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Observation des élections : L’OIE déblaie le terrain

Publié le mercredi 31 août 2005 à 08h04min

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L’Observation des élections est une étape fondamentale du processus démocratique. Comment se déroule cette opération ? Quelles suites donne-t-on concrètement aux rapports d’observateurs ? La surveillance des élections ne cache-t-elle pas souvent l’intention de légitimer certains pouvoirs dictatoriaux ?

Louise Gouba, coordonatrice de l’Observatoire indépendant des élections (OIE) apporte dans cette interview des éléments de réponse. L’OIE, créé en 2001, rassemble 18 associations de la société civile. Louise Gouba entend le propulser au devant de la scène lors des prochaines élections.

"Le Pays" : Le baptême du feu de l’OIE en matière d’observation des élections a eu lieu lors du scrutin législatif de 2002. Avec le recul, comment appréciez-vous cette opération ?

Louise Gouba : Nous pensons avoir fait oeuvre utile. Cela a été bien apprécié par les partis et formations politiques, de même que les citoyens. De ce fait, nous sommes satisfait du travail accompli.

Vous avez également observé la révision exceptionnelle des listes électorales. Quelles en ont été les failles et qu’avez-vous recommandé à la commission électorale ?

Il n’y avait pas d’engouement autour de cette opération pourtant très importante. Il fallait sensibiliser davantage les partis politiques, les organisations de la société civile et la population. Cela est capital, surtout pour les élections de proximité où chaque citoyen doit participer à la gestion de la cité, notamment au niveau de sa zone d’habitation. Les partis politiques doivent redoubler d’effort dans la sensibilisation et la formation de leurs militants.

Que fera exactement l’OIE dans le cadre de l’élection présidentielle du 13 novembre ?

L’OIE observera cette élection sur l’ensemble du territoire national. Notre présence dans les bureaux de vote sécurise les citoyens qui viennent accomplir leur devoir. Mais au préalable, l’OIE observera le processus de publication des listes électorales qui débute le 12 septembre, selon le chronogramme de la CENI. Nous suivions également de près, les contentieux éventuels liés aux inscriptions sur les listes électorales. Certains partis politiques pourraient engager des recours suite à la publication de ces listes. En outre, à partir du 20 septembre, l’OIE observera l’opération de distribution des cartes d’électeurs.

Cela suppose que vos membres soient suffisamment formés. Quelles dispositions entendez-vous prendre dans ce sens ?

Cela est prévu dans notre agenda . Nous allons former nos observateurs de base sur certains points dont la révision du Code électoral, le processus de décentralisation, les fondements et les enjeux des élections communales ainsi que d’autres aspects fondamentaux liés aux élections.

On reproche souvent aux observateurs de se limiter aux grandes villes et de produire des rapports non crédibles ou sans suite. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?

Je ne peux pas apporter un jugement de valeur par rapport aux observateurs internationaux. Par contre, les observateurs locaux, notamment ceux de l’OIE, sont présents sur l’ensemble du territoire. Nous sommes même dans les circonscriptions électorales départementales. Généralement, les observateurs venant d’autres pays ou d’autres continents, ceux de la Francophonie par exemple, s’appuient sur des structures locales telles l’OIE pour mieux apprécier le déroulement du scrutin électoral. C’était d’ailleurs le cas aux législatives du 5 mai 2002.

En cas d’irrégularités criardes et de contestations, que peut faire l’OIE ?

Les recours ne se font pas à notre niveau. C’est plutôt à la Cour constitutionnelle, au Tribunal administratif, etc. Le rôle de l’OIE c’est d’observer, de faire des rapports à l’intention des différents acteurs et d’exploiter d’autres rapports, notamment ceux concernant les contentieux électoraux.

Quelles suites concrètes donne-t-on à vos rapports lorsque vous faites état d’irrégularités dans l’organisation des élections ?

Nous relevons toujours des irrégularités et faisons des recommandations aux partis politiques, à la CENI et à toutes les structures chargées des élections. Certaines suggestions sont prises en compte par la Commission électorale nationale indépendante. Elle en tire des leçons afin de bien recadrer ses actions dans la perspective des prochains scrutins.

Certains rapports d’observateurs contribuent à légitimer des pouvoirs dictatoriaux en Afrique. Vrai ou faux ?

Je ne sais pas de quel observateur vous parlez. Mais nous, lorsque nous observons, c’est ce que nous avons vu et entendu que nous mentionnons dans nos rapports. Nous faisons alors des recommandations à toutes les parties prenantes au processus électoral. Elles peuvent en prendre simplement acte ou les exploiter à des fins utiles à la démocratie.
Suite aux élections législatives de 2002, les partis politiques étaient d’accord avec nous sur certains points de notre rapport. Nous avons fait notre travail. Et il faut que chacun joue sa partition.

Propos recueillis par Hervé D’AFRICK
Le Pays

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