LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Sondage du CGD : Un nouveau repère pour les acteurs politiques

Publié le mardi 30 août 2005 à 07h51min

PARTAGER :                          

Augustin Loada, Secrétaire exécutif du CGD

Le Centre pour la gouvernance démocratique a osé bousculer un tabou en initiant un sondage politique sur l’élection présidentielle de novembre prochain. On peut tout reprocher à la méthode et aux résultats obtenus (sondage limité à la capitale), il n’empêche que c’est une première dans la vie politique burkinabè.

Le CGD n’a donc pas craint de choquer les esprits ou de décevoir certains dirigeants politiques, en se jetant ainsi à l’eau. Car, l’exercice du sondage politique est très délicat au Burkina. On lui trouvera toujours un caractère partisan, sinon téléguidé, s’il ne fait pas l’affaire de certains hommes politiques. Dans les pays où la culture du sondage est bien ancrée, les instituts de sondage ne peuvent être suspectés de manipulations.

Ce qui est loin d’être le cas au Burkina où tout travail, même rigoureux, dès lors qu’il touche l’action politique, est accueilli avec suspicion.
Mais le CGD n’est pas n’importe quelle organisation de la société civile. Au fil des années, il a su se forger une image de sérieux et d’impartialité qui lui permet de jouer au mieux son rôle d’interface entre les citoyens et les acteurs politiques.

De toute façon, un sondage a une exigence d’éthique, de sorte que ses résultats doivent refléter effectivement les opinions des enquêtés. Si l’on part donc du principe que tout s’est fait selon les règles de l’art, le premier constat qui saute aux yeux, c’est le fait que contrairement aux idées répandues, la capitale n’est pas maîtrisée par l’opposition.

En général, dans nos pays, les villes sont plus frondeuses vis-à-vis des pouvoirs parce que plus éclairées politiquement, tandis que les régions sont plus conservatrices. Le fait que les candidats de l’opposition n’arrivent pas à percer dans la capitale est révélateur de la crise de confiance qui prévaut entre opposition et populations. Pour expliquer ce désamour, le CGD avance l’affaire des 30 millions accordés par le président du Faso à l’OBU, l’instabilité chronique des opposants, la position ambiguë et même incompréhensible de Alternance 2005 et en particulier de Hermann Yaméogo, sur la crise ivoirienne, etc.

Naturellement, l’émiettement des candidatures de l’opposition accentue cette mauvaise appréciation de l’opinion et fragilise davantage les opposants. En l’état actuel des rapports de force, les partis de l’opposition n’ont de chance d’inquiéter leur adversaire affiché, Blaise Compaoré, que par un élan solidaire manifesté sous la forme d’une candidature unique. Sinon, ils courent à l’échec, comme l’indique le sondage, le challenger sérieux du président Compaoré, Me Bénéwendé Sankara ne remportant que 5,1% des suffrages au premier tour.

A la lumière du sondage, il s’avère donc qu’une union sacrée de l’opposition autour du candidat le mieux placé peut être payante. Non pas que ce front arrivera forcément à bout de la machine du CDP et de son candidat, mais il peut constituer le socle et le point de départ d’une possibilité d’alternance. Car les opposants apprendront à mettre de côté leurs divergences pour privilégier un objectif commun, et pourront peser sur les options politiques de Blaise Compaoré s’il venait à être réélu difficilement. Le nouveau président, au regard du poids de l’opposition, ne peut en effet l’ignorer et en faire à sa tête.

Quoi qu’on dise donc, le sondage du CGD a une valeur pédagogique, tant pour les citoyens que les acteurs politiques. L’intérêt de l’exercice étant que chacun arrive à mesurer le niveau d’effort qu’il fournit ou qu’il doit faire, pour une bonne marche de la nation. La presse qui, depuis longtemps occupe les nouveaux espaces de libertés ouverts par la libéralisation, voit ainsi son rôle appuyé par un nouvel outil. Un premier pas, qui en appellera certainement d’autres, pour que s’ancre au Burkina, une culture du sondage politique, véritable baromètre de l’opinion publique et de l’action politique.

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 30 août 2005 à 15:41 En réponse à : > Sondage du CGD : Un nouveau repère pour les acteurs politiques

    Vous faites une analyse partisane sur le CGD. Pourquoi "Si l’on part donc du principe que tout s’est fait selon les règles de l’art". Au lieu d’essayer d’amener le CGD à expliquer sa procédure vous chercher à embobiner les gens !! Faites un tout petit peu preuve d’impartialités !!!

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Groupe des cinq : Savoir raison gardée
La gueule de bois des lendemains électoraux !
Les leçons d’un scrutin
Présidentielle 2005 : Ce qui devait arriver arriva
L’opposition burkinabè : Les causes d’une défaite
Analyse des résultats : On récolte ce qu’on a semé
Présidentielle au Nahouri : Le PAI analyse sa défaite
Election présidentielle : L’AJCBC dit merci à la jeunesse