaborateurs les plus proches n’ont pas été mis au parfum des choses. Si le pouvoir a voulu corrompre Laurent, pensant qu’il allait "caler les feuilles" comme d’autres, dans le but de détruire le PAREN et l’opposition, alors il aura échoué lamentablement. Par contre, s’il a été sincère avec Laurent, alors qu’il lui donne à présent trois milliards pour le PAREN (en éclatant de rires).

La Coordination régionale a enregistré ces derniers temps un départ et pas des moindres. Comment réagissez-vous à la démission de Stéphane Sanou ?

• Le départ de Stéphane ne freine aucunement les activités du PAREN. Vous savez, sans lui le PAREN a été deuxième aux municipales de 2000 après le mégaparti dans certains secteurs (par exemple au 5, au 17 et au 24). Son départ nous réjouit et nous soulage énormément, parce qu’enfin, il s’est démasqué pour confirmer ce que nous soupçonnions dès les premiers mois de notre victoire aux législatives, c’est-à-dire qu’il a cherché à profiter de notre force politique pour parvenir à ses intérêts personnels. Rappelons sa tentative de migrer au CDP en 2003 et 2004. Toute la population consciente de Sya devrait se féliciter de son départ pour l’ADF/RDA : Il s’est révélé un homme de peu de foi, incapable de s’investir, mieux, de se sacrifier pour le minimum d’idéal. Nous sommes convaincu qu’il n’hésitera pas à vendre aux enchères les intérêts de notre ville et de notre région comme il l’a fait du PAREN.

Cette démission vous a-t-elle surpris ?

• Evidemment pas du tout ! Nous venons de le dire ; nous le soupçonnions dès les premiers mois de sa législature de par le changement de son comportement : il évitait de rencontrer la structure locale du parti. Nous n’avons eu qu’une réunion avec lui pendant les trois années. Nombre de militants et de membres du comité dirigeant de Bobo ont été déçus depuis qu’il est à l’Assemblée parce qu’il a pris ses distances vis-à-vis aussitôt. C’est ce qui explique d’ailleurs notre déclaration à chaud dans les organes de presse et les réactions de nos militants de base à travers une lettre ouverte aux députés nomades du PAREN. Par ailleurs, nous n’avons pas reçu un seul kopeck de lui. Il n’a pas versé non plus sa contribution (750 000 F par an) au fonctionnement du parti.

Nous vous faisons une confidence : surpris non, mais étonné parce que quand nous avions appris pour la dernière fois qu’il s’apprêtait à partir du PAREN, nous l’avons rencontré personnellement et il a nié les faits et nous a dit qu’il ne s’en irait jamais par la petite porte, que son départ ferait l’objet d’une conférence de presse. Vous l’avez constaté vous et moi que son meeting appelé conférence de presse était organisé pour vilipender son aîné, voire son père Laurent Bado (la culture africaine et toutes les grandes religions du monde condamnent le manque de respect à son père). Quand nous l’avons contacté précisément le 1er janvier 2002 pour être le candidat du PAREN, il a aussitôt accepté le principe sans autre forme.

Nous avons aussitôt vu en lui un jeune cadre combatif, plein d’énergie, qui a porté haut l’étendard, mais aussitôt parvenu, il totalement changé de comportement. Il semblait bien, droit, véridique, mais en très peu de temps, il s’est métamorphosé. Moi personnellement, j’ai encore quelques pincements au cœur, parce qu’il est mon ami, mais devant l’intérêt collectif, je ne lésine pas.

Comment comptez-vous le remplacer quand on sait qu’il était comme un leader du parti dans les Hauts-Bassins ?

• Vous savez, les leaders charismatiques s’imposent par eux- mêmes et l’on fabrique les autres ; vous le savez mieux que moi. C’est nous qui avons rendu Stéphane leader à Bobo. Pourquoi a-t-il été rejeté du CDP en 1997 ? Ne pouvait-il pas aller dans son grand parti ADF/RDA, qui existait depuis ce temps ? Vous savez, le peuple averti est suffisamment mûr et analyse les faits et gestes de tout politicien même quand il est silencieux. Ne confondons pas vitesse et précipitation. Nous avons des ressources humaines aux profils intéressants. Stéphane a préféré nous trahir pour « les feuilles » ici et maintenant. Notre parti demeure ouvert et reçoit de nouvelles adhésions de citoyens engagés pour la sauvegarde du bien commun.

Comptez-vous travailler de concert toujours avec l’ADF/RDA comme vous l’avez fait pendant les législatives 2002 selon les déclarations de Stéphane Sanou lors de sa conférence de presse ?

• Attention ! contrairement aux déclarations de Stéphane, nous n’avons pas signé de texte de collaboration avec l’ADF/RDA jusqu’à ce jour. Pourquoi chercher à justifier l’injustifiable ? Si notre honorable député a coopté des militants ADF/RDA à l’époque, c’est de bonne guerre, des militants d’autres partis nous ont soutenus, mais Stéphane, lui seul, doit être au courant du texte dont il parle. S’il l’a signé en tant qu’individu, cela n’engage que lui. En effet, il a affirmé : « Il ne faut pas être ingrat, il faut leur retourner l’ascenseur ». Qu’il leur retourne son ascenseur et non celui du PAREN.

Quels sont les moyens dont vous disposez ?

• Nos meilleurs moyens sont : notre programme, la qualité de nos hommes, notre code moral (basé sur la vérité, le refus de l’achat des consciences), notre assurance que les choses doivent changer, et notre détermination à les faire changer dans le sens d’un meilleur devenir de notre ville, de notre région et du Burkina Faso tout entier.

Et pour conclure ?

• A mon humble avis, le Président du Faso devrait prendre les dispositions utiles pour limiter le nombre de partis. Ensuite, il faut que le nomadisme politique soit considéré comme un délit. Il faut favoriser l’équité dans l’accès aux moyens républicains pour la promotion politique des partis. Enfin votre métier, le journalisme, est le plus grand pouvoir de notre siècle. C’est lui qui permettra d’enraciner la démocratie dans notre pays pour l’engager sur la voie de la paix et d’un développement durable. Malheureusement, certains d’entre vous sont subjectifs, ils nous donnent l’impression parfois d’être achetés. Ils ne vont pas à la source, parfois ils font du griotisme ou incitent à la violence. C’est regrettable. Quant à vous, vous semblez plein d’avenir et je vous encourage à user de votre pouvoir avec dignité et succès. Merci et à bientôt, j’espère.


Dans notre compte rendu de la conférence de presse du Parti pour la concorde et le progrès (PCP) paru dans L’Observateur n° 6460 du mardi 23 août, une erreur de compréhension nous a fait écrire que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est cette affaire des trente millions, qui a permis, aux dires des trois compagnons, de connaître le vrai visage de Laurent Bado.

Les conférenciers se disaient plutôt non concernés par cette affaire malgré quelques éléments de réponse superficiels apportés aux questions des journalistes à ce sujet. Toutes nos excuses alors au Parti pour la concorde et le progrès (PCP) et à son président, Stéphane W. Sanou.

Jonas Appolinaire Kaboré

L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique