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HLM en France : ces immeubles inflammables

Publié le jeudi 1er septembre 2005 à 04h52min

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Les 25 et 26 août 2005, un terrible incendie a troublé le sommeil des occupants d’un immeuble à six étages du XIIIe arrondissement de Paris. Bilan, somme toute lourd, 17 personnes décédées dont au moins 6 enfants. Mois d’août ! Mois de l’eau et du feu, si ce ne sont pas des inondations qui endeuillent des villes et des villages entiers, ce sont des incendies qui attristent des familles, par-ci, par-là.

On semble être à l’orée de temps apocalyptiques. Entre catastrophes naturelles et faits relevant de l’homme lui-même on ne sait plus à quel saint se vouer.

Mais les flammes de l’incendie qui a ravagé l’immeuble du XIIIe se sont à peine éteintes que d’autres détruisaient, trois jours plus tard (le lundi 29 août dernier), un bâtiment du IIIe arrondissement de Paris, faisant 7 morts, 14 blessés dont 3 graves.

Il faut rappeler que pareils drames s’étaient produits en avril dernier dans l’hôtel meublé Paris-Opéra, dans le XIe ; on y avait dénombré 24 morts.

Fait pour le moins curieux, les victimes de ces incendies à répétition sont des Africains (Maliens, Sénégalais, Ivoiriens et Gambiens), logés dans des conditions peu enviables. En effet, les immeubles du XIIIe et du IIIe sont vétustes et insalubres.

On ne savait pas encore très exactement, jusqu’à ce que survienne le second incendie dans l’immeuble de cinq étages au 8 rue du Roi doré, ce qui est à l’origine du sinistre au XIIIe arrondissement ; on ignore également d’ailleurs les raisons de celui du IIIe.

On sait seulement que dans le premier cas comme dans l’autre, le feu s’est propagé dans la cage d’escalier. Des enquêtes, certainement, permettront de situer les responsabilités, dans les prochains jours.

En attendant, on retiendra que la vétusté semble être le dénominateur commun des immeubles qui ont subi les ravages du feu. Du coup, c’est le problème du logement social qui est ainsi posé.

Et surtout, celui des conditions de vie de milliers d’immigrés, notamment africains. En tout cas ceux qui résident en France de manière légale doivent bénéficier de logements décents à la hauteur de leurs moyens.

Car il ne s’agit pas d’exiger des autorités françaises des droits qu’on obtiendrait difficilement dans son pays d’origine. La France ne doit pas non plus, elle qui est respectueuse des droits et des libertés, fuir ses responsabilités ; elle doit veiller à ce que les immeubles qui servent de logements aux familles d’immigrés soient dans les normes de sécurité requises.

Il ne faut pas se le cacher, les habitats à loyers modérés (HLM) sont souvent gérés par des marchands de sommeil, complices des réseaux mafieux de clandestins qui ne peuvent que se rabattre sur des logements à moindre frais et donc dans des conditions misérables.

Ces drames du XIIIe et du IIIe arrondissement interpellent non seulement les autorités françaises, à quelque niveau que ce soit, mais aussi les immigrés, ceux africains surtout, puisque c’est eux qui sont durement touchés par les incendies.

La France n’est pas obligée, dans sa politique de logements sociaux, de construire des immeubles (incontestablement décents) dont les appartements sont à la taille des familles nombreuses comme celles qu’on rencontre chez certains immigrés.

Sans que le nombre des membres de la famille par appartement ne soit la cause d’incendies, le surnombre est cependant perçu comme un facteur aggravant en cas de sinistre. Qui plus est, certaines habitudes sont incompatibles avec le mode de vie en appartement.

Comme le dit une maxime, « il faut vivre à Rome comme à Rome », ou encore pour paraphraser cette sagesse de chez nous « lorsque tu arrives dans un village où les gens marchent sur leur tête, fais comme eux ».

Aujourd’hui ce sont des Africains mal logés qui sont victimes d’incendies survenus dans des immeubles vétustes, demains ce peut être d’autres. Du reste, ces immeubles parfois centenaires (un millier environ, selon des sources) cohabitent avec des édifices modernes, que des flammes voisines peuvent dévaster.

Une chose est sûre, insuffisance d’offre de logements ou insalubrité des immeubles, les incendies à répétition dans des appartements occupés par des immigrés africains (légaux ou clandestins) révèlent une crise profonde (négligée) d’habitation que l’Hexagone doit résoudre avec célérité, surtout que ce n’est pas une question d’argent, comme certains l’affirment.

Agnan Kayorgo

Observateur Paalga

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