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Côte d’Ivoire : L’ONU, pompier de service ?

Publié le jeudi 1er septembre 2005 à 05h01min

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L’échec constaté de la médiation Sud-africaine dans la résolution de la crise ivoirienne ainsi que la démarcation physique, intellectuelle et psychologique intervenue entre les différents protagonistes, font plus que jamais de l’ONU l’ultime faiseur de paix en Côte d’Ivoire, avec moult interrogations à la clé.

Première et capitale interrogation, sur quelles bases l’ONU va-t-elle s’appuyer pour déterminer ceux qui sont "contre la paix" en Côte d’Ivoire et les sanctionner en conséquence ?

Si l’on a bien suivi la démarche adoptée jusque-là, il semble évident que le rapport de la médiation sud-africaine jouera un rôle important dans la prise de décision onusienne. Il vous souviendra que c’était sur insistance de Thabo Mbeki que l’ONU n’avait jusqu’à présent pas dévoilé les noms de ceux qui encouraient les sanctions édictées (gels des avoirs extérieurs, interdiction de voyager) voulant ainsi donner une "chance" aux Sud-africains. Lesquels Sud-Africains ont déclaré à la fin de leur médiation, que le président Laurent Gbagbo avait "fait sa part de travail", ce qui signifie implicitement que les "fauteurs" de troubles sont à rechercher dans les autres camps. Est-ce parce que les Forces nouvelles réunies dans leur fief de Bouaké le 25 août dernier avaient taxé la médiation sud-africaine de "partiale" dans les jugements rendus de "velléités" d’expansionnisme économique la soupçonnant au passage d’avoir vendu des armes à Laurent Gbagbo, que celle-ci veut l’envoyer ainsi sous le "couperet" de l’ONU ?

Ce serait en tous cas une mauvaise option, car, les Forces nouvelles ne sont plus les seules à soutenir un tel langage, celui-ci revenant dans la bouche des "opposants républicains" regroupés au sein du G7. Mieux, la sortie de Mathias Doué a confirmé que Gbagbo était isolé sur la scène politique ivoirienne, et, sanctionner tous les autres à son seul profit reviendrait à poser un cautère sur une jambe debris.

A contrario, si l’ONU décidait par extraodinaire de sanctionner Gbagbo, il est évident que les faucons du camp de ce dernier n’hésiteraient pas à passer outre. Eux qui dans un passé récent ont vilipendé la maison de verre new-yorkaise lorsqu’elle a produit son rapport sur les massacres des 24 et 25 mars 2004 à Abidjan, lesquels sont imputables aux escadrons de la mort dont on sait qu’ils appartiennent au camp présidentiel, depuis les révélations du colonel Jules Yao-Yao. C’est dire que dans tous les cas de figure, les sanctions sont inopérantes. Et, compte tenu du fait qu’il est impossible techniquement et matériellement d’organiser l’élection présidentielle à la date du 30 octobre 2005, on s’achemine soit vers la solution du camp Gbagbo (le maintien au pouvoir) soit vers celui de l’opposition, "la mise en place d’une transition, pour éviter au pays de sombrer dans le chaos à la faveur de cette situation pleine d’incertitudes". Une position qui soulève la deuxième interrogation non moins capitale dans la crise ivoirienne, à savoir la volonté de l’ONU et de la communauté internationale de résoudre les crises sociopolitiques en Afrique.

L’impérieuse nécessité de la réforme

Dans l cas de la Côte d’Ivoire, le blocage était prévisible depuis janvier 2003, lorsque Gbagbo, du retour de Linas-Marcoussis, récusait tous les engagements pris sous la pression, des faucons de son camp. Depuis, le ver était dans le fruit, et de tergiversations en fuites en avant , on en est arrivé à cette situation grosse de dangers pour l’ensemble des populations ivoiriennes.

Plus loin en 1964, Moïse Tschombé avait réussi sa sécession katangaise au nez et à la barbe des casques bleus qui "pilullaient" pourtant au Congo-Kinshasa. C’est au prix d’une longue et meurtrière guerre civile (1964-1970 que Mobutu était arrivé à pacifier le pays pour y instaurer aussitôt une dictature sanglante. Cela n’avait pas empêché le "général" Nathaniel Mbumba de rééditer le coup de la sécession katangaise en 1977-1978. Il a fallu que la légion étrangère (française en l’occurrence) saute sur Kolwezi, pour que le ventre mou du Congo-Zaïre retourne dans le giron.

Et, malgré la présence de casques bleus au Kivu, un autre général d’opérette Kunda, y sème le désordre avec de temps en temps de "pogrooms" miniatures, comme ces massacres de Lendus, d’Emmas et de Maï-maï suivant les rapports de forces. Au Rwanda en 1994, après la mort "accidentelle" de Juvenal Habyarimana et alors que le génocide se dessinait avec les appels à la mort de la Radio "Mille Collines", les soldats onusiens, Français et Belges n’avaient rien trouvé de mieux à faire , que d’évacuer leurs ressortissants et se retirer. La suite on la connaît, avec 800 000 Tutsis massacrés en moins d’un mois, ce qui rétrospectivement peut expliquer l’ire de Paul Kagamé vis-à-vis de certains pays occidentaux.

A tous les coups on a invoqué le manque de moyens et dans le cas de la Côte d’Ivoire, le scénario risque de se répéter. Surtout que l’ONU est engagée sur plusieurs chantiers en Europe Centrale, dans les Caraïbes en Amérique Latine... Et c’est là que l’on touche les raisons de la colère si tant est que dans le cas de l’Europe centrale par exemple, l’ONU a toujours fait diligence, évitant les massacres grandeur- nature.

Il se pose le problème de cette "solidarité sélective" que Blaise Compaoré avait fustigié lors de la présentation des vœux du corps diplomatique en début d’année. Une solidarité sélective qui avait valu une grande sollicitude aux victimes du Tsunami alors que concomitamment, les réfugiés du Darfou "galeraient". Autant d’exemples qui montrent que la 60e session de l’Assemblée générale de l’ONU qui doit se pencher sur la réforme de l’institution est cruciale. Car, il y a comme une "prise en otage" des questions planétaires par le clan des vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale alors que la donne politico-économique n’est plus la même. En "démocratisant" l’ONU, on éviterait du même coup l’iniquité et l’injustice qui prévalent jusque-là.

La Côte d’Ivoire pourrait nous donner des prémices quant à la volonté pour ce faire .

Boubakar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 1er septembre 2005 à 10:44, par Mr Dorval (London) En réponse à : > Côte d’Ivoire : L’ONU, pompier de service ?

    reportez vous aux decisions de l’ONU concernant la crise en CI au lieu de continuer de rever en vous bouchant le nez,les oreilles et les yeux. Reveillez vous cher frere.

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